22.

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ETHAN GREEN

Mon cœur battait à tout rompre dans ma cage thoracique. Tout était fou autour de moi. Il y avait encore quelques heures, j'étais au stade avec mon fils et mon meilleur pote, de super humeur car tout roulait, et là : tout s'était cassé la gueule. Elizabeth, la femme de ma vie, était à l'hôpital car je n'avais pas su la protéger et en plus, elle était enceinte, elle portait mon enfant. 

Cette nouvelle était tombée comme une bombe et je ne savais pas trop comment la prendre. J'étais persuadé, au fond de moi, qu'Ellie était la femme de ma vie. Et bien sûr, j'avais envie d'avoir d'autres enfants. Mais pas maintenant ! Je venais de la retrouver et tout ce que je voulais c'était de profiter d'elle et de la chérir pendant plusieurs années encore, avant de devoir replonger dans les couches et le vomi. C'était peut-être égoïste de penser comme ça, mais c'était vrai. Encore une fois, je n'avais pas eu l'intelligence de mettre une capote. Mais dans un autre sens, je préférais mille fois que ce soit elle qui porte mes prochains enfants, plutôt qu'une autre nana.

Fébrile, je marchais en direction de la chambre que m'avait indiqué la  médecin qui était venue nous voir dans la salle d'attente. Kara marchait à côté de moi et ne faisait que de parler. Elle parlait trop alors que tout se bousculait dans ma tête. Je tentais toujours de refouler mes envies de meurtre, je pensais au bébé, je pensais à Ellie, tout allait dans tous les sens. Je me contentais de répondre des "hum" ainsi que des "ok" alors que je ne savais même pas de quoi elle me parlait, je n'écoutais pas Kara.

- Je vais te laisser entrer seul. Dis lui qu'on est tous là pour elle.

Je ne m'étais même pas rendue compte que l'on s'était arrêtés et qu'on était devant la porte de la chambre vingt-six. Je tournais la tête vers mon amie. Ses yeux étaient grand ouvert et elle aussi était effrayée. Evidemment, depuis que la doc nous avait dit qu'Elizabeth allait mieux, on s'était calmé. Mais pas totalement. Il fallait que je la vois.

Je hochais la tête et elle me fit un sourire pincé avant de faire demi-tour et de retourner très certainement dans la salle d'attente. Je ne frappais pas, ouvrant directement la porte. J'avais besoin de la voir, j'avais besoin qu'elle me dise qu'elle allait bien, qu'elle ne m'en voulait pas de l'avoir laissé tomber. J'avais besoin de lui parler.

Après être entré, je refermais, le plus discrètement possible, la porte derrière moi. La chambre était plongée dans un silence quasi total, une petite lampe près de son lit diffusait le peu de lumière qui se trouvait dans la pièce et lorsque mon regard se posait sur la femme allongée sur le lit, les larmes me montèrent instantanément aux yeux. Bordel. Je fis un pas vers elle quand une larme qui roula, me surprit.

Elizabeth était allongée, les bras le long du corps. Ses cheveux étaient éparpillés tout autour de sa tête et elle avait les yeux clos. Elle ressemblait à un ange, un ange écorché. Son visage était pleins de blessures et ma culpabilité s'agrandie. Elle avait des marques partout, un bleu tout autour de l'œil, un autre au niveau de sa bouche et sa lèvre supérieur avait une plaie ouverte. Je n'osais imaginer l'état de son corps. Je serrais les poings, continuant d'approcher. Son visage était serein, elle avait l'air d'être tranquille dans son sommeil et ça me rassura légèrement. Elizabeth avait l'habitude de mal dormir à cause de ce que ce type lui avait fait.

Je tirais la chaise qui se trouvait au plus près de son lit et m'installais, sans détourner le regard de son visage. Sans m'empêcher d'arrêter de la regarder. Malgré tout, elle était sublime. J'entendis un sanglot s'échapper et je compris que c'était le mien. Je lui avais promis que je la protégerais, qu'elle pourrait toujours compter sur moi et qu'il ne lui arriverait plus rien. J'avais échoué. Elle avait dû être terrifiée et moi je profitais d'un match de football à plus d'une heure d'ici. Son visage devint flou, les larmes emplissant de plus en plus mes yeux et je pris le mien entre mes mains. Je sentis mes paumes s'humidifier alors que la femme que j'aimais était là, meurtrie, par ma faute. 

Protected LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant