Cicatrices

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          La voiture s'immobilisa. Je m'étais en partie calmée mais je savais très clairement que Mike n'allait pas tout simplement me ramener dans la cave et me laisser comme ça. Il m'avait prévenue. Une portière claqua et je vis un Mike plus en colère que jamais ouvrir le coffre. Il me sorti de là et me cala à nouveau sur son épaule comme lors de mon transport dans les bois. Je me laissai faire sans broncher ayant peur de l'énerver encore plus.

Arrivé devant la porte d'entrée, il l'ouvrit et me jeta sans ménagement sur le canapé. Il me dit :

-" Tu n'as pas intérêt à bouger."

Il partit en direction de la cuisine, ouverte sur le salon, qui se trouvait un peu plus loin, et revint avec une paire de ciseaux. Je ne comprenais pas où il voulait en venir.
Je me sentais si mal, comme une envie de vomir, un mal de tête puissant causé par les larmes versées en trombes dans la voiture et surtout je me sentais sale, mes vêtements étaient en partie déchirés par la faute des branches qui m'avaient obstrué le passage dans les bois, j'étais remplie de boue à cause de ma chute. Et j'avais surtout froid.

      Mike prit d'une manière agressive mon bras et me redressa. Face à face, il commença à enlever mon sweet. Que faisait-il bon sang ?! Ensuite il prit les ciseaux et commença à couper violemment dans mon t-shirt sale et troué, sûrement n'avait-il pas envie de faire des manières après ce qu'il c'était passé et voulait-il faire ça rapidement. Je craignais qu'il ne me coupe tellement il était rapide et brusque. Il fit de même avec mon legging. J'étais honteuse de me retrouver à moitié nue devant lui. Je ne savais pas ce qu'il allait m'arriver. Depuis que son comportement avait changé à mon égard je ne pouvais plus rien prédire de ses mouvements. Et je me remis à pleurer. J'avais tellement peur de ce qu'il allait me faire, je redoutais le fait qu'il fasse de même avec mes sous-vêtements. Heureusement il s'arrêta là.

-" Je ne touche pas à ça." dit-il froidement, désignant ce qu'il restait sur moi.

J'étais à moitié soulagée, car je savais qu'il n'en avait pas fini avec moi, le pire était à venir...

-" Ne bouge pas " me dit-il.

Il monta les escaliers et revint quelques secondes plus tard avec le même sac en plastique qui contenait des vêtements le jour de mon arrivée. Il me le tendit et je trouvai dedans un top noir ainsi qu'un pantalon de jogging. J'avais enfilé ceux-ci rapidement et malgré que le pantalon fut un peu trop grand, je me sentais mieux dans des habits secs.

Mike se dirigea vers le plan de travail de la cuisine , me laissant debout en plan dans le salon, et revint, une bouteille de whisky et un verre à la main. Décidément, c'était sa boisson préférée. Malheureusement pour moi, il ne l'avait pas seulement prise pour la boire. Quand je le vis sortir son couteau suisse de sa poche, encore taché de mon sang, et poser la bouteille sur la table basse, j'eus un frisson, me doutant de ce qu'il allait se produire. Il prit son verre, le rempli et le vida d'une traite.

-" Met-toi à genoux face à la table ! " me lança-t'il sèchement.

Je m'exécutai, étant trop effrayée par l'ampleur de la situation.
Il s'agenouilla à son tour mais en face de moi.

-" Donne moi ton bras." me demanda-t-il sur le même ton.

Je lui donnai mon bras et il plaqua fortement celui-ci, paume vers le bas, sur la table.

-" Je suis vraiment désolé de ce qu'il va se passer mais visiblement tu n'as pas envie de m'obéir. Je dois te faire comprendre qu'on ne rigole pas avec moi. En plus de cela tu as essayé de me manipuler. "

-" Qu'est-ce que tu veux faire ? "

Il ne me répondit pas et approcha la lame  de mon avant bras. J'avais la chair de poule, les poils de mon bras s'étaient redressés et je tremblais. Il me fit trois entailles, peu profondes mais douloureuses, dans ma chair et le sang se mis à couler. J'avais mal mais ce qui allait suivre me le ferait encore plus.

-" Mike je t'en prie, par pitié ! Arrête cette folie !"  dis-je en sanglotant plus fort. Je ne m'étais pas arrêtée de pleurer depuis que l'on était rentrés.

Il pris alors la bouteille de whisky à côté de lui et versa une partie de son contenu sur mes coupures. La douleur m'électrocuta comme si un éclair venait de me frapper. J'avais tellement mal, c'était insoutenable, comme si on m'enfonçait des clous dans le bras . Le sang et l'alcool s'étaient mélangés pour former une fine flaque d'une couleur étrange sur la table. Je fixais Mike dans les yeux, une haine semblait l'habiter mais aussi une sorte de malaise...Il attendit encore deux minutes, qui me parurent très longues, maintenant mon bras. Il le relâcha et je pu enfin souffler. Je souffrais toujours mais déjà un peu moins que les minutes précédentes.  Il prit ensuite la bouteille de whisky et bu deux longues gorgées au goulot. Il n'était pas bien.
Il se leva et vint me redresser de son bras puissant. Je croyais que j'allais à présent retourner dans la cave mais je me trompais. Il me dirigea vers une petite porte qui se situait à côté du salon. Il l'ouvrit et alluma la lumière par l'interrupteur extérieur. C'étaient les toilettes. Je saisis hélas que je n'allais pas passer le reste de la nuit en bas mais dans les toilettes. Tout en me conduisant vers celles-ci, je n'avais pas remarqué qu'il avait pris le rouleau d'adhésif se trouvant également sur le plan de travail. Il me fit assoir sur le couvercle de la cuvette, me joignit les mains vers l'avant, il en fit plusieurs fois le tour à l'aide de l'adhésif et me dit une dernière chose avant de ma laisser :

-" À présent tu vas réfléchir à ce que tu as fait. Tu n'as plus intérêt à vouloir t'échapper ou je te jure que ce que tu as subi aujourd'hui sera mille fois plus agréable que ce que tu subiras la prochaine fois, c'est compris ? "

Je hochais la tête , n'osant même pas le regarder. Son ton avait pourtant changé, il était devenu moi colérique et plus calme mais avec cette touche de froideur. Il ferma la porte à clé et ... Oh grand malheur ! Il éteignit la lumière , me laissant seule, dans le noir, dans une pièce minuscule blessée et attachée. J'avais gagné le gros lot.

Je sanglotais toujours. N'entendant plus rien, plus aucun bruit venant de la cuisine ou du salon. Plus aucun bruit provenant de Mike. Désespérée je me mis à donner des coups de pieds inutiles dans la porte, pour évacuer ma colère et mon désespoir. Je pensais obtenir une réaction de lui mais aucune ne vint. Mon bras me faisait mal et collait à cause du whisky, j'avais perdu la notion du temps. Plus rien. Que du noir...

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant