Chapitre 5

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Si on m'avait dit un jour qu'un homme me ferait sienne par la force, je pense que j'aurais songé à m'isoler sur une île. Il n'y a pas de morale ici, seulement du sexe et de la bestialité. C'est complètement incohérent avec leur projet à trouver « la femme de leur vie ». Je me demande si des femmes ont fini par se complaire dans le syndrome de Stockholm ou si elles vivent dans la simulation et la souffrance. Si j'ai bien compris, mon « homme » est plutôt bien gradé dans la hiérarchie puisqu'il est le bras droit de William, ce qui lui permet de m'accueillir dans un décor totalement différent et qui contraste avec la simplicité du camp. J'ai peut-être de la chance à ce niveau-là, oui, qui dit homme gradé veut bien dire homme maniéré, non ?

Je sors mollement du lit, enfilant une converse l'une après l'autre.

Aujourd'hui, et comme le peut-être reste de mes jours, je vais devoir m'accoutumer au style à Chris. Bon, je n'ai pas à me plaindre : des converses, un short ridiculement étroit et un débardeur gris.

- Ah d'ailleurs, j'aimerais que tu me donnes tes boucles d'oreilles, ma puce, demande Chris en passant sa tête mouillée par la porte de la salle de bain.

- Pourquoi ?

- Question de sécurité, on est jamais trop prudents ! Si tu savais le nombre de nanas qui ont trouvé en un simple objet de quoi blesser les autres.

- Elles appartiennent à ma mère, c'est tout ce que j'ai d'elle... je murmure

La veille du bal, à mon tout premier bal d'ailleurs, ma mère a voulu sortir le grand jeu : une robe hors de prix et ses magnifiques bijoux, dont les boucles d'oreilles. Mon coeur se serre à ce souvenir, de toute évidence ce ne sont pas ses bijoux qui lui manqueront le plus...

Pendant que j'étais perdue dans mes pensées, Chris en avait profité pour enrouler une serviette sur sa taille et rompre les quelques centimètres qui nous séparaient.

- Je ne les perdrai pas, je te le jure mais je ne peux pas te les laisser. Si on me voyait faire du favoritisme, les choses pourraient rapidement mal tourner et même William ne pourrait rien changer. On part tous d'un pied d'égalité sur les règles, ici.

Il me tend une main autant mouillée que ses cheveux. Je défais lentement mes derniers souvenirs de ma famille et dans un soupire, je les dépose dans sa main.

- Il ne se passerait rien si on était pas prisonnières de cet endroit, je ronchonne

- On pourra avoir cette discussion autant de fois que tu le souhaites mais le discours sera toujours le même, tu te fatigueras à force, répond-il sèchement

Chris fait demi-tour, j'entends un vague bruit de coffre-fort et il revient cette fois tout sourire.

- Oh mais quelle surprise ! Tu ne me demandes pas si j'ai un piercing ou que sais-je une arme cachée sous ma peau ? Je ricane

- Pas besoin, Eden, je connais chaque parcelle de ton corps et hormis la cicatrice d'une vieille opération sur le ventre, je ne vois rien de dangereux.

Je rougis comme une pivoine. Attendez, ce type est le pire psychopathe qui soit ! Comme s'il lisait dans mes pensées, il ajoute :

- Eh oui, se déhancher dans sa chambre le soir avec la musique à fond, ça attire l'oeil. J'ai peut-être vu mais il me tarde de te croquer...

Durant sa confession, son regard se noircit de désir et tout prend un sens quand je me sens plaquée contre le lit.

Chérie, tu m'appartiens !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant