25 - Punition

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Les bruits autour de moi étaient étouffés. J'entendais seulement le bouillonnement des bulles furieuses qui me parcouraient le visage et les rires des gens à la surface. Ma peau se plissait autour de mes yeux tellement je les fermais avec une intensité douloureuse. L'eau entrait par mes oreilles, par mon nez, par ma bouche et par les nombreuses plaies ouvertes sur mon cou. Je n'avais plus d'air. Je voulus remonter, mais la main qui s'agrippait à mes cheveux me forçait à rester sous l'eau. Je gigotai faiblement, mais les manques d'oxygène à répétition m'avaient volé le peu de forces que j'avais. J'essayai tout de même, griffant la manche de celui qui me torturait, en vain.

Je ne tenais plus. Ça faisait bien plus d'une minute que j'étais en apnée cette fois, mes poumons étaient vides. Ils allaient me tuer, ils allaient vraiment me tuer et se retrouver avec mon corps sans vie sur les bras...

Quelqu'un allait devoir venir me faucher.

Soudain, on me tira fort sur les cheveux à m'arracher la peau les sons devinrent plus clairs. Toussant et recrachant l'eau que j'avais avalé, je repris hâtivement mon souffle. Je n'eus pas le temps de réfléchir ni de chercher à m'échapper parce que mon attaqueur frappa ma tête contre la cuvette des toilettes et je tombai sur le côté. Désorientée et submergée par la douleur, je perdais la vue, des acouphènes me bloquaient l'audition, et je tremblais incontrôlablement sur le sol carrelé et froid des toilettes des filles du bâtiment D.

On se mit à me frapper. Dans ma torpeur, je ne pouvais me défendre contre les coups, et chaque impact était comme un éclair attiré par les blessures ouvertes qui empirait tout le mal à la fois. Un coup de pied au ventre, un éclair. Un coup sous le genou, un éclair. Un coup à la poitrine, un éclair. À chaque frappe mon dos cognait bruyamment contre le mur fin, et je me demandais honnêtement lequel allait céder en premier. J'entendais un des autres vider mon sac, et toutes mes affaires roulèrent sur le sol.

- Pourquoi est-ce qu'elle a deux portables ? demanda une voix pas loin.

Mon portable personnel avait glissé jusqu'à moi, je tendis faiblement une main pour essayer de l'attraper, mais une chaussure d'intérieur me l'écrasa sans pitié avec un nouvel éclair. Ma vue s'obscurcit de rouge, c'était la coulée chaude qui sortait de là où ma tête avait frappé la porcelaine. Pendant ce temps, mon carnet shinigami était entre leurs mains. Elles ne pourraient pas l'ouvrir au moins, n'étant pas shinigami elles-mêmes.

- Elle en a un pour elle, un pour ses clients ! s'esclaffa une autre. Elle ne peut plus le nier maintenant ! Pauvre pute !

De nouveaux coups arrivèrent de partout, et je me recroquevillai dans un effort désespéré de protéger mes organes vitaux. Elles étaient au moins trois, je n'allais pas survivre cette fois. L'une d'entre elles frappa mon diaphragme et me vida totalement les poumons. Je me mis à gémir dans une panique nouvelle : je ne pouvais plus respirer ! J'inspirais de toutes mes forces, mais rien de fit, seulement des couinements aiguës comme un animal blessé.

- Leïla ? appela une voix à l'extérieur de la salle. Leïla, t'es là ? Si oui, il faut que tu sortes, tu vas être en retard en cours, Shin t'attend.

C'était Shion. Les filles se turent, en attendant qu'elle passe. Je voulus appeler, mais je n'avais plus d'air. Je me concentrai fort, elle était ma seule chance pour arrêter là la torture. Je pris le peu de souffle que j'avais et hurlai de toutes mes forces. Ce n'était pas très grand, mais c'était assez pour faire fuir les filles. Elles sortirent en trombe, me laissant au sol, en position fœtale contre la barrière en placo, tête à côté des toilettes. Je peinais toujours à respirer, mais lentement je pus de nouveau inspirer relativement normalement.

Je voyais flou, mais une main chaude se posa sur mon épaule tremblante.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?! s'effara Shion, agenouillée à mes côtés.

The Best Way to DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant