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Le lendemain

Je me réveille doucement, étonnamment je n'ai pas fait de cauchemar cette nuit, quelque chose va peut-être réellement changer qui sait ? Il ne faut pas se faire de faux espoirs. Je prends directement ma douche et vais sur mon ordinateur afin de commencer mes cours de psychologie à distance. Je me lève toujours très tôt et à la place de réfléchir dans le vide je préfère utiliser mon temps pour quelque chose d'utile. Je lis le sujet d'aujourd'hui à rendre avant deux semaines, j'aurais largement le temps surtout qu'il faut juste faire une petite argumentation.

Peut-on trouver le bonheur dans la solitude ?

On dirait que cette question a été faite pour moi.

Tout d'abord qu'est-ce vraiment que la solitude ? Tout être humain est fondamentalement seul et, au-delà de son désir d'échapper à cette vérité, chacun quelque part en lui-même le sait. Cette réalité inaliénable de la condition humaine nous accompagne malgré nous de la naissance à la mort. Seuls pour naître et pour mourir. Bref, nous sommes seuls pour être.

Face à notre condition d'être seul et séparé, la présence des autres peut facilement devenir un refuge mais celui-ci restera toujours provisoire.

Pourtant ce leurre ne peut durer que le temps nécessaire à la conscience pour nous rappeler que nous sommes seuls pour vivre et que nous serons seuls pour plonger dans la mort. Cette fatalité de la mort et de la solitude ne cesse de mordiller. L'angoisse qu'elle soulève est parfois telle que chacun peut être tenté de se laisser encore plus disparaître dans l'autre afin de soulager cette terrible souffrance.

La solitude est fondamentalement l'expérience ressentie d'être avec soi-même.

Maintenant, l'expérience de la solitude conduit donc à mieux ressentir sa subjectivité. C'est pourquoi nous pouvons dire qu'il est difficile de se sentir seul puisqu'en réalité, dans la solitude, c'est avec nous-mêmes que nous sommes. Dans toute solitude, chez celui qui en explore toutes les facettes, il y a le bonheur d'être seul.

Pour celui ou celle qui la cultive, la solitude procure une grande satisfaction, celle d'être avec soi-même, avec tout soi-même totalement et entièrement, sans distraction. En ces moments privilégiés, la solitude, côté éclairé de notre condition d'être séparé, illumine toute la personne. Tout comme la lune a son côté d'ombre et son côté de lumière, ainsi la condition humaine d'être séparé des autres et des choses s'exprime sur une facette par le bonheur de la solitude et sur l'autre, par la misère de l'isolement.

De mon point de vue, être seul est le moyen de ne pas souffrir de la trahison des autres.

Et voilà c'était rapide. Je l'envoie à mon professeur, prépare mon sac et file à la fac pour mes cours de droit. La journée passe relativement rapidement étant donné que je suis assidument mes cours. Je ne sens plus mes doigts à force d'avoir tapé sur mon ordinateur. Dans un de mes cours ils ont proposé un débat « Pensez-vous qu'il y ai des injustices qui méritent d'être punies par vous-mêmes ? » Je n'ai rien dit, mais dans ma tête c'est un grand OUI qui est sorti, le professeur nous a expliqué « Il ne faut pas faire justice soit même, car vous serez au même niveau que la personne à qui vous en voulez. » Mais quand la justice ne rend pas compte de ce qui est arrivé ? Quand la justice libère des tarés par faute de preuve et qui risquent de s'en reprendre à d'autres, ne devrions-nous pas faire justice nous même histoire que la chose arrivée n'arrive pas de nouveau ? Non bien sûr que non, car après tout sera de notre faute voyons. Si ce n'était que de moi je ferais en sorte que ce qui m'est arrivé ne réarrive pas mais j'ai pris la fuite. Le temps que je réfléchisse à ce débat j'arrive près du bar, me gare sur le parking et rentre. Je soupire.

-Salut tout le monde. Je grogne.

-Ouh il y en a une qui a passé une mauvaise journée. Tu veux en parler à Tonton Jace ?

J'éclate de rire, comment voulez-vous faire la tête avec lui ?

-Ah j'ai réussi à la faire rire ! Mon dieu, je crois que c'est bien la première fois !

Je blanchis un peu mais ne dis rien, je fais une petite grimace qui je l'espère ne se voit pas, je n'ai plus ris depuis plus d'un an donc en effet c'est étrange qu'il ait réussi, ça doit être parce que je suis fatiguée et que j'ai passé une sale journée. Oui ça doit être ça. Je sens une main sur mon épaule, je me raidis d'un coup, je déteste les contacts physiques, et me retourne d'un coup, il ne s'agit que de Jace, il prend ma tête et me frotte sa main dessus. Je grogne encore plus.

-Lâche moi !

-Non haha, c'est la première fois que je t'ai entendu rire, il faut bien fêter ça.

Je ne montre rien mais rien que le fait qu'il me touche je suis en train de paniquer, il faut vraiment qu'il me lâche maintenant sinon je ne réponds plus de rien.

-Jace...

-Oui ?

-S'il te plait lâche moi, et je rajoute mine de rien, je suis assez décoiffée comme ça je pense

-Bien sûr !

Il recule de deux pas et me sourit, je reprends ma respiration, mais je vois qu'il a un regard étrange comme s'il comprenait que quelque chose m'était arrivé, comme s'il comprenait qu'il ne fallait pas qu'il me touche. Je me dirige vers les vestiaires, dépose mes affaires, j'essaie de détendre mes épaules contractées avec le contact de Jace et vais au bar. Je fais mes tâches quotidiennes, les gens commencent à arriver. Matt me souhaite bon courage, comme tous les jours.

Il faut croire que la journée sera bel et bien identique, je pense encore au sujet du débat, oui la vengeance contre une injustice est utile, elle est même nécessaire pour sortir d'un cauchemar. Quelqu'un claque devant mes yeux, un client.

-Oui, bonjour, excusez-moi, vous voulez ?

-Un Monaco.

Que de politesse. Je fais le mélange et lui sert en essayant de chasser mes pensées pour me concentrer sur le travail. Je sers de nombreuses personnes.

Je revois passer Matt rapidement ce qui est étrange car il ne sort jamais pendant l'ouverture. Je le vois faire deux ou trois tours, on dirait qu'il est paniqué. Il regarde vers moi, j'hausse un sourcil pour lui demander ce qu'il se passe, il me fait un signe de la main pour me faire comprendre qu'il m'en parlera plus tard.

La musique augmente. Il décroche à son téléphone et va dans son bureau pour téléphoner tranquillement. Le nombre de client réduit vu qu'il reste un quart d'heure avant la fermeture. Matt sort, blanc comme un linge et se dirige vers le DJ qui coupe la musique, il me demande si je peux demander gentiment aux clients restants de partir en inventant une excuse.

Je me dirige vers le milieu de la salle et dis haut et fort

-Bonjour, tout le monde, je suis désolée mais nous allons devoir fermer plus tôt exceptionnellement, j'espère que vous comprenez et ne nous en tiendrez pas rigueur.

Pas besoin d'inventer d'excuse, ils se lèvent tous et s'en vont. Nous nous dirigeons tous vers Matt pour lui demander une explication, il est devant la porte de son bureau qui est fermée à clef, il toque, supplie à la personne d'ouvrir pour qu'ils puissent parler. Les gars sont autour et observent sans rien dire.

-Tu nous explique ? Je lui demande. 

Mon remèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant