« Le temps passe, le souvenir reste ».
Oui, je sais, ces mots forment une épitaphe que l'on voit très souvent inscrite sur les tombes dans les cimetières. Moi-même j'ai dû la voir gravée dans le marbre une dizaine de fois en traversant leurs allées silencieuses. Ça n'est pas très engageant, un brin morbide peut-être même. Et je ne fais même pas référence aux morts dans mon histoire. Il n'empêche... malgré son caractère funeste, cette phrase résume parfaitement mes sentiments les plus profonds.
Après toutes ces années, le manque de toi ne me quitte pas, il est toujours là, dans les battements de mon cœur, dans l'air qui entre dans mes poumons, dans mes pensées... Il ne me quitte pas. Tu ne me quittes pas.
Pendant très longtemps, tu ne quittais à aucun instant mes pensées, tout ce que je faisais, disais ou ressentais était directement rattaché à toi. Une véritable folie... mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Je me demandais ce que tu faisais, où tu étais, et avec qui ; je m'attendais à te trouver juste derrière moi à m'observer ; j'aurais voulu que tu penses à moi, toi aussi...
Oserai-je dire aujourd'hui que, oui, tu m'obsédais ? Une part de moi est un peu honteuse de voir écrits ces mots, mais ils me semblent justes malgré tout. Je n'ai pas d'excuses, à part celle de t'avoir aimée profondément et sincèrement.
Tu es entrée dans ma vie à un moment où j'en avais cruellement besoin, et je t'ai aimée pour ça.
Pour ta présence. Ton sourire. Ton rire. Tu étais une véritable bouffée d'oxygène lorsque je sentais que l'air me manquait. Tu m'as permise, sans le savoir, d'être heureuse quelques temps à une époque où je ne croyais pas qu'une telle chose était possible. Je ne me suis pas totalement trompée puisque ça n'a pas duré...
Quand tout s'est terminé, j'ai été anéantie. Je me suis rendue compte que je perdais ce que j'estimais être la personne la plus précieuse de ma vie, et je ne savais pas comment j'allais faire pour continuer sans elle. C'était comme si le soleil s'était caché derrière les nuages. Comme si les étoiles s'étaient éteintes. J'étais perdue dans l'obscurité. Je croyais que jamais plus la lumière ne s'imposerait à nouveau à moi.
J'avais tort.
Bien que les ténèbres m'aient enveloppée et retenue en leur sein, j'ai poursuivi mon chemin, sans toi. Je l'ai d'abord suivi la mort dans l'âme, ne faisant que survivre au jour le jour et non plus vivre, et petit à petit, quelques rayons ont percé l'obscurité, m'encourageant à toujours aller de l'avant. Ces dernières années, j'ai fait et connu des choses qui m'ont rendue joyeuse, vivante, et même fière de moi, sans que tu sois là pour me guider et m'y encourager. Il y a eu des jours où je ne souffrais pas, il y en a eu d'autres où j'étais heureuse. De bonnes personnes ont traversé ma vie, m'offrant à nouveau la possibilité de respirer à pleins poumons. Au bout de plusieurs années, je ne me suis plus sentie perdue ; j'arrivais plus aisément à mettre un pied devant l'autre, sans faire machine arrière.
Aujourd'hui, je suis heureuse de dire que, oui, j'avais tort. Que ma vie ne s'est pas terminée le jour où tu n'étais plus là. J'avais tort de penser que ma vie ne tournait qu'autour de toi. Et surtout j'avais tort de croire que je ne pourrais plus aimer après toi.
Mais.
Mais...
Il m'arrive encore de rêver de toi, parfois. A de plus rares occasions, il m'arrive encore de regarder à côté de moi comme pour échanger un rire ou un sourire avec toi. Et il m'arrive encore de penser que l'on pourrait se croiser par hasard un jour. Tu ne m'as pas quittée complètement, le souvenir de toi m'habite encore.
Mais lorsque cela arrive, je ne m'effondre plus comme auparavant. La douleur que je ressens n'est plus exactement la même. Elle est là, diffuse, cependant elle ne me met plus à genoux. C'est bien. Ça prouve que j'ai fait du chemin, que je ne suis plus la même aussi. Enfin, plus ou moins.
Quoi qu'il en soit, je ne t'oublie pas. Je ne peux pas t'oublier, t'effacer entièrement de ma mémoire. Ça ne serait pas me montrer très honnête envers moi-même : j'ai appris énormément auprès de toi, sans toi, avec tes actes, et avec mes souvenirs. Même si mon amour était démesuré et autodestructeur, même si ma souffrance m'a souvent mise au supplice, je ne peux pas les renier. Ça et tout ce que tu m'as apporté.
Alors, oui : « Le temps passe, le souvenir reste ». C'est ce qui se produit lorsque l'on aime une formidable personne, puis qu'on la perd. D'une manière ou d'une autre.
T'aimer est une grande et belle aventure. Mais te perdre en est une bien plus extraordinaire.
Et te retrouver – si un jour cela m'est possible – sera une aventure exceptionnelle.
Merci.
VOUS LISEZ
Exception - Tome 1
RomanceAlyssa et Evannah étaient meilleures amies jusqu'à ce que tout bascule : la jalousie, l'envie, la souffrance se sont immiscées entre elles deux, les rendant étrangères l'une pour l'autre. Sept ans plus tard, après le déménagement précipité d'Alyssa...