Halétante, j'arrivai enfin à l'étage convoité : le toit et son dôme en verre. La classe spéciale était là-dedans, et même avec un sac quasiment à vide, je peinais à me traîner jusqu'aux hauteurs secoués par le vent hivernal. Évidemment, ma mauvaise nuit n'améliorait pas les choses. Je venais de me rappeler qu'un autre facteur pour expliquer pourquoi je n'arrivais pas à dormir était le décalage horaire. Grand-Père me disait toujours qu'il refusait de dormir dans l'avion parce que ça l'empêchait de reprendre des heures normales après. Un vol de plus de douze heures n'était pas l'idéal... Je pensai à la pauvre Shin qui avait dû faire ce trajet deux fois en l'espace d'une semaine, elle devait être complètement épuisée.
Comment avait-elle fait pour arriver aussi vite en France, au fait ? Elle était déjà là pour m'annoncer la mauvaise nouvelle alors que ce ne faisait qu'une heure à peine que Grand-Père avait quitté le monde... Une technique de shinigami sans doute, possiblement une des preuves qu'elle comptait avancer pour me convaincre une fois pour toutes. Je devais avouer que si elle arrivait à m'expliquer comment elle avait fait, il n'y aurait plus besoin de me persuader que ce qu'elle disait était vrai.
Je retournai mon attention vers l'architecture. De l'extérieur, je voyais déjà que cette salle était moitié classe, avec les bureaux d'élèves classiques face à une estrade au centre du dôme, un tableau noir sur roulettes et la "station" du professeur, et moitié serre, avec tout l'espace derrière l'estrade occupée par des palmiers, larges fleurs amazoniennes et des arbres fruitiers au nom inconnu. C'était beau de voir cette harmonisation du moderne carré, blanc, propre et de l'autan sauvage vivace et verdoyant. Dommage que tout soit sur le toit.
Trois personnes se tenaient à l'intérieur : deux hommes et une femme. Je reconnus facilement Shion qui nous tournait le dos et semblait être en conversation profonde avec un grand qui avait dans les vingt ans à l'air sérieux. Il portait des lunettes carrées rouges en contraste avec ses cheveux noirs plaqués en arrière et sa tenue sobre et soignée, semblable à celle d'un salary-man pour sa première journée. Il se tenait droit, raide comme un bâton, ce qui ne faisait que renforcer la différence de taille qu'il y avait entre lui et la petite Shion.
L'autre garçon de tenait un peu à part, avachi, mâchant quelque chose, l'air profondément ennuyé, avec des mains qui pesaient lourds dans les poches de son pull. Sa capuche grise masquait en partie ses cheveux marrons-rougés qui avaient manifestement été teints pour prendre cette couleur. Son uniforme avait été déchiré au niveau du genou par ce qui avait l'air d'être des coups de griffes.
Shin toqua à la porte en verre et entra, déclarant :
- C'est elle, nous pouvons commencer.
L'homme à lunettes s'avança alors sur l'estrade et écrit des kanji que je n'arrivais pas à lire dessus.
- Bonjour à tous, j'aurais aimé pouvoir me présenter dans de meilleures circonstances, mais je suis Sonozaki Ariake. Comme vous le savez, le précédent professeur de cette classe, M. Shizen Fubuki est décédé la semaine dernière. Ainsi, c'est moi qui prends la relève ici. Je sais que vous vous connaissez tous déjà, à part Mademoiselle Rey Leïla, mais nous sommes tous unis par un amour pour M. Shizen. Il a été mon professeur avant d'être le vôtre, et je partage la peine de le voir nous quitter. Je souhaite terminer cette année aussi bien qu'elle a commencé, alors je compte sur vous, et je ferai de mon mieux de mon côté pour que ce soit une réussite. À part Mlle Nikami que j'ai pu rencontrer lors des réunions d'administration, je ne connais personne ici, alors si vous pouviez vous présenter en donnant votre nom, âge et niveau ce serait d'une grande aide.
Je regardai les autres en silence, attendant que quelqu'un d'autre commence. J'attendais toujours mes preuves, et le fait d'avoir un ancien élève de Grand-Père devenu professeur ne faisait que me déconcerter plus. Shin fut la première à se lever, sans doute pour montrer l'exemple :
![](https://img.wattpad.com/cover/27319199-288-k543546.jpg)
VOUS LISEZ
The Best Way to Die
ÜbernatürlichesRéveil, repas, lycée... retour à la maison, repas, dormir. Une vie redondante, répétitive... Banale. Mine de rien, j'aimais cette banalité. Ouvrir la porte de chez-moi tous les soirs pour crier "Je suis rentrée". Grand-Père dans son canapé qui lisai...