Chapitre 5: Craquer (CORRIGÉ)

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Mes paupières sont closes et le silence règne à nouveau. Je mets quelques secondes à comprendre que je me trouve dans la même pièce que tout à l'heure.

Cette fois-ci je discerne bien mieux la chambre car il fait grand jour. Les murs tirent sur un gris et un bleu pâle. Je peux apercevoir un bureau dans un coin à gauche et tout au fond de cette chambre, tandis qu'à droite de la porte s'y trouve un long miroir sur pieds. Je remarque également quelques cadres posés sur la surface en bois lisse de la table.

Une des phrases de Gothier me revient en tête; "Peut-être, mais une amatrice comme toi n'a pas réussi à s'enfuir pourtant". La réalité de ses mots me rattrape et me plonge quelques instants dans un accablement glaçant. Il a entièrement raison... Me décourage Constance.

Des pensées macabres se frayent chemin et émergent lentement dans ma tête. Je ne suis pas capable de terminer quoi que j'entreprenne. Cela a toujours été le cas de toute manière puisque tout ce que j'ai pu faire s'est terminé par un échec et je continue sans cesse de m'enfoncer et de renouveler cette lignée.

J'aurais dû être plus avenante et profiter de l'occasion que j'avais pour me sortir de là. S'il croit maîtriser la situation ce n'est absolument pas le cas et je le lui ferai bien comprendre prochainement. J'aurais déjà dû me méfier de lui et c'est ce que je dois faire le temps de trouver une solution. Je ne dois faire confiance à personne. Si il m'a enlevé ce n'est pas sans raison, il n'est certainement pas le gentil homme qu'il doit laisser paraître aux yeux des autres, il est insensé.

Je finis par repousser la couverture à mes pieds, sans mauvaise découverte cette fois-ci. Je me relève alors en avançant sur la pointe des pieds afin que le sol ne craque pas, puis j'abaisse la poignée lentement. J'avale ma salive avec appréhension tandis que je m'efforce enfin de regarder rapidement s'il n'y a pas quelqu'un dans le couloir.

Je dois absolument savoir si il se trouve en bas, je m'approche alors de l'escalier et je descends prudemment quelques marches. J'agrippe mes mains sur la rembarre et penche ma tête en avant. J'entends seulement des bruits provenant certainement de la télévision.

Je remonte ensuite discrètement et me dirige vers la chambre alors que le parquet se met à grincer. Maudit sol ! Ne puis-je m'empêcher de constater. Je ne bouge plus, entièrement figée, dans la crainte de ce qu'il va suivre.

Après plusieurs secondes, je distance les quelques mètres qui me séparent de la porte. A peine ai-je le temps de poser ma main sur la poignée que je peux sentir sa présence derrière moi. Mon sang se glace brièvement lorsque mon épaule rencontre sa main.

— Où comptais-tu aller comme ça ? Me questionne-t-il de sa voix grave.

— Recules de là. Lui ordonné-je placidement.

Sans réaction de sa part, je repousse violemment sa main tout en me retournant face à lui.

— Tu n'as pas à être énervée contre moi, je ne te veux aucun mal, lâche Gothier.

— Très bien, lui donné-je en guise de réponse.

Je dois rester calme et censée, le mieux pour cela est de ne pas rentrer dans son jeu.

Puis mes yeux croisent les siens, il maintient son regard mais je n'en fais pas moins pour autant. Je remarque alors qu'il a des yeux verts. Un vert jade, assez intense. Ce n'est pas tous les jours que je croise quelqu'un avec une telle couleur. Je continue sans m'en rendre compte, ma découverte sur le reste de son visage, ce qu'il remarque aussitôt.

— Qu'est-ce que tu me veux ? Finis-je par lui demander froidement.

— J'ai bien vu que tu me regardais, continue Gothier.

Eva Casson (EN CORRECTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant