Chapitre 9: Absence (Partie 1) (CORRIGÉ)

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Un sentiment de nostalgie s'empare soudainement de mon esprit, regrettant quelques bribes de mon passé. Si j'étais encore chez ma tante, j'aurais pu déambuler dans les allées, contemplant les vitrines des magasins toutes plus attirantes et désirables les unes que les autres. J'aurais également pu déguster un bon chocolat chaud avec des madeleines, blottis au fond du lit, en regardant diverses films ou séries, comme Charmed, que j'affectionnais particulièrement.

J'aurais aussi pu envoyer des messages aux quelques amis que je connais via mon téléphone. Téléphone qui se trouve dans mon sac... Pensé-je immédiatement. Et comme annoncé, je compte bien le récupérer ainsi que le reste de mes affaires, pas plus tard qu'aujourd'hui. Se pourrait-il qu'il l'ait fouillé ? À quoi pourrait-il lui servir de le garder ? Il n'y a rien d'intéressant au dedans.

Il connait mon nom du fait qu'il l'ait prononcé la toute première fois et qu'il l'ait vu au dos de ma photo, il a donc forcément examiné mon sac au peigne fin. Il a surement dû même feuilleter mon carnet, sans scrupule, quel enfoiré. Quelle naïve suis-je.

En revanche, est-ce nécessairement une mauvaise chose qu'il m'ait "trouvée", comme il sait si bien le dire ? Car j'étais presque à court de nourritures, je n'allais pas tarder à en manquer et par conséquent il aurait fallu que j'aille en acheter, en voler sans me faire repérer ou peut-être que je serais déjà morte. Ou dernière option, j'aurais pu être enlevée par un autre type taré et ça aurait pu déjà très mal tourner. Puis-je presque dire que j'ai eu de la chance - pour l'instant - ? C'est ça avoir de la chance ? Se faire enlever en vivant dans la crainte et la peur chaque minute qui passe ? Profère ma petite voix, Constance. Non ce n'est pas de la chance, la chance ça aurait été que je sois à l'autre bout du pays, recommençant ma vie à zéro. La chance ça aurait été que mes parents soient encore en vie et qu'on soit tous les trois réunis comme au début. La chance ça aurait été que je ne sois pas née ? Si ma mère m'entendait dire ça, elle m'aurait déjà giflé puis elle m'aurait serrée très fort contre elle. Je ne sais pas ce que me réserve les prochains jours.

Il faudrait que je dorme mais j'ai déjà accumulé assez d'heures de sommeil et tenter quoi que ce soit de si bonne heure ne ferait qu'attirer l'attention. Est-ce-que les gardes ne surveillent que la porte d'entrée ? Sont-ils autorisés à monter à l'étage ? Ce pourrait être utile de le savoir.

J'ai alors attendu quelques heures, languissant pertinemment le lever du jour. J'ai passé ces interminables heures à regarder par la fenêtre que j'avais laissée ouverte. J'avais pris soin de m'enrouler dans la couette, jusqu'aux épaules car il faisait plutôt frais. On est en novembre et malgré ça, il devait bien faire dans les sept degrés. 

Je contemplais le ciel noir de ses dernières étoiles brillantes dorés et blanches. J'entendais seulement le bruit du vent qui soufflait fort et qui caressait mes joues doucement, laissant à ma peau cet aspect givré et glacé de l'atmosphère. J'avais pu me ressourcer en me vidant la tête. 

Certaines filles à ma place seraient surement folles et adoreraient être ici. Un jeune homme qui plus est, riche et une maison pas des plus modestes, qui ne rêverait pas ? Certainement pas moi, m'insuffle ma petite voix. J'ai horreur de ça. Ce n'est pas un contexte de rêve, loin de là. Elles ne verraient que l'aspect émergent de l'iceberg, ne connaissant évidemment rien de la stricte réalité. Sauf que ce n'est pas le cas, elles ne connaissent pas son côté psychopathe, nerveux et irritable en un claquement de doigts. Ni ses excès de colère ou peut-être même de violence. 

Je suis ici, cloisonnée dans une maison sans pouvoir en ressortir - un peu comme tous les enlèvements non ? S'en moque Constance -  et surveillée par des gardes comme ils doivent se prénommer, quand je descends. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il me veut. Il ne m'a pas encore fait de mal, mais pour quelle raison ? Peut-être qu'il n'y a pas de raison. Peut-être qu'il s'est décidé sur un coup de tête à "aider" une jeune femme inconsciente dans la forêt ?  Peut-être que dans le fond il n'est pas si mauvais ? Je grince alors des dents, ne pouvant croire une seconde ce cirque. Il faut absolument que j'en apprenne plus sur lui, dois-je jouer à la gentille fillette ?   

Eva Casson (EN CORRECTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant