PDV William
Encore une fois, la nuit sera longue. Je vais encore me torturer l'esprit avec toutes ces histoires. Il y a tellement de choses à régler ce mois-ci : la prochaine chasse, l'accueil de nos futures dames et le transfert d'Eve. « Eve ». Quand son nom s'affiche dans mon esprit, je me sens faible. Je me souviens parfaitement de cette chasse cette fois-là. Cela avait commencé avant même que l'été ne débute. D'habitude, nous arrivons à bien organiser les tours avec les garçons mais cette fois-ci, j'étais responsable de la mission. Je suis conscient, parce que c'est moi-même qui ait instauré cette règle, qu'un homme en charge de la chasse ne doit pas chercher avec les autres une femme. Ce jour-là... Je n'avais pas calculé mon coup et je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit sur mon chemin. Avant chaque mission, je choisis une ville, au hasard. Mais quand j'avais choisi, j'étais complètement bourré. On était tous rassemblé dans la tente et nous buvions en l'honneur de leur future compagne. Chicago. Les choses s'étaient alors déroulées très rapidement. En une semaine, nous avions rassemblé toutes nos affaires et partions pour les Etats-Unis. C'était une chasse spéciale car non seulement j'en étais le responsable mais il s'agissait aussi de celle à laquelle participait mon meilleur pote, Chris. Il n'y avait jamais eu de tentions particulières entre nous, nous avions chacun des objectifs propres et surtout différents. Je voulais me dédier à ma carrière de chef et de médecin, agrandir le camp voire nous faire installer ailleurs tandis que Chris n'aspirait qu'à trouver sa moitié. C'est un grand sentimental sous sa carapace d'enfoiré. Il n'est hautain que si on lui refuse ce qu'il désire. Quant à moi, je suis plutôt froid et sec avec le reste du monde alors trouver une femme n'était pas encore ma priorité.
Cependant, ce jour-là, le destin s'est foutu de ma gueule. Nous venions d'arriver très tôt dans Chicago et avions décidé de nous éparpillé dans tout l'espace. Certains dormiraient à l'hôtel, d'autres chez un particulier ou que sais-je. Mon rôle était simple : annoter le nom de la compagne pour mes frères et déclencher illico presto leur départ ou comme les femmes aiment l'appeler « kidnapping ». Pendant cette période, certains sont revenus bredouilles mais d'autres ont trouvé chaussure à leur pied. La partie que je préférais, c'était lorsque je leur retirais leur bandeau et que je savourais leur regard terrorisé. Sadique ? Tout de suite les grands mots...
Enfin bref, je ne peux plus revenir en arrière de toute façon. Je devais leur fournir de fausses pièces d'identité une fois qu'ils avaient trouvés leur promise afin de pouvoir mieux s'en rapprocher sans entrer en contact avec. À l'aube, je partais me fournir ces documents. Il n'y avait pas un chat dans les rues, en outre il était presque quatre heures du matin. C'était un bon plan pour ne pas me faire chopper. Je suis donc parti, j'ai emprunté un nombre incalculable de chemins. Je croisais occasionnellement des ivrognes. J'étais presque arrivé sur les lieux du rendez-vous quand j'entendis un cri féminin s'élever des fins fonds d'une étroite ruelle. J'aurais ignoré cet appel d'habitude mais je ne puis m'expliquer encore pourquoi j'ai été attiré par cette voix. En quelques secondes, mes pieds s'étaient déplacés d'eux-mêmes sur les lieux de l'agression.
Un jeune homme d'à peu près mon âge s'avançait d'un pas menaçant en direction d'une fille. Cette dernière était complètement terrorisée, ses jambes tremblaient tellement qu'elles étaient prêtes à céder à tout moment. J'ai regardé la scène pendant une bonne minute avant que la jeune fille ne m'aperçoive. Craignant d'être reconnu, je remontais la capuche de mon sweat pour masquer un maximum mon visage et baissais la tête. S'il y avait bien une chose que je devais garder absolument secrète, c'était bien mon identité.
- Aidez-moi ! Gémit-elle
Son appel piqua la curiosité de son agresseur qui se retourna. Quand je pense à ce que je viens de dire, ça me fait ricaner. Au final, j'étais moi aussi son agresseur. Le type avait une joue complètement rouge, sans doute due à une bonne claque. Quant à la fille, tout ce que je pouvais apercevoir, c'était ses longs cheveux bruns et ses yeux perlant de larmes salées. Sur le coup, dans cette position de faiblesse, on aurait dit une déesse. Elle portait une petite combishort turquoise. Ses lèvres étaient pincées dans une moue irrésistible.
- Alors mon pote, commençais-je, on est une petite tapette qui s'en prend physiquement aux nanas en pleine nuit ? On a pas les couilles de s'affronter à une force égale ?
Je rigolais à gorge déployée. Je faisais bien vingt centimètres de plus que lui et je n'avais rien à me reprocher sur ma ténacité au combat.
-T'es qui, connard ?
J'ignorais sa question.
- Je crois que ce serait dans ton intérêt de te barrer la queue entre les jambes, tel le petit bâtard que tu es.
Je savourais la haine qui déferlait dans son regard. Il avait envie de me buter, c'était clair comme de l'eau de roche.
- Dégage de là trou du cul, c'est ma copine !
Au camp, il n'est pas rare qu'un de mes compagnons se montrent violent avec sa femme et ne vienne à la frapper. Pourtant, en-dehors des règles de mon camp, ça m'insupporte. D'habitude, tout le monde se soumet à mes ordres, personne ne rechigne.
Sans attendre la suite de sa phrase, je lui colle une magnifique droite qui fait partir sa tête à plus de 45°. J'enchaîne avec un coup de pieds sur son bas ventre et le pousse par terre avant de le ruer de coups. Je passais honnêtement mes nerfs sur lui sans remarquer que la fille avait profité de la bagarre pour prendre la fuite.
Je ne connaissais même pas son nom.
J'avais abandonné son mec peu à près, il était mal en point. Espérant pouvoir la rattraper, je me suis mis à courir de toutes mes forces mais rien. Elle s'était comme envolée. Une drôle de sensation me tiraillait le cœur. Je revins vers les garçons avec les papiers mais avec une sensation de manque au creux de mes entrailles.
Ce n'est que quelques jours après que l'impensable survint. Chris m'appela sur mon téléphone, m'indiquant le lieu où il se situait et me suppliant de le rejoindre immédiatement.
En arrivant sur les lieux, je reconnus immédiatement le Muséum Field, j'y étais passé plusieurs fois.
- T'as un penchant pour les intellos ? Le brimais-je
Il se contenta de froncer les sourcils.
- Regarde ! Elle est là ! Siffla-t-il
Nous étions cachés derrière les arbres, à l'abri des regards indiscrets. Chris me donna ses jumelles.
C'était LA fille de la ruelle.
- Que... ?!
- Elle est canon, hein ? Ricane-t-il ça fait plusieurs jours que je la suis partout. Elle s'appelle Evelyn Magnuson mais tout le monde l'appelle Eve. C'est une étudiante infirmière en conflit avec sa mère. Son père est décédé il y a peu.
- Tu t'es bien informé, dis-moi...
J'étais stupéfait. Comment le destin pouvait me faire un coup aussi tordu ? J'admets que je m'étais fait à l'idée de ne jamais la revoir car Chicago est une ville immense et qu'il y avait très peu de chances de la rencontrer, surtout après cet incident. Mais la voir ici et surtout à cause de Chris, je suis sur le cul. J'aurais du être heureux pour lui mais je n'y arrivais curieusement pas.
- Quand est-ce qu'on s'en charge ? Se hâta Chris
Jamais je ne l'avais vu aussi enjoué par quelque chose.
- Euh... Je... Quoi ?
- Hey Will, tu te sens bien mec ? Elle est tellement fantastique que tu en perds ton vocabulaire ? Se moque-t-il
Je reprenais les jumelles pour être sûr de ne pas la confondre avec quelqu'un d'autre. C'était bien les mêmes cheveux bruns ondulés, les mêmes yeux de biches et ce même visage angélique qui pourrait faire pâlir les anges. Aujourd'hui, elle portait une simple robe jaune à motifs fleuris qui lui saillait parfaitement la taille. D'un autre angle, on pouvait apprécier toutes ses courbes : une petite poitrine et des hanches sublimes. Tout cela me mettais l'eau à la bouche.
- Je propose dans quatre jours, me coupa Chris dans le fil de mes pensées.
Pendant une fraction de secondes, il ne m'était plus apparu comme mon meilleur ami mais comme mon concurrent. Cette fille venait de semer les ennuis sans le savoir. Le reste, on le sait déjà. Le kidnapping s'est très bien déroulé et son cauchemar a débuté sur ce bateau. Tout comme le mien.
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Chérie, tu m'appartiens !
Roman pour Adolescents- Je ne t'aimerai jamais ! - C'est ce qu'on verra, ma belle Le Camp, seul lieu où l'homme a tous les droits sur la femme. Entrez dans la peau d'une de ces filles qui découvriront un monde dont elles ignoraient l'existence. Un seul objectif : s'en...