Je ne savais combien de minutes ni combien d'heures j'avais passé dans cette pièce étroite. Je ne savais pas non plus quel jour étions-nous. J'avais soif et mon estomac criait famine. Mike n'avait plus donné de signe de vie depuis qu'il m'avait enfermée et je n'entendais plus aucun bruit venant de l'extérieur. Ce n'était pas normal. Mike m'avait toujours assez nourrie, il faisait attention à moi, enfin, jusqu'à il y a peu de temps... L'idée qu'il m'ait abandonnée me traversa l'esprit et me procura un frisson. J'étais remplie de courbatures à force de rester recroquevillée dans le noir, j'avais besoin de bouger et surtout de boire. Je ne pouvais pas dire que ma vision se brouillait puisque je ne voyais rien mais je sentais bien que quelque chose n'allait pas en moi. Même la salive commençait à me manquer. Que faisait Mike bon sang ?! L'adhésif qui retenait mes mains m'irritait la peau, elle était constamment tiraillée et mes poignets me faisaient mal à force de rester joints. Je devais me sortir de là...
Je me mis à tambouriner la porte de mes poings, voulant avertir Mike de son oubli. Je frappai encore et encore pendant plusieurs minutes, la force commençait à me manquer, mes mains me faisaient mal, mes idées n'étaient plus claires. Dans un dernier coup, je tombai inconsciente sur le carrelage froid de la pièce.Un petit bruit se fit entendre, une clé tourna dans une serrure...
Je revenais doucement à moi, j'avais du mal à ouvrir mes yeux et j'étais toujours assoiffée. Je discernai un faible lueur. Était-ce possible que Mike ait rallumé la lumière ? Je me rendis compte que j'étais allongée sur quelque chose de : confortable ?
Je ne comprenais pas, étais-je sur un matelas ? Je le pensais bien. Mais alors où est-ce que je me trouvais ? Je sentis également quelque chose posé sur moi. C'était une couverture... On m'avait donc allongée sur un lit, le lit de qui ? J'ouvris grand les yeux. J'étais dans une chambre spacieuse ayant de murs blancs et un style très épuré. Je ne savais pas vraiment où je me trouvais. Étais-je toujours chez Mike ? Tant de questions traversaient à nouveau mon esprit. La lumière filtrait doucement à travers les rideaux et cela me faisait un bien fou de la revoir à nouveau. Je ne pouvais pas dire que ce petit moment de repos ne m'avait pas fait de bien, je me tournai et remarquai à côté du lit, posé sur la table de chevet, une carafe d'eau ainsi qu'un verre. La soif me tiraillant encore, je me précipitai sur le verre d'eau, je bu d'une traite celui-ci et me dépêchai de m'en resservir un. Je le vidai également d'un coup.- « Ne bois pas trop vite, tu risquerais de t'étouffer. »
J'avalai de travers. Cette voix ! Je n'avais pas remarqué en me réveillant que Mike était assis dans un fauteuil au fond de la pièce dans la peine-ombre. Comment avait-il fait pour ne pas se faire remarquer ? Une sensation de dégoût me parcouru. Il était resté tout ce temps à m'observer ? Quelque chose me choqua, Mike avait perdu tout l'éclat de son visage, il avait plutôt une sale tête. Son visage était imprégné de coups et d'égratignures. Il s'était battu... Cela devait expliquer son absence. Pendant que je continuai de m'étouffer, il se leva et s'approcha du lit.
- « Je t'avais prévenue. » me lança-t'il
Il s'avança et s'assit à mes côtés. Il rit doucement et me tapota le dos, ce qui fut un geste inattendu venant de sa part. Je repris mon souffle.
- « Que t'est-il arrivé ? » lui demandai- je.
-« Oh, ce n'est rien, ne t'en fais pas. » me répondit-il.
-« Tu te fous de moi ?! Tu appelles ça « rien » ? Arrête un peu de me mentir Mike. »
J'avais haussé le ton et je me repris aussitôt, repensant à ce qu'il s'était passé précédemment. Il me semblait bizarre, il changeait constamment d'attitude, il était gentil avec moi la plupart du temps puis devenait agressif en quelques secondes mais dans ses périodes de colère je pouvais ressentir une certaine gêne venant de sa part, comme si il n'avait pas envie de s'énerver contre moi.
-"J'étais allé faire des courses pour toi" commença-t-il. "Je m'étais rendu à la petite échoppe du coin, j'ai acheté tout ce qu'il fallait et quand je suis sorti, en allant à ma voiture, j'ai croisé trois gars d'Allan qui m'attendaient là. J'avais tout de suite compris de quoi il s'agissait. Ils m'ont emmené de force un peu plus loin à l'écart."
Il n'avait pas encore fini son récit que je me doutais déjà la suite.
"Vu mon état tu dois deviner ce qu'il s'est passé. Quand ils se sont assurés que nous étions assez loin de toutes personnes pouvant les déranger, ils m'ont donné ce que l'on peut appeler un "petit rafraichissement". Ils m'ont dit que Allan en avait marre de tes conneries et que je devais me rappeler que j'étais censé être dur avec toi. Il m'a comparé à un incompétent et il me trouve trop attaché à toi."
Je l'interrompis :
-"Et est-ce que c'est ce que tu ressens ?"
Il ne me répondit pas et détourna le regard. Je perçait enfin à jour ses sentiments. Cela expliquait l'épisode de la salle-de-bain et son attitude incompréhensible lorsqu'il m'avait fait ces coupures.
En parlant de celles-ci, je regardai mes bras. Les incisions dessinaient des traits rouges vifs sur ma peau blanche, elles avaient l'air d'avoir déjà commencé leur cicatrisation. Je remarquai également que la trace de l'adhésif avait persisté sur mes poignets. Mike, voyant que je fixais mes cicatrices me demanda :
- "Ça ne te fait pas trop mal ?"
-"J'ai connu mieux mais à vrai dire, je ne sens rien, enfin presque rien..."
Une douleur venait de traverser ma main gauche. Je l'examinai. Son côté était rosé et on pouvait y distinguer une petite tache mauve. Sans prendre garde, Mike la saisit, je voulu la retirer mais il m'en empêcha.
-" Comment t'es-tu fait ça ? " demanda-t-il.
-" Lorsque tu n'étais pas là, j'étais déshydratée, je voulais à tout prix t'avertir et sortir, alors j'ai frappé la porte avec mes mains."
-" Je suis vraiment désolé de ne pas avoir été là, je me sens tellement mal depuis que je t'ai blessée... Pardonne-moi, je ne suis pas horrible comme tu pourrais le penser, n'oublie pas que je dois aider mon père. "
Je ne répondis pas. Cette soudaine ouverture de la part de Mike me semblait tellement irréelle. Quelqu'un d'autre aurait surement dit qu'il aurait pu trouver un solution moins radicale mais moi, je le comprenais à présent, il était vraiment piégé de tous les côtés. Durant cette courte discussion, il n'avait pas lâché une fois ma main. La sienne était douce et chaude tandis que la mienne était gelée. Gênée de ce que j'allais dire, je me mis à regarder mes pieds, comme un enfant que l'on allait gronder.
-" Tu sais, au début je te prenais vraiment pour un enfoiré sans cœur, alors oui, la solution que tu as choisie n'est pas la meilleure de toutes car je n'y gagne rien de positif, mais en fin compte, je comprend que ce n'est pas toi à l'origine de tous ces problèmes. Allan te mène la vie dure et tu ne sais rien faire d'autre que de te plier devant lui. À présent, je suis sure qu'en dehors de cette vie de criminel tu dois vraiment être un chouette gars. Je veux bien te pardonner mais à une seule condition, que tu me jures que tout ce que tu as dis est la vérité. "
Je redressai la tête pour voir sa réaction. Il me regardait intensément, il avait l'air heureux, comme si je venais de tout comprendre. Encore une fois je tombai dans l'abîme de ses yeux. Nous ne nous lâchions plus du regard. Mon pouls s'accéléra. À la place d'une réponse, il se pencha et m'embrassa...
VOUS LISEZ
Stockholm
Mystery / ThrillerEvy est une jeune fille de 17 ans, elle n'a pas vraiment d'histoire jusqu'au 22 avril à 00 : 34 où sa vie bascula lorsqu'elle fut enlevée à quelques mètres de sa maison. Son agresseur ne laisse pas paraître beaucoup d'information sur lui et l'adoles...