Chapitre 8

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Nous marchons quelques temps, tout le monde n'est pas encore levé mais le camp est déjà bien actif. Certains hommes s'apprêtent déjà à leur rôle d'homme, c'est écœurant à observer dès le matin. « Et toi ? Que crois-tu avoir fait il y a à peine une heure ? » à cette pensée mes joues s'enflamment et je secoue la tête.

- Eh bien alors, on a hâte de visiter les locaux ? Demande Chris, intrigué par mon attitude soudaine

- Non... P...Pas du tout, je grommelle

- Oh attends, tu repenses à ce qu'il s'est passé tout à l'heure ?

Bingo ! Face à mon silence, il s'esclaffe.

- La ferme crétin, j'étais de bonne foi à ce moment-là ! Je m'exclame en lâchant sa main

Oh oh... Mauvaise idée, ça, de lui parler avec haine. Je sens déjà le coup venir, mais, à ma grande surprise, rien ne vient. J'ouvre avec précaution mes yeux, il n'a pas bougé d'un iota.

- Tu as vraiment un sale caractère Ève... C'était super ce matin, pourquoi tu ne gardes pas cet état d'esprit ?

- Parce que... Je... Tu ne peux pas comprendre.

Oh que si il le peut. C'est même très simple, je suis une imbécile. Mon entre-jambe est endolorie des événements passés et pire que tout, je me sens salie. À ce moment-là, je l'ai voulu, certes, mais je me suis sentie forcée de ne pas manquer l'occasion d'avoir une première fois relativement « normale » plutôt qu'un marteau-piqueur à l'avenir. Si mes parties intimes sont encore douloureuses malgré ses gestes doux, je n'imagine pas dans quel état doivent être les autres filles...

- J'ai une question, je commence

- Oh tiens, elle a changé d'humeur ! T'as tes règles ou quoi ? Oh j'oubliais, impossible puisque tu es suivie de prêt dans ton cycle

- Mêle-toi de tes affaires, Chris ! Je voulais seulement savoir pourquoi William n'avait pas de femme, lui aussi ?

Chris met un certain temps avant de trouver sa réponse.

- Eh bien, c'est une bonne question... commence-t-il

Nous marchons le long de petits stands où s'échappent des odeurs de tout type. À chaque commerçant rencontré, Chris reçoit un compliment.

- Chaque homme ici a la liberté de faire ce qu'il veut quant à sa vie sentimentale et sexuelle. Pour résumé, il n'y a pas d'âge pour aller chercher sa promise, c'est pourquoi il arrive que des plus âgés se mettent en chasse en même temps que des plus jeunes. Aussi, nous avons le droit de nous défaire de notre moitié et comme il est impossible de faire des lavages de cerveau, soit elle meurt, soit elle reste sur le camp comme esclave.

- Attends un peu, et ton speech sur « J'ai enfin trouvé ma moitié », c'était des conneries ?

Il me serre le bras.

- Ève, la prochaine fois que tu m'interromps, je te donne la fessée en public.

Chris s'arrête de parler pour bien laisser peser l'ampleur de ses paroles. Une fois qu'il considère mon silence comme preuve de ma soumission, il poursuit.

- Il y a différentes catégories d'hommes ici. Il y a les précoces, ceux qui comme moi trouvent l'amour très tôt et d'une force infinie. Puis, il y a les méfiants, des hommes qui profitent de leur temps pour mener des recherches, peser le pour et le contre et envisager différentes possibilités. Enfin, il y a les assoiffés, le pire type à mes yeux. Ces hommes ne trouvent jamais vraiment leur âme-sœur, ils cherchent surtout une compagne à user jusqu'à plus soif pour ensuite passer à la suivante. C'est pour cela que tu peux voir des anciens encore solitaires. William fait parti des méfiants mais il ne m'a jamais expliqué ses raisons.

- Je vois... J'espère que tu ne deviendras pas un de ces salopards...

Nous arrivons à l'entrée du bâtiment de l'infirmerie. C'est une petite bâtisse aménagée à côté d'un hôpital. William nous attend, un gobelet remplit d'un contenu fumant. J'ai du mal à croire que cette personne sûre d'elle et pleine d'assurance soit autant méfiante. J'imagine qu'il lui faut une femme à la hauteur de sa réputation. Une militaire ? Une femme de président ? Une chirurgienne de renom ?

- Hey chaton, comment ça va ? m'accueille William en tendant son gobelet

- B...Bien, je réponds en échappant le gobelet. C'est brûlant !

- Tant pis, moi qui voulais être attentionné envers la nouvelle, lance-t-il de façon sarcastique

- J'ai une affaire à régler, je te récupère à la fin, chérie, murmure Chris à mon oreille.

Il y a beaucoup trop de testostérone dans si peu de mètres carrés !

Chris plante un baiser sur mon front et s'éclipse. Me voilà seule avec le « méfiant », ce surnom est plutôt amusant tout compte fait.

- Il ne devrait pas y en avoir pour longtemps, la bâtisse est assez petite.

- L'équipe de soin est surtout à l'hôpital ? Je demande

- Disons que nous sommes un nombre réduit... confie William sur le ton de la plaisanterie

- Combien de personnes ?

- Une dizaine !

- ça promet... Et il y a beaucoup de monde en général ?

Je pose ma question prudemment, ça pourrait sonner suspect. Plus je m'informe, plus je marque du terrain et plus mes chances de m'enfuir augmentent.

- On a rarement des cas graves. Sur le camp, j'ai imposé des règles d'hygiènes très stricts. Toutes les femmes reçoivent une contraception ultra efficace et les hommes sont surveillés toutes les deux semaines. J'ai même fait des statistiques et j'en suis très fièr, le pourcentage de MST se rapproche quasiment de 0 %.

- Et en-dehors du sexe ? Vous êtes au courant qu'il y a d'autres pathologies ?

- Tutoie-moi chérie... ça arrive que l'on ait des infections à traiter ou des blessures graves mais nous avons un excellent médecin dans l'équipe. Le pire qu'on ait eu à voir aujourd'hui, c'était la morsure d'une femme faite sur son homme, au niveau de l'intérieur de cuisse.

Nous visitons quelques locaux, l'équipe médicale est formée à moitié d'hommes et de femmes. Je me sens rassurée de ne pas avoir à supporter toute cette testostérone seule.

Chérie, tu m'appartiens !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant