Jamais, jamais je ne pourrais lui reparler.
Je n'avais pas le droit de me faire pardonner. Ce que j'avais fait était impardonnable.
Voilà ce que j'avais décidé une fois réveillée, angoissée, à cinq heures du matin. Je n'avais eu qu'une heure de sommeil, il faisait encore noir dehors, et je sentais Yoru me surveiller avec ses yeux émeraudes, inquiète de me voir éveillée et muette en train d'examiner le plafond et raide comme un bâton sur ma couverture.
Qu'est-ce que j'allais faire ? Je devais revoir Shin dans trois heures... Je n'étais pas du tout en état de la revoir... Devrais-je faire comme si rien n'était, histoire de lui éviter à inventer un mensonge pour expliquer mon attitude à d'autres ? Ou carrément l'éviter et me rendre invisible ? Mais quand elle me l'avait fait, c'était horrible, ça pourrait empirer la situation... Je devais la blesser le moins possible, voilà la priorité.
- Leïla... Qu'est-ce qui t'arrive ? miaula Yoru doucement.
Sa voix était morne et à moitié éteinte... Elle aussi je devais la blesser le moins possible. En fait, je devais des excuses à tout le monde, ils n'avaient pas à avoir mal à cause de mon chaos intérieur.
Cependant, la question de Yoru soulignait le problème : qu'est-ce qui m'arrivait ? Je n'avais pas l'audace de lui mentir, pas à elle... Mais est-ce que j'en avais assez pour lui dire la vérité ?
- Yoru... Je ne sais pas... Je ne sais pas ce qui m'arrive... avouai-je.
Ce n'était pas faux en soi...
Elle sauta gracieusement de son lit pour atterrir sur le mien, puis s'assit sur ma poitrine. Je la caressai, pensive. Qu'allais-je lui dire ? Savait-elle à propos du travail de Shin ? Si la réponse était non, ce n'était clairement pas ma place de lui en parler. Je n'eus pas à beaucoup me prendre la tête car elle semblait lire dans mes pensées.
- Tu as vu la vraie Shin, n'est-ce pas ?
Je hochai la tête lentement, et elle soupira.
- Je te comprends, ça fait un choc. Je n'aime pas cet endroit non plus. Je pense que le seul qui l'apprécie est Unori. En temps normal ça me dégoûterait, mais avoir un allié qui marche dans cette rue comme chez-lui me rassure un peu. Il la protège, Leïla. Il a des des sbires là-bas, et on sait que si on fait mal à Shin, on aura Unori sur le dos.
- Alors c'est vrai ? Unori est un chef de gang ?
- Pas d'un gang, mais pas loin, d'après ce que j'ai compris... Il a des contacts, et il a des pouvoirs hors du commun, même pour un shinigami, alors il sait s'imposer quand il s'agit de la loi du plus fort. Shin n'a pas le choix, c'est le seul travail à mi-temps qui peut payer son loyer, et je préfère qu'elle fasse ça en étant en sécurité plutôt que de la regarder mourir de faim...
C'était vrai... J'étais d'accord avec Yoru, je me doutais bien qu'elle ne trouverait pas un autre travail qui lui ferait 10 000 yens de l'heure, et Unori semblait bien s'entendre avec cette Yumiko... C'était dans son intérêt de bien traiter l'amie d'un de ses clients réguliers, et Unori semblait affectionner Shin d'une drôle de manière. Ça avait l'air réciproque aussi, après tout, à part Shion, Shin était la seule personne que je connaissais à l'appeler par son prénom... Peut-être qu'ils étaient plus qu'amis ?
Je caressai Yoru de nouveau, mal à l'aise. En soi, ce qu'elle faisait était loin de l'idéal, mais c'était un moyen à une fin, et j'arrivais à me voir l'accepter, même si l'odeur putride des lanternes à essence et de l'encens trop fort était encore un peu trop frais dans ma mémoire. La nouvelle question de sa relation avec Unori me démangeait bien plus.
VOUS LISEZ
The Best Way to Die
خارق للطبيعةRéveil, repas, lycée... retour à la maison, repas, dormir. Une vie redondante, répétitive... Banale. Mine de rien, j'aimais cette banalité. Ouvrir la porte de chez-moi tous les soirs pour crier "Je suis rentrée". Grand-Père dans son canapé qui lisai...