La pénombre du jet m'accueillit en même temps qu'une impression de lassitude que la vue des Soldats Noirs au regard vide ne fit rien pour arranger. Je soupirai et passai une main dans mes cheveux pour les détacher. Alors que l'appareil décollait, Allan, de dos au poste de commande, fit rouler son siège en arrière et m'adressa un léger signe de tête que je lui rendis, avant de se lever. Abandonnant le pilotage du jet à N.I.A, il me rejoignit et nous gagnâmes un renfoncement dans l'aile gauche.
Les speed-jet de combat ne ressemblaient pas tout à fait aux autres, par exemple celui que j'avais employé avec Samuel et Pierre. Tout d'abord, ils étaient bien plus gros, mieux équipés pour le tir, et n'étaient pas agencés pareil. Les sièges ne s'alignaient pas latéralement mais se trouvaient disposés en rangs serrés comme dans un avion avec une mince allée, dans le but de caser le plus de Soldats possibles.
Parvenue dans le recoin consacré au stockage de matériel et à une petite partie vestiaire, je fondis droit sur le panneau de contrôle intégré au mur. Allan m'interrogea d'un haussement de sourcil.
- La carte GPS, dis-je laconiquement.
Mon ancien mentor opina du chef et je me mis à pianoter sur le clavier virtuel. Je devais effacer la dernière sauvegarde du programme et modifier les données, sans quoi n'importe qui pourrait se rende compte que les véhicules ennemis étaient toujours sur place alors que j'étais censée les avoir détruits. Je terminai rapidement et dans le silence le plus complet. Je n'étais pas une professionnelle de l'informatique, et j'avais certainement laissé des traces, mais étant donné mon statut, j'espérais que nul ne creuserait plus loin et ne vérifierait la sauvegarde.
Puis, je me laissai tomber sur le banc au milieu du vestiaire et me massai les tempes. En face de moi, les deux seules cabines de douches qu'aucun rideau ne séparait du reste de l'habitacle renvoyaient la lumière jaune des néons. Allan ouvrit alors un casier et pressa une touche dissimulée dans ma poche. Je souris intérieurement : un générateur de bruit blanc qui empêchait notre conversation d'être enregistrée. Nous étions tranquilles.
- Explique-moi, m'encouragea Allan en s'adossant au casier, les bras croisés sur le torse.
Par où commencer ? Par le début, sans doute, et par ce qui m'avait poussée à sortir de mon hibernation pour agir.
Je me penchai en avait pour caler mes coudes sur mes genoux avant de lâcher :
- Amanda est enceinte. Je ne sais pas pourquoi c'est arrivé, je ne sais pas comment, mais c'est comme ça.
Les yeux clairs du GEN luisirent d'un éclat surpris. Lui non plus n'avais jamais entendu parler d'une chose pareille.
- J'ai fait une promesse à Tribal, ajoutai-je. Je lui ai dit que je veillerais sur elle et sur le petit. Je n'avais pas le droit de me dérober alors qu'il agonisait devant moi. Et c'était mon ami.
- C'est pour ça que tu as contacté Niels ? comprit Allan.
- Oui. Je ne sais pas si c'était la bonne solution, mais c'est la seule que j'ai trouvée. Pour l'instant, Amanda réussit à dissimuler son état mais ça ne durera pas. Il faut la mettre à l'abri.
- Je vois. Niels a donc accepté ? Sans contrepartie ?
Je laissai échapper un ricanement ironique et un brin amer. Cela aurait été trop beau. Je me redressai et allai me camper devant Allan.
- Non, bien sûr, le détrompai-je. Il fera sortir Amanda de l'Institut, mais en échange je lui fournirai des informations, et à plus long terme, je devrai passer dans le camp adverse. C'était à prévoir, de toute façon.
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GENESIS (3)
FantasyExtrait du journal d'Allan Vallet, 2 Juin, 23h39, Hôtel des Batignolles Notes sur Ulrich Marx : Immédiatement après avoir été transformé, Ulrich Marx démontra des qualités intellectuelles exceptionnelles qui compensèrent largement sa faiblesse phys...