Chapitre 9 : "Un combat, un adieu"

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  En arrivant à l'infirmerie, les deux jeunes gens furent choqués par le peu de personne qui s'y trouvait. Pourtant la bataille avait été féroce. Mme Pomfresh les accueillit presque soulagée de voir d'autres élèves blessés arriver plutôt que mort.

- Que leur est-il arrivé ? demanda l'infirmière.

- Ginny a perdu connaissance épuisée et Lou a pris un sectumsempra très puissant à sa place, répondit Drago qui avait repris son air impassible.

- Ginny... en... Gin' est...

- Ne parlez pas Mlle O'Connelle. Vous allez vous fatiguer.

- Enceinte... Gin', réussit à articuler la Gryffondor à demi-morte.

- Mlle Granger, vous avez des bases en médecine magique je crois? demanda-t-elle.

- Oui madame, quelques unes.

- Alors, je vous demanderai de vous occuper de votre amie Ginny. Faites-lui un sort de « revigore ». Aidez-la à se remettre et vérifier que le bébé est en bonne santé avec la potion rouge qui est dans le placard du fond. Si une fois ingurgité, la jeune fille reste normale tout va bien, mais si elle devient rouge alors le bébé n'est plus en vie. Dépêchez-vous.

Hermione se mit immédiatement au travail. D'abord, elle l'allongea sur un lit à côté d'un autre patient autour duquel des rideaux étaient tirés. Non loin de là, Mme Pomfresh mit Drago dehors et lui donna l'ordre d'aller chercher Dumbledore et Rogue immédiatement.

Quelques minutes plus tard, les deux hommes arrivèrent en courant et se penchèrent sur la jeune femme. Hermione vit que Drago ne voulait pas sortir. Elle le prit par un bras et l'attira vers Ginny.

- Tu ne peux pas rester là-bas. Il faut les laisser travailler. Si tu es dans leurs pattes, ils vont faire une bêtise. Aide-moi plutôt à soigner Ginny.

- Ok! Je vais déjà enlever tout ce sang sur moi. Tu sais qui est derrière ce rideau ?

- Non je n'ai pas à regarder. Je trouve quand même bizarre qu'il y ait si peu de monde à l'infirmerie. J'espère que ce n'est pas parce que tous les blessés sont morts.

Drago, baissa les yeux et regarda le directeur et le professeur de Potions s'affairer autour de la jeune fille. Il détourna les yeux et se nettoya. Revenant vers l'aide Médicomage, il voulut jeter un œil sur le blessé se trouvant à côté de Ginny. Quel ne fut pas son étonnement en découvrant Harry allongé, les yeux fermés et droit comme un piquet. On aurait dit qu'il était mort, mort mais paisible. Pour une fois, son visage ne portait pas tout le poids du monde. Il paraissait apaisé, détendu et serein. Drago ne pouvait quitter ce visage des yeux et il sentit une main lui attraper le bras. Hermione venait de voir son ami et par tous les hasards, ne se mit pas à hurler. Apparemment son état ne l'inquiétait pas. Son visage si détendu la réconfortait plus qu'autre chose. Jamais elle ne lui avait vu une expression si paisible. A croire que Voldemort n'existait plus, que le monde ne lui mettait pas toute sa misère sur le dos, que les gens ne le portaient plus sur un piédestal trop haut pour lui tout seul. Elle était heureuse de le voir si serein.

Ginny venait de se réveiller en se tenant le ventre. Elle regarda autour d'elle et fut rassurée de se trouver dans l'infirmerie de l'école. Le premier visage qu'elle vit fut celui d'Hermione qui s'était endormie sur l'épaule de Drago, tous deux assis par terre contre le mur en face des lits de leurs amis. La vision lui parut un peu bizarre et puis elle tourna la tête à droite et aperçut Lou couchée dans un lit, blanche comme un linge, mais souriante.
Elle voulut se lever mais la tête lui tourna. Une fois assise confortablement dans son lit, elle se tourna vers la gauche où un rideau était tiré. Elle prit alors l'initiative de l'ouvrir pour voir qui était derrière. Stupéfaite, elle arrêta son geste lorsqu'elle découvrit le visage de l'homme de sa vie et du père de son enfant. Seulement, elle ne put s'empêcher de sourire en le voyant si calme, si reposé.

Dans un coin de prairie irréel :

Un jeune homme et une jeune femme, assis sur une herbe verte, regardaient un paysage idyllique. Des montagnes verdoyantes sculptaient le paysage. Au sommet, une magnifique neige éternelle. Une petite rivière ruisselait entre deux flancs de colline. Des oiseaux chantaient perchés sur les branches d'un vieux chêne. Quelques biches, lapins ou écureuils se baladaient dans la clairière. Le site semblait sortir tout droit d'un rêve. Les deux enfants, se regardèrent puis se sourirent.

- Je me sens bien ! Pas toi ? demanda la jeune fille.

- Moi aussi mais je me demande si cela va durer. J'ai un mauvais pressentiment. Nous sommes là depuis combien de temps à ton avis? questionna le garçon.

- Si nous sommes là Harry, c'est pour une raison bien précise. Je dois t'aider à te débarrasser d'un parasite. C'est d'ailleurs ce convive indésirable qui nous envoie ses belles images pour se protéger. Il faut que tu le détruises. Sinon, jamais tu ne pourras accomplir ton destin. Après tu repartiras dans notre monde. Et moi je rejoindrai l'autre côté.

- Pourquoi ne pas venir avec moi ? Pourquoi ne pas rentrer ? Toi aussi tu dois accomplir ton destin ! Et jamais Drago ne se remettra de ton décès. Tu es passée pour morte durant tant d'années, tu ne peux pas mourir maintenant.

- J'ai fait ce que j'avais à faire. J'ai sauvé un enfant promis à de grandes choses. Je vois votre destin et vos chemins dorénavant et tes enfants feront de grandes choses. Ainsi que deux enfants que personne n'aurait pensés voir naître un jour. Moi, je devais les sauver, et les réunir. J'ai fait mon bout de chemin sur cette terre et aujourd'hui, je dois retourner auprès de ma famille. Mais avant, concentre-toi sur ce parasite. Sors ta baguette et concentre-toi.

Harry la regarda, lui fit un sourire de remerciement et sortit son arme. Il se concentra sur un morceau de sa tête qu'il n'avait jamais exploré. Le paysage paradisiaque disparut pour laisser place à une chambre d'enfant. Au centre de la pièce un berceau blanc que Harry trouvait familier. Il s'approcha et vit une photo de ses parents tenant un bébé dans les bras, posée sur une table de nuit. Il reconnut alors sa chambre à Godric's Hollow. Soudain, il sentit une présence derrière lui. Harry se retourna brusquement et se trouva face à Voldemort, du moins à une ombre encapuchonnée ressemblant au Lord avant sa renaissance. Le survivant leva sa baguette et la pointa droit sur le monstre.

- Que comptes-tu faire Potter ? Tu ne peux rien contre moi ! Je suis dans ta tête tu ne peux pas me tuer. Moi par contre je peux. ENDOLORIS!

Le jeune garçon ressentit alors une douleur atroce et se mit à hurler. Le sortilège gagnait en puissance et Harry sentait ses forces le quitter. Voldemort finit par baisser sa baguette. L'Elu se releva immédiatement malgré la douleur et lui fit face.

Dans l'infirmerie :

Allongé sur son lit, Harry hurlait à s'en décrocher la mâchoire. Ses amis ne comprenaient pas ce qu'il se passait. Tout le monde essayait de le soulager, mais rien n'y faisait. Aucune potion ne rentrait dans sa bouche. Il s'agitait dans tous les sens, hurlant des paroles incompréhensibles.

Soudain Drago ressentit une drôle de sensation, quelqu'un essayait de s'introduire dans sa tête. Il essayait de lutter mais une voix s'éleva dans son cerveau :

- Ne résiste pas, c'est Lou, il faut que je te parle une dernière fois. Écoute-moi, Harry se bat contre un Horcruxe, il lui faut absolument soit l'épée de Gryffondor, soit un croc de basilic pour le venin, au plus vite. Mettez-lui dans la main ! Vite.

