Chapitre 10

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PDV Chris

Cela faisait plusieurs mois déjà que je l'observais, tapis dans l'ombre, à scruter le moindre de ses gestes. Je crois bien ne l'avoir jamais quitté des yeux une seule fois, du moins tant que ses volets ne me bloquaient pas l'accès. Ça a commencé par hasard, le groupe s'était séparé pour faire du repérage avant de s'installer à Chicago. Ça me fait encore sourire la manière dont nous avons choisi la destination : la personne la plus saoule ce soir-là fermait les yeux et pointait son doigt au hasard sur la carte des Etats-Unis : Chicago. Je l'ai rencontrée au Muséum Field, pas loin du lac Michigan. Je traînais par hasard, fumant une clope et pestant contre le temps. Elle était là, sur le sommet des marches, et ça a été un véritable électrochoc. Ce moment restera gravé dans ma tête : mon coeur battant à tout rompre et la respiration saccadée. On aurait dit une princesse, non, une reine, non plutôt l'ambassadrice du monde, de mon monde. Putain, elle était tellement irrésistible dans sa robe noire à bretelles, ce petit décolleté un rien provoquant cachant mille et une merveilles et ce tissu dévoilant des jambes sublimes. Son regard était vif, à l'affût de la moindre chose et ses lèvres qu'elle mordillait me donnaient envie de perdre tout contrôle. Je me rappelle de sa longue chevelure brune qui balayait son visage à cause du vent, j'aurais maudit le ciel de gâcher un si beau moment. À cet instant, je n'ai plus réfléchi, je n'avais même plus besoin de partir : je l'avais trouvé, ma femme.

Je l'ai regardé partir de la place et je l'ai suivi le plus discrètement possible jusqu'à chez elle. Elle a marché quelques temps puis s'est arrêtée au Target du coin s'acheter une glace à la pistache. Puis, elle a poursuivit sur la Rue St Clark, j'ai attendu qu'elle rentre chez elle puis me suis approché discrètement de sa boîte aux lettres « Magnuson ». Mademoiselle Magnuson, hum ? Ravi de vous rencontrer, vous ne le savez pas encore mais je suis votre amant.

Après cet épisode, je ne suis pas sorti pendant une semaine de la maison que l'on partage tous. J'ai ouvert mon ordinateur et accumulé le plus d'informations possible. Sa mère se nomme Isabelle Scott, elle s'est mariée assez jeune à un certain Bart Magnuson, décédé d'un cancer de la thyroïde, incurable. Sa fille, la très chère Eve Magnuson est en première année dans une école d'infirmière, elle a 18ans. Comment je sais tout ça ? Internet cache bien plus qu'il ne laisse entrevoir...

Après cette semaine de recherches, j'ai décidé de me rendre à son école « Nirvana Institute ». Evidemment, il fallait absolument que j'échappe à sa vision aiguisée alors... Je me suis teins les cheveux, je suis devenu un gentil petit blondinet à l'allure extrêmement débraillé. J'imagine qu'il faut savoir se sacrifier par amour ? J'ai passé les moins qui ont suivi camouflé dans la foule, restant toujours à proximité et j'ai pu me faire une idée de qui elle était. Elle n'avait pas d'amis, du moins pas ici et j'ai appris plus tard qu'elle n'en avait pas du tout. Eve est le genre de personnes que je n'aurais pas supporté d'habitude : les miss je sais tout. Toujours au moins 15 minutes en avance à ses auditoires, le bloc note propre et bien organisé et l'attention fixée du début à la fin du cours sur le prof. Ça aurait pu être ennuyeux voire me faire carrément déterrer de là mais ça a été l'effet inverse. Elle m'intriguait, vraiment... Tous les matins, elle débarquait dans la salle et rejoignait sa place sans rien dire. Je ne pouvais m'empêcher de remarquer certains détails : la façon dont ses hanches veloutées se mouvaient dans ce bandant slim et comment sa poitrine rebondie était mise en valeur. Je pouvais passer des heures à la suite à observer la façon dont ses lèvres bougeaient au fil des idées qui se bousculaient dans sa tête. Eh bon Dieu, ce fichu pouce qu'elle mordillait sous le stress et comment ses lèvres pulpeuses l'entouraient.

J'admets avoir bandé plusieurs et avoir eu les pires scénarios dans la tête. J'aurais pu la choper à l'inter-cours, l'emmener de force dans un coin plus tranquille et la baiser sur place... Mais non putain, je pouvais pas faire ça. C'est pas une putain de chose que je vais jeter après, c'est ma femme, la mienne. Tout ce qu'elle est m'est destiné. Sa bouche ne doit rencontrer que la mienne, ses yeux ne doivent dévorer que les miens et son corps ne doit s'abandonner qu'au mien. Plus les jours passaient, plus je suis devenu fou d'elle au point de casser la gueule au moindre mec trop proche d'elle. C'est en partie à cause de moi qu'elle s'est retrouvée seule mais il faut voir le bon côté des choses, elle n'a besoin que de moi et elle le verra très vite. Je lui ferai tout oublier.

Les mois ont donc défilé, moi me tordant de désir pour elle et elle, ignorant tout de mon existence. J'ai absolument noté tout ce que je pouvais sur elle dans un coin de ma tête. Tandis que mes autres compagnons se plaignaient de ne rien trouver, que la ville était trop grande, que s'ils portaient leur attention sur l'une, la bonne pourrait peut-être être autre part, eh bien je planifiais déjà mon retour, enfin le notre.

Je n'avais aucun remords pour sa mère qui finançait tant bien que mal son école. Cependant, je lui suis reconnaissant d'avoir protégé mon petit trésor. À mon grand soulagement, il n'y avait aucun homme sur mon chemin, du moins sans compter ceux dont j'avais cassé la gueule auparant. Chaque jour, je devenais de plus en plus dingue et ça n'a pas échappé à William.

Pendant une semaine, j'ai du rester à la « base » et je devenais complètement fou, je voyais déjà tout ces hommes lui dérober son coeur, me voler ce qui étais à moi.

Elle ne le sait pas mais le jour où je l'ai vu au musée, elle a signé ce pacte invisible de loyauté et fidélité. Le jour où son corps est entré dans mon champ de vision, elle a lié son avenir au mien.

Eve, tu seras mienne, à tout jamais. 

Chérie, tu m'appartiens !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant