Chapitre 16. Découvert.

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" Ce qu'on donne à l'amour est à jamais perdu. " Marceline Desbordes-Valmore.

Je me réveille, il est dix heures et je suis dans un lieu que je ne connais pas. Dans des draps qui ne sont pas les miens. Je mets un temps à comprendre puis je me remémore la soirée de la veille. La petite fête chez Yann, les flirts avec Jessica, les remontrances d'Ève et les regards d'une Lily abbatue. Je vais plus loin dans mes souvenirs et me rappelle ensuite de comment s'est fini la soirée. Jessica et moi, dans ces mêmes draps. Je tourne donc la tête vers ma gauche et la voit endormie profondément à côté de moi, encore à moitié nue. Qu'est ce que je fais là ?

Je décide de me lever, de prendre ma veste et mes chaussures et de partir sur la pointe des pieds, sans faire de bruit. Je ferme la porte d'entrée de l'appartement et essaye de ne pas la claquer. Je me mets dos à elle, en posant ma tête contre celle ci en bougonnant.

- Quelle lâche ! Dis je énervée sans me rendre compte qu'une dame d'un certain âge me dévisage à quelques mètres de moi. Je lui sers un sourire idiot et descends à pas vifs les escaliers. Arrivée dehors je prends une grande bouffée d'air. C'est pas possible, je n'y arrive plus. Je n'arrive plus à vivre sans Lily. Sans elle j'ai l'impression d'étouffer, d'avoir le souffle coupé. J'ai l'impression de ne plus pouvoir avancer et de me perdre à l'infini, sans jamais m'y retrouver. J'ai l'impression de mourir, de mourir à trop l'aimer...

Je lui envoi un SMS, il faut vraiment que je la vois. Assise dans un parc, à même le sol, contre un arbre, je fixe l'écran de mon téléphone qui reste tristement éteint. Je ne sais pas si elle va répondre, mais s'il faut que je la vois, je saurais la trouver. J'attends juste un signe de sa part, je suis dans un état que je n'avais jamais connu auparavant. Je regarde mon portable à plusieurs reprises encore, mais rien ne se passe. J'en ai assez d'attendre, je vais la chercher.  Je me lève, et pars précipitamment. Je marche, d'un pas vif. Mes douleurs pulmonaires refont doucement surface. Mais qu'importe, je me mets à courir, elle doit être chez Yann et je ne suis plus très loin. Je cours, sans m'arrêter. Des flashs me reviennent : le premier regard de cette inconnue dans ce bar que je ne connaissais encore très peu, je la vois sous mes traits de crayon au bord de cette eau stagnante, ses frissons quand mon bras a effleuré le sien pour la première fois, notre nuit au lac sous les torrents de pluie. Puis l'image se fige sur son visage, son sourire, ses yeux noirs brillant à la vue des miens... Je ne la laisserai pas partir loin de moi, je ne peux pas.

Je suis arrivée devant chez Yann, j'essaye de reprendre mon souffle tant bien que mal. Je décide enfin d'aller sonner. Le stress monte et j'ai l'impression que les secondes sont des heures. Je tape du pied, fais craquer mes falanges, puis ressonne en soupirant longuement.
Quand la porte s'ouvre, je reste figée. C'est Lily qui se tient devant moi. Elle a un air froid et ne semble pas heureuse de me voir. Je m'apprête à parler mais elle me coupe :

- Va t'en. Dit elle simplement.

- Lily, laisse moi te parler...

- Je n'ai rien à te dire.

- Alors écoute moi.

Elle ne réagit pas mais ne pars pas non plus. Elle semble agacée mais veut tout de même m'écouter.

- Tu sais Lily, quand je t'ai vu la première fois j'ai su que tu ferais partie de ma vie, je ne sais pas pourquoi mais je l'ai su...

Elle me regarde toujours avec un air détaché. J'hésite puis reprends :

- J'ai tout de suite remarquer chez toi que tu étais calme, et timide. Ce qui te rendais mystérieuse, et j'adorais ça. Cette nuit là je ne pensais déjà qu'à toi et un sentiment inédit s'est révélé en moi...

Son visage change, il s'adoucit, mais elle ne me regarde plus, elle semble un peu gênée et regarde le sol.

- J'aime les moments qu'on passe ensemble, j'ai l'impression que tu es entièrement à moi. Mais l'autre fois quand tu as pris la fuite, ce qui est normal car tu devais avoir des regrets vis à vis de Yann, j'ai complètement perdu pieds. Je ne savais plus dans quel sens regarder ni avancer... Sans toi j'étais perdue... Je... Je suis perdue...

Cette fois elle lève la tête et me regarde, les larmes aux yeux.

- Mais je t'ai écrit Jade, je t'ai demandé pardon et je t'ai supplié de revenir... Dit elle d'un ton désespéré.
Je m'avance vers elle et la prend par les épaules. Elle baisse les yeux.

- Mais j'avais peur, tu m'as vraiment fait mal au coeur. Je... Lily regarde moi...

Cette fois nous pleurons toutes les deux.

- J'ai pété les plombs, tout ça c'est inconnu pour moi. Mais je ne peux plus vivre sans toi...

Son visage, après cette phrase, se rapproche du mien, mes mains sont toujours sur ses épaules, elle me regarde tristement puis ferme les yeux. Je décide de tenter le tout pour le tout et d'attraper sa bouche avec la mienne. S'en suit alors un baiser, peut être l'ultime, peut être le premier d'une nouvelle vie, à deux. Je suis plongé dans l'inconnu, notre relation va-t-elle survivre sans même avoir réellement commencer ? Sur le pas de la porte le vent s'engouffre dans la maison et il vient caresser nos visages encore liés par nos lèvres.

- Alors c'était ça ?

Lily et moi ouvrons les yeux en même temps et relâchons notre baiser. Ma dulcinée a alors un visage décomposé tout en regardant derrière moi. Je me retourne et voit Yann qui se tient derrière nous. Il n'a pas l'air en colère, juste triste et désemparé.

- Yann... Dit doucement Lily.

- Je me disais bien que tu étais étrange ces derniers temps... Dit il en se rapprochant.

Il la fixe et ses yeux deviennent humides. Puis il se tourne vers moi, me dévisageant.

- Et puis toi, je me suis confié à toi en t'avouant que je perdais Lily petit à petit et que je n'en connaisais pas la raison. Tu me dégoûte...

- Yann je.... Dis je en tentant de m'expliquer.

- Non tais toi. Je ne veux pas t'entendre.

La honte s'empare alors de moi et je n'ose plus affronter son regard.

- Lily... Reprend il. Qu'est ce qu'il te prend ?

- Je ne sais pas...

Elle regarde ses pieds et n'ose plus bouger.

- Pars Jade s'il te plaît... Elle me supplie.

Attisée par la honte, je décide de partir sans savoir si c'est bon ou mauvais signe pour moi. Je ne sais pas ce que nous allons devenir, si je la reverrai. Si mon coeur s'en remettrait...

Je t'aime etc...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant