Chapitre 19: Partie 2 - intervenir

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Il me fit avancer jusqu'à un siège. Le noir complet. Je ne crois pas qu'il y ait de fenêtre dans cette pièce. Il ne parle pas encore. Puis la lumière se projette sur chaque surfaces planes. Murs d'un papier peint vieillot, grisonnant aux couleurs des fleurs rouges et marrons. Un sol de parquet brun très foncé, laqué, joliment entretenu, qui lui ne reflète aucun aspect du temps. Je suis assise sur ce fauteuil de cuir chocolat. Effectivement il n'y a aucune autre sortie que celle où nous sommes rentrés. Au regard de Dim, il ne me laisse qu'un sourire douteux et généreux.

- Tu as acceptée ce qu'il se passe, tu ne pourras plus faire marche arrière. M'informe t'il.

- Oui c'est ce que j'ai décidée.

- Il va y avoir tout une suite d'étapes. Des étapes progressives.

C'est donc ça le prix à payer? Je crois sincèrement que cela suffira.

- Commençons la première étape. Me dit-il sérieusement.

- Quelle est-elle?

- S'absorber.

Qu'est ce que cela veut dire? À première vue, rien. Mais derrière le mot, tout.

- Si tu veux tout au long du processus, je serai un peu comme ton confident, ton allopathe. M'apprend Dim en pleine réflexion.

- Commençons alors. J'ajoute sereine.

- Tout d'abord, il faut te laisser submerger par tes émotions pour pouvoir être en mesure de continuer.
Racontes moi des moments de ton enfance. Des moments que tu cherches à oublier.

Je me force à y réfléchir, cela fait partie de l'étape. Apres une grande respiration plusieurs moments me reviennent passivement en tête dont celui ci.

- J'étais à l'école en primaire cette année là , j'avais de très bonnes amies. Après l'école on avait décidées d'aller au parc de jeux pas bien loin d'ici. Nos parents nous avaient autorisées à y rester. Cet après-midi, on jouait dans cette structure. Il y en avait deux en réalité. Mon amie voulait tester l'autre construction, plus grande. J'étais un peu hésitante mais après quelques minutes j'ai acceptée. On était en CE1 alors pour moi c'était un très grand agencement. On avait jouées à tout presque, balançoires plus grandes, toboggans plus grands, passerelles plus grandes, jusqu'à ça. Il restait cette barre, la barre de pompier. Elle faisait bien deux mètres et quelques. J'avais un peu peur du vide mais c'était le moment d'affronter ma peur. Alors j'ai commencée la première, j'étais près du bord, je voyais les graviers au sol tout en bas. J'ai approchée mes mains tremblotantes à la barre. Je l'a tenais fermement sauf que je n'arrivais pas à me lancer. J'avais au fond de moi cette peur qui s'emparait chaque secondes un peu plus de moi et rattrapait ma volonté de commencer. J'allais me défiler. J'allais tout arrêter, j'avais trop d'effroi. J'étais une lâche. Mais mon amie insistait, elle me disait que ce n'est rien, qu'il fallait que je teste, que si je le faisais j'en serais fière. Elle me poussait dans mes retranchements. Mais c'était finit, je ne voulais plus, mon instinct s'était évanoui. Elle s'est énervée en disant que j'étais une moins que rien. Que si je ne le faisais pas là, je ne ferai jamais rien plus tard. Et après ça elle m'a poussée. J'avais encore les mains accrochées à la barre mais pour quelques secondes seulement. Je suis tombée en bas, sur les genoux et les mains avant de m'affaler de mon long. Les cailloux ont laissés des marques à ces endroits, ils se sont plantés dans ma peau à la surface. Je n'ai rien eu de plus aux mains que des marques passagères, aux genoux j'ai eu de gros bleus. Mais ce n'était pas ça le plus important. Je ne comprenais pas le geste de mon amie. Elle s'est bien sûr excusée en descendant rapidement. Puis on a continuées à rester amies mais je n'ai jamais arrêtée de lui en vouloir.

Eva Casson (EN CORRECTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant