Chapitre 19

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Chris Schistad. Pourquoi toi ? Toi, l'homme solitaire d'un camp totalement isolé a réussi à mettre la main sur une petite américaine comme moi ? Comment le sort a pu nous amener ici ? Aucune réponse à toutes ces tortueuses questions, seulement de longs silences.

« Je suis désolé »

Ces mots résonnent à mon oreille comme un choc électrique. C'est à la fois vivifiant et décontenançant. Je voudrais savoir de quoi il parlait en disant ces mots. Parlait-il de l'incident de tout à l'heure ou bien de tout ce qui m'est arrivé jusqu'ici ? J'ignore si Chris peut être aussi bon pour ressentir des regrets après tout cela mais je suis certaine, au fond, qu'il y pense et que c'est pour cette raison qu'il se retient.

Parmi tous les hommes regroupés autour, je ne vois que lui. Sa posture impose tout comme sa carrure mais il est rusé et terriblement intelligent... Son meilleur ami est comme lui, une menace contre ma liberté.

Chris discute avec deux hommes dont j'ignore les noms mais que j'avais déjà vu à la cafétéria. L'un d'eux me scrute avec beaucoup trop d'intérêt, ça me fait peur. Je déglutis et me rapproche de l'amas de filles à côté. Elles sont drôlement silencieuses pour la plupart. Je m'attendais à un bain de larmes où chacune supplierait la formation d'une émeute qui de toute évidence serait un échec... Certaines devaient avoir ce même statut privilégié que moi car elles ne portaient pas la moindre marque de coups et ne semblaient pas plus inquiètes par tout cela. Leurs vêtements, plutôt soignés, contrastaient grossièrement avec les friperies qu'une grande majorité revêtait. Je me sentis tout à coup honteuse. Moi aussi, j'étais privilégiée. À quel prix pour l'instant ?

Alex se tenait près de moi, elle aussi scrutait la masse d'hommes devant. Elle n'avait pas peur, en tout cas c'est que ses sourcils froncés semblaient vouloir insinuer à cette troupe d'intimidateurs.

- Bien, je vais pouvoir expliquer les règles aux petites nouvelles, s'exclame William en se positionnant entre les deux groupes.

Il se tourne vers nous et de son ton le plus sévère, poursuit.

- Mesdames ou mesdemoiselles, peu importe, je vous rappelle que ceci est un jeu et comme tout jeu l'impose, il y a des règles. Il vous est formellement interdit, et ce n'importe quand, d'essayer de vous échapper pendant que votre homme a un moment d'inattention. Évidemment, ce type de désobéissance sera sévèrement puni et votre homme se verra autorisé à vous infliger la punition aussi sévère qu'il jugera nécessaire. Cela peut donc impliquer... la mort.

Sur ces mots, toutes les filles se turent. Plus une seule ne tenta un seul mouvement. Je pouvais même entendre les cœurs affolés de certaines. La mort ? C'est complètement ridicule. Sans le vouloir, je fronçais les sourcils.

- Je vois à vos têtes que cela en effraie plus d'une. Mais voyez cela comme la plus banale des choses, pourquoi devriez-vous nous quitter si vite ? Abrège-t-il sur un sourire.

Connard. Quel con ! Je rugis intérieurement les pires insultes qui me passent par la tête, l'envie est très tentante de me jeter sur lui pour lui en coller une. Évidemment, ce serait bien stupide de ma part de me lancer là-dedans, surtout devant tout le monde. William a été « clément » une fois, qui me dit qu'il le sera à nouveau ? Il semble prendre un malin plaisir à semer le trouble dans mon esprit.

J'essaie de faire passer ma colère en jetant mon regard sur quelqu'un d'autre : Tom.

Ce dernier est silencieusement assit sur un tas de vieux pneus. Il semble attendre comme un soldat les ordres de son chef ou un chien attendant que son maître abdique, qu'importe...

Chérie, tu m'appartiens !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant