Chapitre 4 : Boulot et Cie

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Le mercredi 19 juillet

Bien que je n'étais pas trop choquée ou inquiète à propos de mon état mental le jour J, j'ai tout de même passé les deux suivants à me traiter de tarée.

Si des yeux bleus, ainsi que des bras puissants et un baiser renversant ne cessent de hanter mes pensées, le véritable problème, c'est que j'ai réalisé la veille que j'avais perdu la montre de ma grand-mère. C'était le seul souvenir qu'il me restait d'elle. Il y a de fortes chances pour que je l'ai égarée lors de ma mise en scène dans l'ascenseur et rien que penser au fait que le blond ait peut-être récupéré mon bien me donne envie de m'enfermer dans ma chambre, des pots de glace à mes côtés et de ne jamais en ressortir.

Enfin sauf pour les pauses pipi. Bah oui, il ne faut pas exagérer quoi.

Mais au lieu de jouer à l'ermite, je décide de faire le zombie à mon boulot. Pas beaucoup mieux, je le reconnais. Seulement je bosse au moins. C'est déjà ça.

Contre toute attente, il semblerait que je sois plutôt douée pour cacher des choses puisque ni Etta, ni Timmy ne remarque que je ne pète pas la forme. À moins que ces derniers aussi ne soient pas dans leur assiette... Cela expliquerait beaucoup de choses. Pour résumer la situation, nous serions des colocs moroses qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. À bien y réfléchir, c'est très probable que ce soit ce qu'il se passe actuellement.

C'est l'esprit embrouillé que j'ai préparé la commande de ma cliente. D'ailleurs cette dernière n'a pas arrêté de m'envoyer des coups d'œil agacés. Avoir une vendeuse qui rêvasse ne fait probablement pas partie de ses souhaits. Tandis que je récupère les pièces que la vieille dame me tend, je ne peux m'empêcher de repenser à mon beau blond.

Et si je le recroisais ? Que pourrais-je lui dire ? « Eh salut, tu te souviens de moi ? Nous nous sommes embrassés dans l'ascenseur il y a deux jours. Au fait, c'est quoi ton petit nom ? ». Je grimace de l'absurdité de ma réplique. Mince alors, je suis vraiment pathétique.

Le raclement de gorge de ma cliente me sort de mes pensées. Avec un sourire désolé, je lui tends son sac et lui souhaite une bonne journée. Sapristi, si ce bel inconnu reste dans mon esprit encore ne serait-ce que deux minutes, je suis certaine d'être mise à la porte. Et ce n'est vraiment pas le moment que je me retrouve sans travail.

— Rebecca, peux-tu venir me voir deux secondes ? m'appelle Mandy.

La patronne ne s'est pas déplacée, ce qui fait qu'elle a crié pour que je l'entende. Cela n'annonce rien de bon. C'est la gorge nouée que j'obéis. Tout en laissant ma place à Mariana qui me tapote l'épaule dans un signe de réconfort, je pars dans la petite pièce du fond. J'ai les mains moites et n'arrête pas de me mordre les lèvres. Quand je parlais d'être mise la porte, je ne pensais pas si bien dire.

Je suis sur le point de balancer une tonne d'arguments pour garder mon poste lorsque j'arrive dans la salle, mais je ne dis finalement rien en découvrant une Mandy farineuse. Bon, si elle ne voulait plus de moi ici, elle aurait au moins les bras croisés sur la poitrine, non ?

— Viens là, fait-elle en remuant la main.

Je m'exécute docilement. Encore un peu angoissée à l'idée d'être virée, je peine à respirer. Je ne veux pas quitter Mo's Little pastries. Je me plais ici. C'est mon deuxième foyer. Je me suis attachée à cet endroit convivial et à son personnel.

— Laves-toi les mains. Tu vas pâtisser.

 J'offre des yeux ronds à ma supérieure.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-elle en tournant la tête vers moi, les sourcils froncés.

Petit ami & Compagnie 2 - Partie 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant