Et si tout n'avait commencé que par un mensonge

Chapitre 7 : "La justicière"

  Hermione passait de plus en plus de temps seule. Elle avait eu accès aux livres de la réserve en empruntant discrètement la cape d'invisibilité de son meilleur ami. Elle apprenait par cœur tous les sorts qu'elle ne connaissait pas encore, mélangeant magie blanche et magie noire. Puis elle s'en allait dans la Salle sur Demande afin d'apprendre à les maîtriser. Très vite, elle acquit une force incroyable. En étudiant de plus près des livres de médicomages et de médecins moldus, Hermione comprit que son cerveau se mettait à sécréter une quantité hallucinante d'adrénaline ce qui lui permettait de se sentir toute puissante. Consciente que cet état ne durait pas des heures, elle réussit à mettre au point une potion qui lui permettait de maintenir cela plus longtemps. Ainsi, elle se sentait prête à affronter ses ennemis. La Gryffondor mit en place une carte exacte du château avec les heures et passages des préfets afin de ne pas être vue.

***

Depuis quelques jours, Harry Potter n'arrivait pas à dormir tranquillement. Sa cicatrice, habituellement peu douloureuse, le faisait souffrir de plus en plus. Cette nuit du 24 mai, il hurla de toutes ses forces dans sa chambre, se tenant le front. Affolé, Neville qui partageait sa chambre, accourut vers lui ne comprenant pas ce que son ami avait. Puis aussi vite qu'elle avait apparu, la douleur disparut et le visage du survivant se décrispa.
Dans la Grande Salle, Harry expliqua à Ginny, Lou, Pansy, Blaise et Hermione ce qui lui était arrivé. Chacun émettait des hypothèses plus ou moins réalistes lorsque les hiboux entrèrent pour distribuer le courrier. Ceux qui recevaient la Gazette du Sorcier eurent des exclamations de surprise en lisant la Une. Ginny prit le journal des mains de sa meilleure amie qui ne réagissait pas et le lut.

- Selon la Gazette, un sorcier combattrait seul les Mangemorts pendant la nuit. Hier soir, devant le Ministère de la magie, quatre prisonniers désarmés attendaient stupéfixés et solidement collé au sol afin de ne pas pouvoir s'évader, avec un message anonyme. La Gazette pense que c'est toi, Harry, qui agis dans l'ombre pour éviter de te faire tuer, déclara Ginny en regardant son amoureux pour avoir une réponse.

- N'importe quoi, je ne combats pas le crime la nuit, je ne suis pas Batman ! Par contre je comprends mieux pourquoi j'ai ressenti la colère de Voldemort, ce matin.

- C'est qui Batman ? demanda Ginny peu renseignée sur les personnages moldus.

- C'est un justicier masqué qui mène une double vie. C'est une histoire de super-héros moldus, expliqua Hermione bien trop calme après avoir appris une telle nouvelle.

***

Ce fut le troisième matin consécutif que l'Élu hurla de douleur. Les rafles de Mangemorts se passaient chaque nuit. Au petit matin, lorsque Voldemort constatait les dégâts, il ne pouvait plus se contrôler et sa colère traversait le corps de Harry Potter. La Gazette avait donné plus de détails sur le héros masqué. D'ailleurs d'après les dires des Mangemorts, ce justicier n'était autre qu'une justicière. Une femme vêtue d'un costume noir en cuir et d'un masque qui recouvrait presque entièrement sa tête. La Gazette précisait que cette sorcière devait être d'une puissance impressionnante pour combattre seule des adeptes de la magie noire.
Hermione se rendait à la bibliothèque lorsqu'elle entra en collision avec un autre élève.

- Tu n'peux pas faire attention ! dit-elle sans relever la tête.

- Je te ferais remarquer, Granger, que c'est toi qui ne regardes pas où tu mets les pieds, railla Drago un petit sourire en coin.

Elle leva les yeux aux ciels. Drago lui prit le bras pour l'aider à se relever. Lorsque sa main serra son bras, Hermione eut une grimace de douleur. Étonné, le jeune homme ne releva pas et la lâcha rapidement. La Gryffondor le remercia rapidement et partit en se massant le bras. Ces petits combats nocturnes commençaient à laisser des marques. Pour éviter une nouvelle rencontre, elle dévia et monta directement au septième étage rejoindre son QG. Une fois dans la Salle sur Demande, Hermione releva sa manche et découvrit un énorme hématome violacé. Après l'avoir soigné et pansé, elle alla vérifier que tout était prêt pour ce soir.
Lorsqu'elle avait décidé de se venger, la première image qui lui était venue en tête, c'était son héroïne moldue préférée. Elle avait donc fabriqué un costume quasiment identique au sien sans les oreilles de chat. Catwoman représentait pour elle, la femme forte, libre, invincible. Lorsque la lionne mettait ce costume, lorsqu'elle fermait la fermeture de ses bottes de cuir, elle se sentait immortelle, toute puissante et cela déclenchait chez elle une envie de combat.

***

Plus les jours passaient et plus les Mangemorts trépassaient. La justicière comme la Gazette l'avait surnommée, faisait la Une tous les jours. Hermione prenait de plus en plus de risque et s'attaquait à des Mangemorts de plus en plus dangereux. Le dernier en date, Greyback, l'avait salement amochée. Ce jour-là, sa jambe et son visage présentaient de sérieuses blessures. Toujours dans la Salle sur Demande, elle sauta pour la première fois un cours. Pour éviter que ses amis ne la cherchent et surtout ne la trouvent dans cet état, elle avait prévenu Harry qu'elle ne se sentait pas très bien et qu'elle resterait au lit toute la journée. Lou et Ginny tiquèrent car elles ne l'avaient pas vue dans la chambre ce matin-là. Pendant le dîner, Lou discutait avec Drago de ses inquiétudes pour son amie. Le Serpentard, qui, contrairement aux autres, surveillait de près la jeune Gryffondor depuis l'enterrement, sentit que ses soupçons étaient fondés. Prétextant un rendez-vous avec un professeur, Drago embrassa sa petite amie et partit dans le château. Instinctivement, il monta en direction de la Salle sur Demande. Une fois devant, il demanda à la salle de lui permettre de sauver une amie. Lorsque la porte s'ouvrit, le vert et argent se retrouva dans une immense salle d'entraînement. Au milieu, une jeune femme gisait épuisée.

- Hermione ? Il courut jusqu'à elle et s'agenouilla à ses côtés. Mais qu'est-ce que tu as encore fait ?

- Ne me conduis pas à l'infirmerie, je ne veux pas que ça se sache, dit la jeune fille totalement vidée de son énergie.

- Je n'ai pas le choix, tu ne vas sûrement pas rester ici. Je me demande ce que tu ferais si je n'étais pas là pour te surveiller.

Sans plus attendre, il l'emmena immédiatement à l'infirmerie. Au passage, il appela Dobby, son ancien elfe de maison. Il savait que l'elfe l'aiderait car Hermione avait fait de lui un elfe libre et recevant un salaire. Lorsque l'elfe arriva, Drago l'envoya chercher le directeur. Mme Pomfresh les accueillit et fit installer la Gryffondor dans un lit au fond de l'infirmerie.
Drago dut attendre devant la porte. Il vit arriver le directeur et lui expliqua ses soupçons, sa surveillance et enfin le fait qu'il avait trouvé la jeune fille à moitié dans les vapes. Le directeur remercia le jeune homme et le laissa patienter devant la porte. Au bout d'une bonne heure, le jeune homme eut le droit de rentrer dans l'infirmerie.

Hermione semblait aller beaucoup mieux, Mme Pomfresh faisait vraiment des miracles. Elle était assise sur son lit le regard fixé sur la fenêtre d'où le soleil transparaissait. La voyant si fragile, Drago ne put s'empêcher de se rappeler les heures sombres qui avaient suivi la nouvelle de la mort de sa petite amie. À la différence qu'Hermione ne retrouverait jamais celui qu'elle aimait. Doucement il se rapprocha d'elle et posa sa main sur son épaule. Assis côte à côte, personne ne parlait. Ils n'avaient pas besoin de se dire quoi que ce soit, l'amitié qu'ils se portaient dorénavant, suffisait.

- Promets-moi de ne rien dire à personne Drago.

- Je te le promets à la seule condition que tu arrêtes tes idioties, la justicière, dit-il en souriant.

En y réfléchissant, Hermione avait frôlé la mort. La potion qu'elle prenait avait pour gros effet secondaire de la rendre inconsciente du danger réel. Oui, elle aimait se sentir aussi forte, aussi puissante mais il y avait de gros risques. Elle ne pouvait pas se permettre de mourir elle aussi. Harry ne supporterait pas sa mort. Elle n'avait pas le droit de réduire les chances de paix pour une histoire de vengeance. Hermione se jura de ne plus recommencer, d'essayer de se reconstruire différemment. De passer à autre chose. Elle n'était pas la seule à souffrir. Si ses amis pouvaient se relever alors elle aussi. Une fois sur pieds, elle rangea sa tenue de justicière dans un coin et se jura de ne l'utiliser qu'en cas d'extrême urgence.

Les jours passèrent et le mois de juin annonçait l'arrivée des examens et surtout des vacances. La Gazette s'interrogeait sur la disparition de la justicière. Harry n'avait plus de douleur à cause de sa cicatrice et ne pouvait s'empêcher d'être content que la justicière ait arrêté son massacre.

Les « septième année » passaient leur temps à réviser, malgré une atmosphère d'angoisse et de fatalité. Hermione avait pris les commandes pour les révisions et chacun se pliait à ses exigences sans broncher. Ils étaient bien trop heureux de la voir de nouveau vivante. Installés près du lac, sous le grand chêne qui le surplombait, Hermione, Harry, Ginny, Lou, Drago, Blaise et Pansy discutaient des études qu'ils entreprendraient une fois les épreuves finies.

- J'aimerais beaucoup devenir auror afin de continuer la lutte contre Voldemort, dit Blaise qui tenait Pansy dans ses bras.

- Oui moi aussi, enchaîna Harry. En même temps je ne vois pas ce que je pourrais faire d'autre. Et toi Drago ?

- Moi j'ai plusieurs idées, j'aimerais beaucoup me lancer dans la création d'une entreprise ou peut-être dans la politique, ou encore dans la finance. Après tout je suis un Malefoy et j'ai le sens des affaires.

- Et bien moi je serais la meilleure avocate du monde magique et je pense sérieusement que tu en auras besoin M. Malefoy, vu le passé de ta famille et surtout lorsqu'on connait vos méthodes pour obtenir ce que vous voulez, déclara Pansy en riant.

- Soit alors je serais journaliste, d'abord je concurrencerai et ferai fermer ce torchon qu'est la Gazette du Sorcier, ensuite je détruirai la réputation de Rita Skeeter et enfin je relaterai tous les potins de l'entreprise Malefoy ! Attention de ne pas m'énerver si vous ne voulez pas que je me venge en détruisant vos réputations à tous ! ajouta Blaise.
Tous riaient.

- J'ai toujours aimé les enfants, alors, soit devenir médicomage spécialiste en pédiatrie ou professeur, déclara Lou. Et toi Hermione ?

- Et bien j'aimerais être médicomage mais avec la guerre, Voldemort et tout ça, je ne sais pas si je pourrais y arriver.

- Mais c'est évident, tout le monde sait que Miss-je-sais-tout n'est pas capable d'avoir ses examens en temps de guerre ! se moqua Pansy.

- Pansy a raison ! Granger ne réussira pas sa vie, elle finira dans un appartement minable avec 77 chats orange en fureur qu'elle prendra en photo et habillera, finit Drago ce qui fit rire absolument tout le monde.

En haut de la tour d'astronomie, un vieil homme observait ses petits protégés par-dessus ses lunettes en demi-lune. Il voyait enfin son rêve de rapprochement des maisons se réaliser sous ses yeux. Il eut une pensée bienveillante pour son élève mort quelques semaines avant. La guerre allait causer d'autres pertes. Mais il se promit de tout faire pour en éviter un maximum.

***

Depuis sa petite aventure en tant que justicière, Hermione avait pris pour habitude de parler avec Drago lorsque le moral ne suivait pas. Drago lui avait avoué que Lou était au courant de son secret car il ne pouvait rien lui cacher. Comprenant cela, elle ne lui en voulait pas du tout. À sa grande surprise, il s'avéra que son ancien pire ennemi se trouvait être un très bon ami en fin de compte. Elle pouvait toujours compter sur lui. De son côté Drago en profitait pour se confier un peu également. Hermione comprit où s'enracinait ces années de haine et put les lui pardonner sans problème.

De son côté Albus Dumbledore chassait toujours les horcruxes avec l'aide incontestable de son espion et ami Severus Rogue. Il ne restait que trois morceaux d'âmes à détruire, le diadème perdu de Rowena Serdaigle, Naguini le serpent de Voldemort, et celui qui s'était niché dans la tête de Harry Potter. Il n'arrivait pas à se faire à l'idée que Harry devrait mourir lui aussi s'il voulait vraiment détruire le Lord Noir. Cette idée le révulsait. Le directeur ne savait pas comment l'expliquer à l'enfant qu'il aimait comme un fils. Il devait trouver une solution. Il pensait d'ailleurs sérieusement à expliquer à Harry sa recherche.