Drago partit en courant, tirant Hermione par le bras, sous les regards étonnés de tous les gens présents dans la salle. Il se dirigea vers le bureau de Dumbledore mais celui-ci n'y était pas. Le serpent expliqua à la lionne la situation. Elle lui prit la main et le conduit dans les toilettes de Mimi Geignarde. Là, elle lui montra le lavabo qui représentait le serpent. Personne ne savait parler le Fourchelang. Heureusement que Lou pouvait avoir accès à tous les savoir grâce à son état. Elle souffla les mots à Drago qui réussit à ouvrir le passage.
Une demi-heure plus tard, ils arrivèrent essoufflés et poussiéreux dans l'infirmerie. Ils poussèrent tout le monde du milieu, bousculèrent même le directeur qui venait d'arriver, et mirent la dent de basilic dans la main du survivant qui semblait en très mauvais état.

Dans la tête de Harry :

Voldemort s'amusait avec sa victime, persuadé qu'il ne pourrait jamais s'en sortir. Doloris sur doloris, Harry supportait tant bien que mal la douleur. Une voix perçait dans sa tête, celle de Ginny. Elle lui suppliait de tenir bon. Le survivant combattait comme il pouvait. Sa résistance physique ne tiendrait plus très longtemps. Puis soudain, il n'en put plus et s'écroula. Il entendit le rire diabolique du Seigneur des Ténèbres s'élever dans la chambre. Au même moment, il sentit quelque chose apparaître dans sa main. Il reconnut tout de suite la dent de basilic. Profitant de l'inattention du Lord, Harry prit sur lui, se leva d'un seul coup et planta la dent dans le cœur de l'Horcruxe. Un cri strident sortit de la bouche de Harry. Puis plus rien. Harry regarda autour de lui, il se trouvait toujours dans sa vieille chambre d'enfant. Seulement une personne l'avait rejoint. Lou le regarda tendrement. Puis l'embrassa sur la joue avant de lui souhaiter une vie merveilleuse. C'est alors qu'elle disparut dans un tourbillon de lumière scintillante. Avant de partir, Lou lui avait remis une enveloppe destinée à Drago son amour de toujours. Comme la dent avait pu passer d'un monde à l'autre, la lettre en ferait autant dans le sens inverse.

Dans l'infirmerie, Harry Potter ouvrit les yeux sous le regard soulagé des personnes présentes autour de lui. Il tourna immédiatement la tête et tomba sur le visage définitivement figé de Lou O'Connelle. Drago qui avait suivi la scène, regarda également la femme de sa vie et ne put retenir une larme. Ne cherchant pas à donner d'explication, le survivant tandis la lettre au Serpentard et lui fit un sourire de soutien. Celui-ci s'enfuit en courant près de l'arbre qui surplombait le lac noir. Il ouvrit enfin la lettre pour lire les derniers mots d'amour de Lou :

« Mon amour,

Si tu lis cette lettre c'est que je ne suis plus de ce monde. Je suis partie rejoindre mes parents pour de bon cette fois. Ne sois pas triste. Je t'ai causé suffisamment de peine comme ça depuis toutes ces années. J'avais simplement besoin de te dire que tu avais été le seul homme dans ma vie. Je t'ai toujours aimé et je t'aimerai toujours. Mais tu es un bel homme, beaucoup de femmes t'apprécient, et je veux que tu fasses ta vie avec celle qui te plaira. Je veux que tu vives car je vivrai à travers toi. Je veux que tu te maries, que tu aies des enfants, que tu aies des petits enfants. Vis ta vie à fond sans te torturer pour savoir ce qu'elle aurait été si j'avais été là.

Je ne veux pas que tu m'oublies, mais je veux que tu aimes à nouveau, que tu sois heureux. Si tu ne l'es pas, alors ma mort n'aura servi à rien.

Prends soin de toi. Embrasse tout le monde pour moi. Occupe-toi bien de Pansy et de Blaise. Surtout n'oublie pas de suivre ton cœur.

Avec tout mon amour,

Ta Lou »

Il était temps pour Poudlard d'enterrer ses morts. Une immense cérémonie fut organisée dans le parc, comme lors de l'enterrement de Ronald Weasley. Des larmes roulaient le long d'un visage crispé par le chagrin. Des larmes qui ne sortaient que très rarement. Des larmes qui avaient un goût amer. Le cœur serré, le jeune homme se leva et reprenant contenance, s'avança près de l'estrade trop pleine de cercueils à son goût. Il fut suivi par bon nombre de personnes. Chacun déposait une rose sur le cœur de son ami, son fils, sa fille, son collègue, sa mère, son père... Les familles, les amis, les professeurs, les membres du ministère et certains commerçants de Pré-au-Lard étaient venus rendre un dernier hommage aux personnes mortes en combattant. Parmi eux, Lou O'Connelle, Parvati Patil, Lavande Brown, Valérie Zambini, Sirius Black... Une atmosphère de douleur et de malheur venait de s'abattre une fois de plus sur le collège.
Dumbledore observait ses petits protégés. Leurs visages ne reflétaient plus grand chose. Comme si la vie ne pouvait plus rien leur apporter que malheur et désespoir. Heureusement une personne gardait une légère flamme dans les yeux. Elle gardait espoir pour son enfant. Cette jeune fille saurait motiver Harry et l'Élu motivera Hermione, qui redonnera confiance à Drago et enfin celui-ci boostera Blaise et Pansy. Tout ne semblait pas perdu mais le temps de la cicatrisation serait très long pour tous.

Après la cérémonie, chaque corps fut enterré. La foule se dispersa. Certains retournèrent chez eux, d'autres quittèrent le château définitivement et enfin, quelques uns restèrent jusqu'à la fin de l'année scolaire simplement pour éviter de se retrouver seuls.

Plusieurs jours passèrent. Hermione passait son temps dans sa chambre, seule ou avec Ginny. Les deux filles se soutenaient sans cesse. Aucune n'avait sombré dans la déprime. Harry s'en sortait plutôt bien. Bizarrement, il passait beaucoup de temps en compagnie de Blaise qui avait trouvé en l'Élu, un ami précieux. Pansy faisait tout ce qu'elle pouvait pour aider tout le monde autour d'elle. La jeune fille avait été très active dans la reconstruction du château. Beaucoup d'élèves trouvèrent réconfort et soutien auprès d'elle. Son moral semblait d'acier, mais il paraissait juste. Avoir perdu son amie pour de bon l'avait beaucoup perturbée, mais son plus gros souci était de voir Drago dépérir de jour en jour. Personne ne pouvait l'approcher, il passait son temps assis devant la tombe de Lou. Quelque soit le temps, il restait devant sans rien dire, sans rien faire, silencieux. Le jeune Serpentard ne voulait même plus s'alimenter. Il maigrissait à vue d'œil. Personne ne savait quoi faire.
Hermione avait tenté une approche, mais Drago était resté de marbre. Dumbledore aussi avait essayé mais sans résultat. La veille du départ pour les grandes vacances, la Gryffondor en eut marre et partit remettre Drago sur les rails.

- Écoute-moi bien Malefoy! J'en ai marre. Tu agis comme un enfant ! Réagis à la fin ! Tu crois que Lou apprécie ce qu'elle voit? Une loque incapable de se nourrir tout seul ! Une espèce de truc sans vie assis devant une morte ! Elle ne reviendra pas Malefoy ! Jamais plus tu ne la reverras ! Elle est morte ! Mor...

Une immense douleur se fit ressentir sur la joue de la rouge et or. Elle croisa alors un regard gris qui lui avait manqué. Drago venait de se réveiller. Il ne lui parlerait plus jamais, mais il sortait enfin de sa torpeur. Les larmes montaient aux yeux de la brune qui essayait de les retenir tant bien que mal. Puis sans prévenir, le Serpentard disparut de sa vision. Il venait de transplaner.

La jeune femme rentra et expliqua son altercation avec le jeune Malefoy au reste de la troupe. Pansy la rassura en lui disant qu'elle avait bien fait. Il devait faire son deuil pour la seconde fois sans espoir de la revoir un jour. Lou avait été la seule femme qui avait réussi à entrer dans son cœur et la remplacer ne serait pas tâche facile.

Blaise et Pansy allaient habiter au Square Grimmaurd avec Mme Malefoy, Mme Parkinson et les Weasley. Hermione retournerait chez elle le temps de mettre ses parents loin d'elle à l'abri et Harry devrait rester chez les Dursley jusqu'à sa majorité sorcière. Les vacances craignaient d'être moroses.  

Et si tout n'avait commencé que par un mensongeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant