Chapitre 9

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La visite n'a pas duré très longtemps, le centre de soins est dramatiquement vide. Nous avons finalement échoué dans une salle à l'abri des regards en attendant le retour de Chris.

- Tu vas débuter progressivement puisque tu n'es qu'une étudiante. Je suis le chef du camp mais aussi le responsable de l'équipe des soignants, je serai donc en charge de te former le plus rapidement possible. Pigé ? Me lance William à l'autre bout de la pièce

- Je crois, oui. Tu estimes à combien de temps ma formation ?

- Tout dépend de ta motivation...

- C'est vrai que je suis extrêmement motivée de bosser dans ce camp pourri entouré de psychopathes ! Je l'interromps sans m'en soucier

Erreur. Grossière erreur Eve !

- Oh écoute-moi mon ange, tu as peut-être pris tes aises avec Chris et je peux le comprendre parce qu'il est loin d'être strict comme nous autres mais Chris, ce n'est pas le chef. Si je décide de te sanctionner, tu m'obéiras, accord ou pas de Chris. Il est mon plus fidèle allié, comme un frère mais je n'hésiterai pas à corriger son enquiquineuse protégée. T'as compris ou c'est trop compliqué pour toi ?

Quel culot ! Si je n'avais pas autant de restrictions, je lui dirais bien ma façon de pensée !

- Compris... je lâche finalement entre mes dents

- Je savais que tu ferais le bon choix, un petit ange tel que toi ne veut pas décevoir son génialissime supérieur, hein ? Ajoute-t-il d'un ton hilare

Un silence s'installe durant lequel je maudis mon cher « compagnon » de mettre autant de temps à arriver. Je n'ose plus rien dire, je n'ai pas envie de perdre le contrôle sur mes paroles.

- Hey Ève, tends les mains

J'obéis sans plus réfléchir. « PLOF », un tube de crème apaisante atterrie au creux de mes mains.

- Que... ?

- Tu marchais étrangement, je me suis dis que malgré sa douceur, tu dois avoir un peu mal.

Je n'ai jamais été aussi embarrassée de toute ma vie. Moi qui espérais marcher normalement... C'est vrai que mon entre-jambe est assez endoloris.

- M... Merci... finis-je par dire

La porte s'ouvre sur un Chris torse nu, ruisselant de sueur. Il a couru ? Il me prend doucement par la main non sans jeter un regard insistant sur le tube de crème. Enfin, il lance un dernier regard à William et le salut de la tête. Nous quittons le centre sans dire un mot de plus. Chris semble tendu, je le vois à ses épaules dressées et son souffle toujours saccadé. Son regard est fuyant et j'ai senti comme une légère tension à l'instant entre les deux.

- Je suis l'organisateur de la prochaine chasse alors je risque de m'absenter assez souvent comme ça. Le positif c'est qu'avec ta formation, tu arriveras à survivre sans moi quelques heures, finit-il tout sourire.

Un sourire craquant, certes, mais il y a quelque chose de différent. Ses yeux sont plus sombres et il semble chercher à être rassuré.

- Vous vous alternez avec William ? Je prononce son nom à voix basse et me retourne. La tignasse brune n'a rien entendu.

- De temps à autres.

Il reste assez vague sur le sujet.

- Où allons-nous ? Je demande lorsque je remarque que le chemin emprunté est différent de celui de tout à l'heure

Chris ne répond pas à ma question, il se contente de serrer ma main. Nous arrivons au bord d'une rivière. De l'eau ! De l'eau, non !

- J'ai fait quelque chose de mal ? Dis-je précipitamment, effrayée par ce que j'aperçois

Toujours un silence glacial. Seulement, ma phobie des profondeurs rattrape toute forme de soumission.

- Chris, je ne veux pas m'approcher, je ne peux pas !

Il s'arrête net et se retourne dans ma direction. Son regard est noir de désir et ses épaules se relâchent enfin à la suite d'un petit rire.

- Je voulais vérifier de mes yeux mais te voir aussi innocente et effrayée m'excite grandement Ève. Et tu sais ce que je fais quand je veux assouvir mes besoins ?

Chris s'approche d'un pas menaçant. Mes jambes sont clouées au sol et ma respiration est coupée. Il tire sur mon bras de sorte à ce qu'au moindre mouvement, je bascule dans l'eau.

- NON ! Ne me lâche pas ! Chris, je t'en supplie, ne me lâche pas !

- Continue Ève, continue de me supplier... murmure-t-il

Il est complètement dingue ! S'il me lâche, je vais couler et me noyer !

- Chris, j'ai peur...

Mais plus je le supplie, plus il me pousse vers l'eau comme s'il cherchait à tester mes limites. Quand supplier ne sert plus à rien, je me tais, je sers les dents et me résous à sentir le clapotis de l'eau contre mes jambes. Si je tombe, j'ai peut-être une chance de m'en sortir si j'agrippe le bord.

- On ne dit plus rien maintenant ? C'est dommage, je t'aurais bien baisé à l'instant...

- W...

- Comment ? Interroge-t-il

- Wi... Will...

Quand il commence à comprendre le nom que j'essaie d'articuler, son regard devient fou et ses mains se mettent à trembler. Il n'y a plus aucune résistance, plus rien ne me retient de tomber à l'eau.

- WILLIAM, je crie, je vide mes poumons sur ce nom. Je ne sais pas pourquoi mais c'est le seul nom qui me vienne à l'esprit.

Ensuite, il se passe exactement le même scénario que je m'imaginais. Les profondeurs m'entourent, l'eau remonte au-dessus de ma tête. Je me noie.

.

.

.

Combien de temps s'écoule-t-il ici ? Suis-je déjà morte ? Je ne peux pas le vérifier. Mes poumons se vident de leur oxygène et ma vue se trouble.

Quand soudain... 

Chérie, tu m'appartiens !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant