Chapitre 47

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Allan sentit les ongles de Nina Duquesne s'enfoncer dans sa gorge et lui lacérer la peau. Il la repoussa férocement et lui asséna un coup brutal entre les côtes. La jeune femme recula en grondant, la bave aux lèvres, et il put empoigner Madeleine Maturet qui gisait au sol, saignant abondamment.

Un monstre. Un animal. Voilà ce qu'était Nina. Une créature incontrôlable capable seulement de destruction. De mort.

Allan se précipita vers le camion des rebelles le plus proche en tirant Madeleine sur les dalles et l'adossa contre la carrosserie, observant leur adversaire de loin. Sa poitrine était criblée de balles sans qu'elle ne manifeste ne moindre signe de douleur et elle attaquait tous ceux qui se trouvaient à sa portée, sans distinction entre humains et GEN, ou entre alliés et ennemis. Les agents de Marx, d'ailleurs, avaient bien courageusement choisi de se retrancher dans le manoir après avoir constaté que leur arme vivante les découpait en rondelles aussi bien que les Revenants.

- On n'y arrivera pas, souffla Madeleine.

Allan pivota vers elle tout en réfléchissant à un moyen de neutraliser Nina et son regard tomba sur la jambe sanguinolente et à moitié arrachée de la GEN. Madeleine grimaça et entreprit de comprimer la plaie pour qu'elle cicatrise plus vite. Elle avait été la première à se jeter sur leur ennemie et avait payé le prix fort – le prix de la bêtise de son geste, selon Allan, bien qu'il se gardât de le dire à voix haute.

- On va tous y rester, ajouta l'amie de Niels, le visage plein de fureur.

Allan ne répondit pas et contourna le véhicule. Il n'avait aucune blessure sérieuse, mais il était clair que nul ne parviendrait à tuer la fille du maire de Paris. Elle était comme possédée, sans doute sous l'influence d'un stimulant de l'invention d'Irina. Luna, elle, aurait réussi, mais elle se trouvait actuellement coincée dans le labo. Il fallait faire quelque chose.

Il grimpa sans hésiter dans le troisième camion, garé le plus en retrait tandis qu'un hurlement de douleur émanait de la cour. Les Revenants aux prises avec Nina ne feraient plus long feu. Il souleva un couvercle et assembla à la vitesse de l'éclair un pistolet à cartouche injectable. Il ressortit aussi sec de la remorque et alla s'accroupir à côté de la roue avant, cherchant une fenêtre de tir.

Annabelle, la jumelle de Madeleine, bondissait dans tous les sens avec une énergie débordante et l'affrontement contre Nina consistait désormais presque uniquement en un duel entre elles deux, mais ce n'était pas suffisant. Allan arma son revolver et tendis le bras. A l'instant même où Annie se décala pour dégainer un couteau et prendre de l'élan, l'ancien mentor de Luna vida le chargeur, droit dans l'abdomen de Nina.

Il n'y eut aucun bruit, mais la créature de Marx se figea, cherchant d'où venait l'attaque et quel ennemi elle devait abattre. Allan jura dans sa barbe, songeant qu'il avait échoué à la mettre hors d'état de nuire, mais au bout d'interminables secondes de suspens, Nina tituba et s'assit lourdement sur les dalles pavées. Le Rêve contenu dans les cartouches faisait effet et courrait dans ses veines. Mais pour combien de temps ? Peu importait. Sa soudaine faiblesse donnait à Allan le temps de rejoindre Luna.

Le GEN quitta sa position et fourra un revolver chargé dans les mains de Madeleine. Au milieu de la cour, Annabelle et ses hommes tâchaient de ligoter Nina, et Allan se surprit à espérer qu'ils n'auraient pas l'idée de la ramener à la Fourmilière. Si le lieutenant Maturet la tuait, le problème serait résolu.

- Couvrez-moi, jeta le GEN à Madeleine dont le membre avait cessé de saigner.

- Magnez-vous le train, agent Vallet, persiffla cette dernière. Les sbires de Marx vont revenir et on va se faire tirer comme des canards !

GENESIS (3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant