Chapitre 15: Amorcer

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Apres ce qui s'est passé hier, j'ai décidée de ne plus me faire voir. Je n'en avais nullement envie de tout manière. Parfois j'ai bien l'impression que mon histoire est seulement superficielle. Ce n'est pas "normal" qu'un enlèvement prend cette tournure. Il existe bien des centaines de possibilités alors surement que ceci explique cela. J'ai ainsi décidée d'éviter Gothier d'une part car je commence à découvrir sa part de noirceur et de violence et d'une autre car je n'ai juste pas envie de le côtoyer davantage. Je pense que plus je l'éviterai, mieux il en sera.
J'ai reçue la visite du cousin. Il est venu deja hier quelques temps apres. Et on a commencés la discussion naturellement. Il s'avère que le feeling s'est étrangement, plutôt bien passé. Ce que je trouvais encore plus bizarre d'ailleurs. J'ai pu comprendre qu'il était très à l'écoute, calme, attentif. Tout l'inverse de ce que m'avait racontée Gothier sur son cas.

J'entend soudainement des bruits de clefs se tourner dans le verrou de la porte de la chambre. Je m'attend donc à voir de nouveau Gothier.
Dès que la porte s'ouvre, je découvre donc une silouhette, pantalon noir en jean. Je sais pertinemment que ce n'est pas Gothier, il ne porte pas ça. Il porte des pantalons tailleurs noirs, coupés droit. Dans le style smoking.

- Salut Eva, me sors joyeusement Dim.

Les clefs qui claquent les unes aux autres par les mouvements, laissant échapper un gaie tintement avant de s'arrêter. Le silence n'ayant pas le temps d'arriver.

- Salut. Lui dis-je sans intonation.

Je ne sais pas si je dois lui faire confiance mais il a l'air absolument sincère, je n'arrive pas à savoir, le croire ou non? Il a bien 19 ans, surement Gothier qui doit en être jaloux au final.

- Comment te sens tu? Me demande t'il.

- Normal, je poursuis.

- Gothier n'a pas toujours eu ce genre de réactions, ça s'amplifie avec le temps. Moi qui le connaît assez depuis petit, il n'a pas été comme ça. Quelque chose chez lui à changé. Je suis plus jeune mais je le connais bien oui, me répond Dim.

C'est le moment où jamais d'en apprendre plus. Je voulais lier une fausse amitié avec Gothier mais finalement je n'aurais pas à le faire. Je vais lui soutirer le plus d'informations.

- Et comment était-il plus jeune? Je cherche à savoir.

- Un petit garçon plein de vie et de joie, il s'attirait des ennuis comme tous les autres certainement. Me divulgue t'il.

- Je voulais dire quand il était adolescent enfaite. Je le questionne en hésitant.

- À l'écart mais pas tellement puisqu'il avait un bon groupe d'amis, dit-il après quelques secondes de réflexions.

- Et comment était-il sur le point psychologique? Je l'interroge à nouveau.

- Pourquoi toutes ces questions? Suspicionne t'il.

Il me regarde les yeux légèrement plissés, formant deux rides sur son front. Son regard planté dans le mien.

- Je.. J'aimerai juste en apprendre plus sur lui. Je suis plutot curieuse comme fille tu vois. Lui dis-je en bredouillant et en lui sortant un léger sourire mal à l'aise pour qu'il me croit.

Il faut bien sûr jouer les émotions pour paraître crédible.

- Je n'en sais pas vraiment plus. Je ne vivais pas avec lui. Mais c'est bien à ce moment là qu'il a commencé à changer.

Il reprend naturellement mais qu'entend t'il par "changer?" Changer comment? Un nouveau caractère? Il s'est enfin montré sous sa vraie nature?
Dim avance de quelques pas et finit par se poser contre la fenêtre, les mains dans les poches. Il semble attendre.

- Pourquoi sa maison est éloignée de tout? Il n'y a que des champs d'herbes et d'arbres à perte de vue. Il aime bien la solitude? Je lui glisse en espérant qu'il ne se pose pas de questions sur ma nouvelle demande.

- Je ne suis pas dans sa tête. Réplique t'il un brin agacé.

- Tu habites où toi? Je le sonde alors comme si de rien n'était.

- À quelques trentaines de kilomètres d'ici. Et toi?

- Je ne sais pas, mais j'habitais sur Paris dans une petite ville; 
Lyse-Amber. Je lui confie.

Il se met soudain à rire et manque de s'étouffer. Qui a t'il de si drôle? Le nom de mon patelin? Je reste inerte ne comprenant pas.

- Parles moi de toi.

Il me lance ça comme si c'était un ordre, comme si j'étais obligée de lui en parler.

- Je suis fille unique, je vivais chez ma tante. Je lui déclare.

- Mais encore? Dit t'il comme si c'était évident que je continue.

- Mes parents sont décédés quand j'avais 13 ans.

Je me force à lui dire et à me rappeler ce mauvais moment que j'avais réussie à oublier. Ma voix devient légèrement enrouée et frêle quand je lui parle.

- Un point en commun. Je n'ai pas de frères et sœurs.

- Gothier en a? Je me risque à lui poser.

- Non.

Bizarrement j'ai une pointe de compassion pour Dim, comme si on était pas si different que ça alors que c'était juste du mensonge. Comme si je retrouvais un ami, un vrai, un fiable.

- Et toi petite qu'aimais tu?

Maintenant c'est moi qui trouve ses questions étranges.

- Tout ce qu'une fille pouvait aimer sans doute. Les princesses, les robes, mon doudou hello kitty...

J'ai l'impression de me dévoiler à coeur ouvert, comme si on me sectionnait la peau pour la mettre à vif et qu'on continuait de couper et de m'entailler pour en arriver à l'os.  J'ai de plus en plus de mal à garder mon calme, je ne veux pas me rappeler tous ces souvenirs, même si ils sont heureux, la perte de mes parents m'a détruite. J'ai mis énormément de temps pour m'efforcer de me surpasser et de laisser le passé derrière moi. Mais à 13 ans seulement, comment peut faire une petite fille à qui il ne reste plus qu'un tas de photos en guise  de mémoire?
Je regarde désormais le parquet ne pouvant plus supporter le regard trop écrasant de Dim. Ce qu'il remarque. Je le vois s'avancer lentement.  Puis il vient se poser sur le lit à côté de moi. Je commence très vite à trouver ça suspect.

- Ne sois pas triste. Si tu as besoin de parler je suis là. Dis moi tout ce qui ne va pas. Essaye t'il de me conforter.

- Pourquoi Gothier m'as t'il enlevée? Pourquoi? Je veux une réponse. Dis le moi.

- Tu es sans doute mieux ici. Répond t'il placidement.

- Aides moi à sortir d'ici, je t'en prie.

Je fais une mine dépitée en essayant d'attirer sa compassion. Peut être qu'il m'aidera.

- Je ne peux pas.

Mes quelques faibles illusions retombent en un instant. Je sais désormais que je ne pourrai compter sur personne. Mon cas est réglée. Je ne peux m'appuyer que sur la seule personne en qui j'ai confiance. Soit, moi.
Il se relève du matelas et se dirige en direction de la porte.

- Pourquoi tu pars? Pourquoi tu ne m'aides pas? Je mérite tout ce qui m'arrive c'est ca? T'es de mèche avec Gothier pour me soutirer des informations sur moi enfaite? Lui crie-je énervée de tout ce charabia.

- Tu es loin.

Et il referme la porte me laissant seule à moitié sur les nerfs, la peine, l'incompréhension, le désespoir.
Je ne saurais donc jamais la véritable raison?
Il est partit comme Gothier l'eu fait.
Et je me suis emportée alors que j'aurais dû rester calme et me contrôler mais l'envie de savoir est bien trop grande et je n'arrive plus à résister. J'ai craquée.

Eva Casson (EN CORRECTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant