Petit ami & Compagnie 2 - Partie 1 (Terminée)

Chapitre 2 partie 2 : Mission prise en filature

Cinq minutes plus tard, je suis à nouveau en plein marchandage avec ma conscience. Chocolat ? Pas chocolat ? Ce n'est pas bon pour les kilos et franchement, je n'ai pas besoin d'en prendre plus, je suis assez ronde comme ça.

Bon très bien, on abandonne les gourmandises pour aujourd'hui !

J'ai pris sept articles et mon sac menace déjà de se déchirer alors après un soupir de résignation, je me dirige vers les caisses. En chemin, je croise le vieil homme de tout à l'heure et ce dernier secoue la tête en m'apercevant.

Oh ça va hein, tout le monde tombe un jour ou l'autre ! OK je me suis rétamée sans une once de grâce mais on ne va pas en faire un roman tout de même.

Quel bougre je vous jure ! Tout en me redressant pour lui montrer que son sourire mesquin ne m'atteint pas, je passe devant lui et donne un coup d'œil à son panier.

— Vous savez, à votre place, je penserais à mon taux de cholestérol. À votre âge, plutôt avancé, la charcuterie n'est pas très recommandée.

Le sourire mauvais du vieil homme se stoppe et je hausse les épaules avant de continuer ma progression vers les caisses, fière de ma réplique. Malgré ma grande bonté, je ne suis pas non plus du genre à laisser une personne se moquer de moi.

Non mais, attrape ça dans tes quenottes, ou ton dentier plutôt devrais-je dire !

Mon sac désormais posé par terre, je patiente dans la file d'attente devant la caisse rapide. Mon pied tape le rythme de la musique et ma conscience essaie de tenir bon face à mon petit démon intérieur qui me crie de partir chercher deux grosses tablettes de chocolat quand j'aperçois à nouveau mon beau blond. Je ne peux pas m'empêcher de le regarder de la tête aux pieds tandis qu'il règle la caissière. C'est déroutant qu'une simple apparition de sa part embrouille à ce point mes pensées.

Comment pouvons-nous être éblouie par une personne et la trouver banale en même temps ?

Le blond échange quelques mots avec une vieille dame avant de lui offrir un sourire éblouissant et mon cœur s'emballe aussitôt. Alors que mes lèvres commencent à s'étirer, je me force à me reprendre. Mais cela ne dure pas longtemps puisque deux secondes après seulement, quelque chose de complètement loufoque me traverse l'esprit.

J'ai promis à Etta de reprendre ma vie amoureuse en main, ou au moins de m'amuser et hier soir je lui ai dit que je foncerai dès que je croiserai un homme qui me plaît. Bien qu'il n'ait pas du tout les critères des hommes qui m'attirent à l'ordinaire, il a fait naître quelque chose en moi en venant m'aider. Et ses yeux, bon sang, ses yeux ! Ce n'est pas possible d'en avoir de si beaux.

Poussée par mon impulsivité, qui me vaut la plupart du temps de nombreux ennuis, je vide mon sac de courses sous le regard surpris des gens qui attendent derrière moi. Je me décale de la file d'attente et en le voyant s'éloigner avec son carton, je me dépêche de sortir du magasin.

J'ai presque envie de crier « Romeo », comme dans le morceau de Dolly. Ça y est, désormais, j'ai sa chanson en tête.

Et s'il est venu en voiture ? Comment fais-tu pauvre idiote ? soupire ma conscience, déjà désespérée par ma réaction.  Heureusement pour moi, il traverse le parking à pied.

Pas vraiment sûre de ce que je suis en train de faire, je m'engage sur le même trottoir que lui. Je n'ai jamais pris quelqu'un en filature. Je ne sais pas vraiment comment on fait et j'ai l'impression d'être une malade mentale qui suit sa pauvre victime. Je ne sais pas à quoi cela va m'avancer de le suivre ainsi d'ailleurs. Savoir où il habite ? Non, ça fait psychopathe bonne à enfermer. Savoir s'il a une copine ? Ce n'est pas beaucoup mieux.