J'attrape mon téléphone se trouvant au fond de la dernière poche de mon sac à dos. La surface lumineuse m'éblouit le visage; 23:24.
Pour me rendre à la maison de tante Emilie, je dois dépasser l'école.. Tout autour de moi est silencieux, je peux admirer de belles étoiles brillantes dans ce ciel d'un bleu profond, me faisant sortir quelques instants de ce cadre si banal qui m'entoure.
Je décroche mon regard des astres et me reconcentre finalement. Je suis aux aguets de chaque bruits et sons qui peuvent se faire entendre, je vais être plus prudente dorénavant.
A l'entrée du pont j'arrive rapidement sur des successions de bâtiments, d'immeubles et commerces. En passant devant ceux-là, je suis hâtivement prise d'une grande curiosité. Ne pouvant la faire taire je me rapproche alors des multiples vitrines, cherchant si une affiche ou une quelconque information à mon sujet s'y trouvent. A-t-on fait connaître ma disparition? Du moins tout le monde a dû croire à une fugue de ma part. Mais si ce n'était pas le cas et qu'on avait réellement cherché à en savoir plus, qu'en advient-il maintenant?
Je me rend alors devant une verrière d'un bureau de tabac, plus susceptible d'y trouver quelque chose. Il n'y a rien, que les actualités locales, les heureux élues et gagnants de grosses sommes d'argent remontant de quelques temps à présent. Je poursuis mon chemin et me plante devant la façade d'une boulangerie, il n'y a rien. Du moins pas jusqu'à que j'aperçoive une petite feuille plaquée sur le verre froid. Je peux y lire :
"Recherche chaton au pelage gris, âgé de 8 mois, il porte un collier marron et se prénomme Aby..."
Je me stoppe ici, cela n'a absolument rien avoir avec ce que je pensais y lire.
Après avoir dépassé les immeubles sans vain succès, les questions se bousculent dans ma tête. Pourquoi n'ai-je rien trouvé? Pourquoi tout cela me tient-il sérieusement à cœur? C'est bien moi pourtant qui ne voulais que personne en soit informé au départ. Tu cherches l'attention.., relate Constance. Et si c'était le cas? Si la seule vraie raison à tout cela n'était pour moi qu'un mensonge que je cherchais à dissimuler depuis le début? Si en fin de compte, je ne cherchais que la reconnaissance et la bienveillance d'autrui? Si je n'aspirais qu'à ce que l'on me remarque? Je ne saurai y répondre.
Chassant ces idées de ma tête, je me rend compte que j'atteignais déjà l'école - le collège plus précisément -. Cette école qui me rappelle tant de souvenirs. Des souvenirs bien moroses et pas seulement. L'innocence de ma personne déjà à bout à ce moment là, qui croyait être au fond du gouffre, incomprise mais ce n'était rien par rapport à ce que j'allais connaître plus tard. La perte de mes parents peu de temps après. Ce sentiment d'être seule au monde à tout jamais. Et mon cœur se creusant pour toujours, laissant un trou qui ne se refermerait jamais, mais se remplissant néanmoins par la douleur et la peine à grands flots.
J'en arrive ensuite au parc de jeux pour enfants. Une fois de plus je me remémore certaines situations sans le vouloir, comme si mon cerveau m'obligeait à me souvenir en me mettant face à cette vieille réalité.
Ma meilleure amie et moi, les constructions, les balançoires, la barre de pompier.. les paroles si dures d'elle pour des enfants comme nous à cet âge ci. Et puis les cailloux si abrupts sur les paumes de mes mains, ces pierres meurtrissant mes genoux comme une rafale de grêlons abîmant un champ de vignes. Quelle insouciance..
Tandis qu'un mal s'amplifie et se propage en moi, que mes yeux se scellent peu à peu, que mes lèvres se font lourdes et se pincent jusqu'à blanchir, mon cœur semble particulièrement émotif. En effet, il m'est difficile de résister un peu plus à mon passé ainsi qu'au manque de la présence de mes parents. Si ils savaient comme je les aime. Maman je veux me blottir contre ton doux parfum de rose, croiser une nouvelle fois ton regard bleu azur si fort et prônant la femme forte que tu étais. Ou encore me sentir en sécurité dans les bras de papa et qu'il me fasse voler à bout de bras comme si j'étais une fée dans les nuages.
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Eva Casson (EN CORRECTION)
Teen FictionEva Rae Casson. Eva Casson en terme général. 17 ans, lycéenne, enfin presque. Sans parents. Sa voix dans sa tête s'appelle Constance. Il faut qu'elle parte, pour tout oublier et recommencer. Mais comment résister au dehors sans tomber dans la parano...