Le bruit des vagues s'écrasant contre la coque du bateau était apaisant. Il faisait frais mais c'était agréable en plein mois de Juillet. Depuis quand dormais-je ? Je ne me souviens pas m'être endormie. Et c'est là que ça me revient : j'ouvre les yeux brusquement. Je ne suis pas seule, une dizaine de jeunes filles sont sur ce même petit bateau qui tangue dangereusement à la moindre petite vague. Nous ne sommes pas sur la mer mais bien sur un lac. Un trop grand lac que je ne connais pas. C'est en voyant l'homme sur notre navire que je comprends pourquoi nous sommes ici : nous avons été kidnappées. J'étouffe un cri d'effroi, ce n'est pas le moment d'attirer son attention. Toutes les filles me regardent, je dois être la dernière à me remettre du chloroforme ou quelque chose dans ce genre. Certaines ont des lacérations et d'autres sont dénudées.
- Bien, il semblerait que toute la compagnie soit réveillée, l'homme me lance un clin d'oeil et j'y réponds par une mine de dégoût.
C'est un jeune homme, peut-être 25 ans ? Je ne lui donnerai pas plus. Il a un visage pâle et une barbe de deux jours lui donne un air plus fatigué. Il porte sur son dos des cordes et dans sa main droite, il y a un cutter.
- Regardez à votre gauche, mesdemoiselles...
Il y a un autre bateau, plus grand et bien plus équipé que notre pauvre barque. À son bord, il semble y avoir le même nombre d'hommes que de femmes regroupées ici. Ça me donne des frissons. Qu'est-ce que c'est ? Un sorte de kidnapping pour ensuite nous utiliser comme loisir ? La jeune fille à côté de moi sanglote. Je suis son regard et découvre un homme d'une trentaine d'années qui la fixe longuement, un léger sourire à ses lèvres. Plus je me concentre, plus je me rends compte qu'ils sont tous pareils. Ils n'ont qu'une femme dans leur champ de vision. Sommes-nous censées être des proies ? Je lorgne longtemps, cherchant un regard qui pourrait me dévisager. Trouvé. Un homme plus grand que les autres, 1m90 sans doute, me regarde durement. Ses yeux sont gris et perçants. J'ai l'impression qu'il me perce à nue et ça me fait aussitôt sursauter. Je couvre ma poitrine de mes mains et vois à son regard qu'il a compris ma gêne car sa bouche se tord en un sourire sadique. Il semble avoir la vingtaine, il n'a pas de barbe, rien qui puisse me faire penser qu'il a plus que moi.
- Dans quelques minutes, je vous délivrerai de vos liens, vous aurez exactement cinq minutes d'avance par rapport à vos hommes pour fuir. Lorsque le temps sera écoulé, ils courront à votre recherche. Allez mes mignonnes, n'ayez pas peur de vous mouiller ! Il s'esclaffe et approche le cutter de nos liens.
Je me masse les poignets, serre les jambes. Je ne porte qu'une robe, plus particulièrement la robe de mon bal de promo auquel j'étais censée me rendre. Mon seul avantage c'est qu'elle est légère. Je l'avais choisie avec ma mère : à bustier, couleur prune et s'achevant à mi-jambes en un fin tissu. Très agréable à porter par ce temps en Californie. Mais ce n'est plus sujet...
- à mon signal, vous serez libres de partir dans ces eaux pour retourner en terre ferme, bon courage... Dernier conseil : je me méfierais du courant si j'étais vous.
Et là, c'est la panique. Je ne sais pas nager ou plutôt, j'ai une peur bleue des profondeurs et de ce que je vois, l'eau a l'air glacée et profonde... Le navire des garçons approchent le notre et ils en profitent pour nous lancer des vacheries et des regards intimidants. Le chef, William, remonte sur leur navire et laisse le notre à la dérive. Aussitôt, un son tonitruant émerge et la panique débute. Les autres jeunes filles de tout âge se précipitent dans l'eau si bien qu'il ne reste bientôt plus que moi sur la barque. L'homme de tout à l'heure ne m'a pas quitté des yeux et semble déjà célébrer sa victoire avant même d'avoir commencé. Je m'approche du bord, l'eau est sombre et les vagues frappent assez fort. Certaines filles ont bien avancé mais au bout d'un certain temps, elles s'arrêtent.
- UN REQUIN !!!
Quoi ? Un requin dans un lac ? Je me retourne et regarde William. Ne me dîtes pas qu'ils ont expressément ramenés un requin d'eau douce ? Je n'ai pas le temps de finir ma réflexion. Des cris me percent les tympans et je comprends vite qu'une femme s'est fait attrapée. Alors, je fais la chose la plus insensée : je saute à l'opposé. Je regrette aussitôt mon choix car les vagues m'engloutissent. Je bois la tasse et je peine à rester en surface.
- LE TEMPS EST ÉCOULÉ !
Non, non, non, non ! Les hommes ne se font pas attendre, ils se jettent à l'eau et nagent rapidement vers une femme en particulier. Certaines crient, d'autres se font couler puis remonter. Quelle torture... Une vague un peu plus grande que les autres se jette sur moi et c'est fini. Je ne suis plus à la surface. Est-ce que c'est comme ça que je vais finir ? L'eau est glacée et mes membres s'engourdissent. Je repense à ma famille, à ceux que je laisse et qui ne sauront peut-être jamais où je suis... Je me lance dans un mémoire intérieur mais celui-ci est interrompu par une main forte qui saisit la mienne et me remonte à la surface.
L'air pénètre mes poumons, je sens mon corps se réoxygéné, ma respiration est lourde et je crache de l'eau. Mais surtout, je relève mes cheveux foncés pour apercevoir mon malheureux sauveur : c'est le type de tout à l'heure. De plus près, il est plus aisé de le décrire : des yeux gris étincelants, un visage pâle et fin, des cheveux bruns ébouriffés. Il est vraiment très grand. Il m'a tiré de l'eau, il est assit, les jambes de part et d'autre de moi qui suis à quatre pattes, crachant le maximum d'eau qui ait pu entrer. Il me domine par sa taille, sa puissance et sa force. Il ne m'a pas touché, il semble attendre que je sois rétablie et calmée. Derrière, on entend toujours les cris des femmes qui se font attrapées, certaines se font même frappées alors qu'elles peinent à rester à la surface. Nous ne sommes pas seuls sur le bateau, William s'esclaffe à chaque fille capturée. À la dernière attrapée, il relance un signal sonore, signe qu'ils peuvent revenir à bord. Le garçon m'attrape par la taille et me relève. Il me tire un peu en arrière car nous sommes vite serrés sur le bateau.
- Excellente chasse ! s'exclame William en rangeant ses jumelles.
« Excellent chasse » ? Il plaisante ? Une fille en face de moi s'est fait manger la jambe ! Elle saigne tellement ! J'en ai la nausée et jette un coup d'oeil au jeune homme qui m'a sorti de l'eau. Il a le regard impassible, comme si c'était parfaitement normal. Or, comme je le pensais, la jeune fille ne tarde pas à s'évanouir à cause de cette hémorragie et donc d'une forte anémie. Elle convulse quelques instants durant lesquels son « compagnon » rit à pleins poumons. Puis, l'instant d'après, plus rien. Je m'avance vers elle malgré le grognement derrière moi. Il tente de me retenir mais je suis plus rapide sur ce coup. La jeune fille n'a plus de réflexes oculaires, elle ne respire plus. C'est fini...
- Elle est morte, murmurais-je
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Chérie, tu m'appartiens !
Teen Fiction- Je ne t'aimerai jamais ! - C'est ce qu'on verra, ma belle Le Camp, seul lieu où l'homme a tous les droits sur la femme. Entrez dans la peau d'une de ces filles qui découvriront un monde dont elles ignoraient l'existence. Un seul objectif : s'en...