Chapitre 5 : "Le bal"

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  Comme Mme Guipure l'avait proposé à Dumbledore, elle réorganisa son magasin dans l'enceinte de Poudlard. Le directeur avait mis une salle de classe gigantesque à sa disposition. Ses deux vendeuses ainsi que les trois ex-femmes de Mangemorts mirent une après-midi entière pour tout installer. Dès l'ouverture, des dizaines d'élèves, surtout des jeunes filles, arpentaient les allées créées pour faciliter les allers-retours incessants. Heureusement que la magie permettait d'accélérer l'ouvrage.
Près du lac, un jeune homme regardait dans le vide, perdu dans ses pensées. Il faisait une sorte de bilan de sa vie. Une enfance plus ou moins heureuse. Tiraillé entre une mère qui tentait de le sauver des griffes du Mangemort qui avait pris le dessus sur le père et entre l'envie d'obéir à ce père qui se servait des doloris pour le faire obéir. Très jeune, le petit garçon avait appris à forger un masque. Il était indispensable pour lui de savoir cacher la moindre de ses émotions. Et pourtant, avec ses trois meilleurs amis, il pouvait agir comme un enfant normal. Oui, les moments passés chez les O'Connelle en compagnie de Blaise, Pansy et Lou seraient définitivement les meilleurs souvenirs d'enfance qu'il aurait. Et puis vint ce jour maudit où il apprit la mort de la fille dont il était éperdument amoureux malgré son jeune âge. Drago se rappela de l'arrivée de son père dans sa chambre, un sourire jubilatoire aux lèvres, qu'il avait eu du mal à dissimuler, mais que l'enfant qu'il était avait occulté. Il se revoit lançant un regard noir à l'homme, qu'il a fini par haïr de toutes ses forces. Puis vint le temps de son entrée à Poudlard, sa rencontre avec Harry Potter, qui refusa de se joindre à lui, ses insupportables Gryffondor, amis des « sang de bourbe » et surtout admirateur d'Albus Dumbledore. Rien que pour cela il devait les détester eux aussi. Cette souffrance qui l'avait poursuivi pendant toutes ces années. Cette rancœur, cette envie de vengeance. Comment faire pour retrouver cette insouciance qui lui manquait tant ? Et puis aujourd'hui, il venait de trahir son père, les Mangemorts et le Seigneur des Ténèbres, sa mère et celles de ses amis aussi, et il a vécu le retour de la femme qu'il aimait tant. Cette femme qu'il avait crue morte depuis près de huit ans. Elle ressuscitait d'entre les morts l'air de rien. Il lui en voulait mais Hermione, et oui celle qu'il avait passé sept ans à insulter et à maltraiter, lui insufflait le courage nécessaire pour oublier, pour l'aimer de nouveau. Drago se sentait envahi par une émotion qu'il pensait disparue à jamais. Il était heureux et surtout, il était amoureux.

Dans son dortoir Lou riait avec Pansy. Elle regardait un album photo confectionné par Mme O'Connelle avant de mourir. C'était Narcissa qui lui avait donné, une fois confiée à sa nouvelle famille. Revoir les photos de leurs exploits d'enfance. Soudain trois petits coups tapèrent à la porte de la chambre. Doucement, Hermione et Ginny entrèrent dans la chambre un peu gênées et ne sachant pas vraiment comment réagir face à une Pansy Parkinson riant aux éclats.

- J'ai toujours su que le courage légendaire des Gryffondor n'était qu'une, ben heu, qu'une légende ! railla Pansy en les voyant si timides.

- Allez ! Elle rigole, venez avec nous ! dit Lou en riant doucement, en voyant le visage de ses amies.

- Après tout vous ne me connaissez que sous mon masque, je vous ai détestées par vengeance, parce que vous étiez du côté de l'Ordre. Finalement, j'ai mon côté Serpentard, mais je ne mords jamais mes anciens ennemis ! Ou pas souvent en tous cas ! dit Pansy de manière à justifier ses six années de haines intenses. C'était également une manière bien à elle de s'excuser.
Les deux filles vinrent s'asseoir près de Pansy et Lou pour regarder avec elles les photos. Les deux amies d'enfances commentaient au fur et à mesure. Hermione et Ginny n'en revenaient pas de voir les visages des Serpentard tellement insouciants, tellement innocents et surtout tellement heureux. Ils semblaient si différents. Le changement de comportement n'était autre qu'une sorte de retour aux sources, se dit Hermione en regardant son ancienne pire ennemie. Ils avaient changé après la mort des O'Connelle et aujourd'hui, ils revenaient dans le chemin qu'ils suivaient étant enfants.

- Bien, assez bavassé mesdames mais j'ai une robe à acheter ! dit Lou un immense sourire aux lèvres. Qui a la sienne ?
Seule Hermione leva une main timide. Effectivement sa mère lui avait envoyé un colis avec la robe de bal que sa grand-mère avait porté le jour où elle avait rencontré son grand père. Ne souhaitant pas faire de peine à sa mère, elle lui promit de la porter le soir de la fête. Seulement, elle savait que toute l'école se moquerait d'elle après l'avoir vue, mais la courageuse Gryffondor ne voulait pas faire de peine à sa mère. Voyant son visage se décomposer, les filles lui demandèrent de la montrer.

- Non, je ne la porterai que lors du bal, déclara Hermione penaude.

- Elle est si moche que ça ? lui demanda Pansy sans tact.

- Elle n'est pas moche, simplement un peu démodée, dirons-nous... balbutia la rouge et or, ne sachant plus comment s'en sortir.

- Allez montre-nous, après tout on est juste entre nous et on verra si on peut la rendre plus moderne, exigea Ginny avec un sourire ferme.

Ne pouvant plus se dérober, Hermione alla dans la salle de bain afin d'enfiler sa robe de bal. Elle revint quelques minutes plus tard. Ne pouvant pas se retenir, Pansy explosa littéralement de rire. Ginny et Lou ne voulurent pas la vexer et essayaient tant bien que mal d'étouffer leurs rires. Hermione débarqua dans une robe très longue cachant entièrement ses pieds. Les manches, bouffantes au niveau des épaules, recouvraient chaque parcelle de peau jusqu'à la jointure des poignets. Enfin le col remontait quasiment jusqu'au menton, serré et dentelé. Le tissu de la robe était en majorité de la soie et de la dentelle. Le problème, en plus du côté extrêmement vieillot, furent les couleurs largement délavées. Cela donnait à Hermione un air de mariée cadavérique, tout droit sorti du cimetière. Les rires moqueurs de Pansy et les regards mi-amusés, mi-gênés de ses amies énervèrent la jeune Gryffondor qui partit s'enfermer dans la salle de bain, enlevant immédiatement ce vêtement.

- Allez, Mione, sort ! On est désolée, dit Ginny entre deux gloussements. Je te promets qu'on ne se moquera plus.

Hermione ouvrit la porte, la mine dépitée, ce qui fit redoubler le rire de la Serpentard. Se renfrognant davantage, la jeune rouge et or lança un regard noir à l'intéressée. Cette dernière essaya de calmer son fou rire afin de pouvoir lui parler.

- Je suis désolée, mais là c'était vraiment... trop... Enfin je dirais, finit-elle retenant le plus possible son rire, que tu ne peux pas dignement te rendre au bal comme ça. Sauf si la belette porte la même tenue de soirée qu'au bal de la coupe de feu, car dans cette hypothèse vous seriez assortis.

Elle finit difficilement sa phrase car son fou rire reprit de plus belle. Imaginant la scène, Ginny ne put se retenir plus longtemps et explosa littéralement de rire aussi. Un premier temps vexée, Hermione vit également la scène et ne put s'empêcher de rire en imaginant le désastre. Seule Lou ne savait pas ce qui motivait un tel éclat de rire, mais il était communicatif et elle finit par les rejoindre.

- Bon, trêve de plaisanterie, je suis sûr que Mme Guipure ou une de nos mères pourrait faire quelque chose pour toi. Après tout, le tissu est très joli, il suffira de changer la couleur, la forme, bref, quelques coups de baguettes devraient faire l'affaire, finit par annoncer Pansy.

Mme Guipure prit en charge les quatre retardataires. Le bal se déroulait le lendemain soir. Toutes les jeunes filles avaient de quoi se vêtir, il ne restait plus que ce petit groupe. Molly et Mme Malefoy prirent en charge la robe de Hermione qui n'était pas encore vraiment à l'aise en présence de la mère du garçon qu'elle avait le plus détesté durant toute sa scolarité, ou presque. Mme Zabini et Mme Parkinson s'occupèrent d'aider Pansy et Lou, tandis que Ginny prenait conseil auprès de Mme Guipure. Une bonne partie de la journée et de la matinée du lendemain servit à fignoler les derniers détails des robes et autres costumes.

Aux alentours de dix-neuf heures, beaucoup de jeunes hommes attendaient patiemment leurs cavalières aux pieds des escaliers. Près de la porte qui menait à l'extérieur du château se trouvait un groupe improbable. Encore peu habitué à être ensemble, ils essayaient de combler le vide. Contre toute attente ce fut Ron Weasley qui finit par prendre la parole.

- Au fait la fouine, je ne t'ai pas remercié d'avoir sauvé Ginny l'autre fois. Heuu... ben merci, déclara le rouquin, pas vraiment à l'aise.

- Pas de problème la belette. Après tout je m'en serais voulu de briser le petit cœur de Saint Potter, fit-il un petit sourire moqueur en coin.

- Je vois que les vieilles habitudes sont tenaces ! fit Harry en regardant franchement son ancien pire ennemi. Sans rancune la fouine ? fit-il en tendant une main amicale.

- Sans rancune le balafré ! finit-il par dire lui serrant la main.

Très vite la discussion tourna autour du quidditch. Ils parlaient très naturellement laissant les rancœurs passées derrière eux. Après tout, ils avaient prouvé que Voldemort n'était par leur maître et qu'ils ne se soumettraient plus jamais à lui.
Dans la salle de bain des Gryffondor, Lou, Hermione, Ginny et Pansy finissaient de se préparer pour rejoindre leurs cavaliers. Elles étaient toutes prêtes sauf Hermione qui ne gérait pas vraiment les sortilèges de beauté. Venant, à son secours Ginny et les autres s'occupèrent de sa tête, et de son maquillage. Avec bien trois quart d'heures de retard, elles finirent par sortir pour rejoindre la Grande Salle. Toujours en train de parler sport et surtout de se battre pour savoir quelle équipe était la meilleure, les quatre garçons ne virent pas arriver en haut des escaliers leurs cavalières. C'est le silence qui les fit réagir. Les quelques couples qui n'étaient pas encore entrés dans la salle fixaient le haut des marches la bouche en cœur. D'abord stupéfaits par la présence de la Serpentard dans un groupe de Gryffondor, puis par la beauté, l'assurance et l'aura que dégageaient ses quatre filles. Blaise, Drago, Harry et Ron finirent par poser leurs yeux sur elles et ne purent contenir des petits sourires fiers d'être les heureux élus.
Toutes alignées les unes à côtés des autres, on ne voyait plus qu'elles. Hermione, toute à gauche, portait une robe bien différente de la première. Sa robe était d'un blanc immaculé. Elle épousait parfaitement ses formes, restant assez fluide. Toujours aussi longue mais une fente du côté droit cassait la sagesse de la coupe pour dévoiler une partie de sa jambe. Les manches avaient totalement disparu ne laissant que le col roulé qui passait de la dentelle à la soie. Ginny avait rallongé les cheveux de son amie qui tombaient en une cascade de boucles soyeuses le long de ses épaules. Son visage était rehaussé d'un léger maquillage.
À sa droite, Pansy avait opté pour une robe dos-nu, vert foncé, arrivant au-dessus de ses genoux. Portant des bijoux en argent, ce qui rappelait parfaitement les couleurs de sa maison. Ses cheveux étaient attachés en chignon porté sur le côté gauche de sa tête. La Serpentard avait réalisé un maquillage charbonneux au niveau des yeux ce qui les faisait ressortir.
À droite de la vert et argent, se trouvait Ginny. La plus jeune des Weasley portait une robe vert bouteille à fines bretelles très sages, arrivant jusqu' aux genoux. Elle avait attaché ses cheveux en une jolie tresse sur le côté droit. Quelques mèches donnaient un effet coiffé-décoiffé qui la rendait irrésistible. Sa peau claire et ses yeux bleus sublimés par un maquillage sobre ajoutait à sa beauté.
Enfin, au bout de la rangée, Lou arborait une magnifique robe rouge flamboyant, très longue avec des volants style danseuse espagnole, asymétrique au niveau des épaules. Des accessoires dorés rappelaient également son appartenance à Gryffondor. La jeune fille avait laissé ses cheveux longs, les ayant simplement bouclés légèrement. Les yeux maquillés de manière naturelle, mais une bouche d'un rouge éclatant la rendait sublime.
Elles portaient toutes un magnifique sourire en voyant l'air idiot qu'avaient leurs cavaliers. Prenant chacune le bras de son chevalier servant, ils entrèrent dans la grande salle sous le regard bienveillant de leur directeur et de leurs parents et amis. Les élèves, partagés face à l'alliance de deux maisons ennemies, ne pouvaient s'empêcher de les regarder entrer. Le petit groupe se dirigea vers une table vide. Le directeur se leva et attendit le silence.

- Chers élèves, j'ai le plaisir d'ouvrir ce bal de bienvenue. Je tiens à féliciter ceux qui ont réussi à rendre cette soirée possible. Je parle bien sûr des professeurs, mais aussi de Mme Guipure, Mme Malefoy, Mme Parkinson et Mme Zabini. Sans elles, mesdemoiselles et messieurs, vous ne seriez pas aussi élégants ce soir. J'aimerais aussi féliciter ceux qui ont été capable de passer outre des années de haine pour combattre contre la noirceur et les ténèbres. J'espère que d'autres élèves sauront en faire autant. Mais trêve de discussion ! Je déclare la soirée, sur le thème musique moldue, ouverte et j'invite les couples de danseurs à venir ouvrir le bal sur ce magnifique Tango Argentin qui nous vient du monde musical moldu, « Jalousie » de Manu Maugain! Bonne soirée à tous !


Peu de couples osèrent prendre place sur la piste. Déjà parce que le Tango n'était pas une danse facile, mais surtout parce que c'était la première danse de la soirée. Drago regarda sa partenaire avec un immense sourire. Le Serpentard était un danseur confirmé, comme le voulait son rang de noble au sang pur. Sans une hésitation, la jeune fille prit sa main et le rejoignit sur la piste de danse. Avec eux, un autre couple de Serpentard et deux de Serdaigle attendaient que la musique démarre. Avant même, le début de la musique, on sentait déjà l'assurance du couple fard de la soirée, la lionne et le serpent. Drago le visage droit et fier tenait la main et la hanche de sa partenaire fermement, ne la quittant pas des yeux. Lou en totale confiance, avait elle-même arboré un visage langoureux et, le cou parfaitement droit, dévorait son homme des yeux. Les premières notes de musique sonnèrent et les couples se mirent à bouger. Drago et Lou dansait avec une sensualité extrême. En parfaite symbiose, ils évincèrent rapidement le reste des couples qui sortirent d'eux même de la piste. Un cercle se forma autour du couple. Ils se séparaient, se tournaient autour puis se retrouvaient dans des figures dignes de professionnels de la danse. Ne se lâchant quasiment jamais des yeux, leurs cœurs battaient à l'unisson. Toute la fierté du Serpentard ressortait, mais la lionne, bien que se laissant parfaitement mener par son cavalier, ne restait pas en retrait et l'un ne pouvait briller sans l'autre. Drago rattrapa sa cavalière qui se rapprocha passa par-dessus celle de son partenaire et approcha son visage si près de celui du jeune homme que tous pensèrent qu'ils allaient s'embrasser. Mais dans un mouvement parfaitement maîtrisé, Drago fit pivoter le buste de Lou qui joua avec ses cheveux avant de remonter vers lui. Ils recommencèrent leur jeu du chat et de la souris puis, sentant les dernières notes arriver, le Serpentard prit le bras de la Gryffondor et la fit tourner jusqu'à lui. Sur la dernière note, Drago prit la main de Lou et dans un geste ferme mais tendre, l'attira vers lui. La jambe tendue et le visage à quelques centimètres du sien, la lionne ne résista pas plus longtemps et l'embrassa doucement. Le jeune homme y répondit. Autour d'eux, d'abord stupéfaits par un tel spectacle, la plupart des élèves applaudirent en criant des bravos et des hourras aux deux jeunes gens qui, pour un soir, avait laissé de côté leurs inhibitions.  

Et si tout n'avait commencé que par un mensongeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant