Chapitre 22: Epanchement

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Je n'ose pas croire que je suis encore en vie. Je n'ose pas croire que l'on m'ait une fois de plus extirpée de la mort. Ou alors je suis bien morte et je vais enfin découvrir les joies du paradis. Pathétique, me rappelle Constance. J'en ai peur d'ouvrir les yeux.

Après une grande prise d'inspiration, je me décide enfin à voir ce qui m'attend. A ma grande surprise je ne suis pas dans "ma" chambre mais dans celle que j'avais pu visiter l'autre fois: celle de Gothier. J'aurais cru qu'il lui était arrivé quelque chose mais c'est bien sa voix que j'ai pu entendre avant de.. Avant de tomber et? J'ai du mal à me rappeler de ce qu'il s'est passé après.

La maison a retrouvée son calme habituel. J'ai l'appréhension de sortir d'ici. Si je suis dans sa chambre ça ne doit pas être sans hasard derrière. Son lit est tellement moelleux et agréable, je n'en ai jamais connu de tel de toute ma vie. Cela change de mon vieux matelas de chez tante Emilie. Je me demande ce qu'elle devient et pourquoi elle n'a alors pas cherchée à savoir où je suis partie.Comment a-t'elle pu confirmer que j'étais bien rentrée? Dans quel but? Cette idée me laisse un léger pincement au cœur, j'avais une lueur d'espoir de croire qu'elle ne m'avait pas prise chez elle par dépit mais ma bonté est encore bien trop forte comme à chaque fois.

Je me résous à me lever. Je suis totalement perdue avec tout ce qu'il s'est passé ces derniers jours, je n'arrive même plus à déceler si nous sommes le matin ou le soir. Une fois les deux pieds au sol, mon ventre et ma tête me prennent par défaut. J'ai envie de vomir. J'ai bien trop mis mon corps face à ses limites et même au delà. Il ne fait simplement que me rendre toute la maltraitance que j'ai eu envers lui. Comme je connais déjà sa chambre je me doute que l'autre porte mène à sa salle de bain, je m'empresse de l'ouvrir et de m'affaler au lavabo. Je n'arrive pas à comprendre ce que rejette mon corps vu le peu de nourriture que j'ai avalé il y a bien longtemps.

Après m'être essuyée la bouche j'en profite pour faire un rapide tour des dégâts: j'ai besoin de prendre une douche. Comme je n'ose pas sortir d'ici, il sera mieux que je prenne ma douche ici. Si Dim attendait encore dans le couloir que je sorte je ne saurai quoi faire.

J'attrape alors une serviette sous le meuble du lavabo et je profite que Gothier ait son propre dressing dans l'autre pièce pour lui prendre un pull.

Après quelques secondes d'hésitations, je me tâte à allumer le robinet de cette magnifique douche à l'italienne. J'ai veillé a fermer à clef la porte de sa salle de bain au cas ou. J'essaye de faire le vide mais mon merveilleux trait de caractère: stresser, revient à la charge. Je ne peux m'empêcher de recommencer à me poser des questions. Si tout cela était encore une manigance de la part de Dim? Si les gardes s'étaient ralliés à lui et qu'il était réellement arrivé quelque chose à Gothier? Cela fait vraiment longtemps que je n'ai pas eu affaire à lui et pourtant nous sommes bien chez lui ici.

L'eau brûlante m'aide à dissiper des idées et j'essaye de profiter au mieux de ce moment qui devrait être relaxant or l'eau si chaude ne fait que me rappeler toutes les offenses que j'ai fais endurer à mon corps et me semble par moment remettre à vif aussi certaines de mes blessures.

Après m'être rhabillée, je songe enfin à sortir de là. Il le faut. J'avale ma salive avec anxiété et je baisse la poignée de la porte de sa chambre. Je repousse la porte lentement, il n'y a personne à l'étage ou du moins personne dans le couloir pour l'instant. Je me décide à descendre en bas.

En repassant devant le meuble en face de la balustrade je ne peux que me rappeler ce qu'il s'est passé. Mon sang s'en glace directement. Je me brusque vers les escaliers et je peux entendre du bruit. Il doit y avoir une télé d'allumée, j'en suis persuadée. Mais à qui vais-je avoir a lieu?

Eva Casson (EN CORRECTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant