Chapitre 20 : Le blues

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Le samedi 26 août

J'attends bêtement jusqu'à samedi soir que Terrence appelle. Et bien évidemment, il ne le fait pas. Alors la veille de ma reprise de boulot, puisque Mandy m'a notée en repos jusqu'à dimanche, je décide de zapper le docteur Miller et le discours complètement erroné de mes amis.

Si je les ai crus pendant quelques minutes, voire heures, l'absence d'appel de Terrence m'a fait comprendre que j'avais un peu trop pris mes désirs pour des réalités.

— Becca chérie, et si tu nous préparais un de tes délicieux gâteaux ? demande subitement Timmy en retirant son casque pour se reconnecter à la réalité, lui qui depuis son arrivée à l'appartement n'a pas lâché son ordinateur.

— Pas envie, ronchonné-je.

— Tu fais chier ! rouspète-t-il en retour.

Etta croise mon regard puis hausse les épaules. A son entrée à la maison, notre coloc ne nous a pratiquement pas décroché un mot et s'est rué sur son ordi. Je ne sais pas ce qu'il y fabrique dessus, mais en tout cas, ça passe avant nous.

Alors son gâteau, il peut se le mettre là où je pense.

— Je me disais, souffle ma meilleure amie en se glissant à mes côtés (pour cela, elle est obligée de gigoter comme un asticot), dimanche prochain, on pourrait aller à la piscine, qu'est-ce t'en dis ?

Comme je hausse un sourcil, elle se justifie :

— L'été est pratiquement fini. Septembre arrive. Ça pourrait conclure notre période bikini et drague sur la plage inexistante.

Ça y est, j'ai compris. Etta a la nostalgie du mois d'août. Parce que les années précédentes, lorsque nous partions en vacances, c'était durant cette période.

— Tu sais que je ne suis pas à l'aise à me montrer en maillot de bain devant les autres, soupiré-je.

J'ai beau avoir changé, avoir plus confiance en mon corps et réussir à ignorer la plupart du temps les remarques des autres, je ne suis pas pour autant une fan d'exhibitionnisme, contrairement à mes deux meilleurs amis. D'ailleurs, cela me fait penser que ça fait longtemps que je ne les ai pas vus se trimballer en tenue d'Adam et Eve. Plusieurs mois pour être exacte.

— On pourrait proposer à Jeff de prendre Elliot avec nous, continue cette peste qui me sert de coloc.

Je roule des yeux alors qu'elle sourit. Parce qu'entre nous, elle sait qu'elle vient de gagner la partie. Car depuis que le pauvre Jeff est à l'hôpital (il sortira d'ici quelque temps), je n'ai pas pu voir son fils. Rosa, qui est ravie de se remplir les poches, ne lâche plus le garçon.

Les seules fois où elle s'est pointée à la chambre de mon ancien partenaire de danse, je n'étais pas là. Et je ne me suis pas cachée devant mon ami : j'aurais voulu passer un après-midi avec Elliot. Tout le planning est déjà prévu : on irait en ville, on achèterait une glace, puis on irait au parc, ou à un truc d'arcade de jeux s'il veut (j'ignore comment ça s'appelle, je n'ai jamais eu le sang de geek qui a coulé en moi).

Enfin bref, j'aurais voulu passer un peu de temps avec le bonhomme et contrairement à l'étudiante, je l'aurais fait gratuitement.

— Si on programme pour la semaine prochaine, Jeff sera peut-être sorti, puis il aura eu le temps de prévenir Rosa.

— Je déteste quand tu as raison.

Le sourire angélique qu'elle m'offre est pire que le précédent.

— Je sais.

Après une petite grimace, je parviens à me sortir du canapé. Prendre quelques jours de repos ne m'a pas fait particulièrement du bien. J'ai plus l'impression d'avoir pris dix ans. Je peine toujours à marcher bien que les douleurs commencent un peu à diminuer (je veux dire les douleurs qui passent au-delà des calmants bien évidemment) mais le fait est que je n'ai rien fait de mes journées. La fainéantise m'a attrapée. Et justement, s'il y a bien quelque chose dont j'ai horreur, c'est de ne rien faire.

Petit ami & Compagnie 2 - Partie 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant