Chapitre 16 : Le repas de famille

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Le dimanche 20 août

— Un peu de jus de grenade ?

Ma mère m'offre un sourire pour accompagner sa proposition, ceci dit, ça ne m'empêche pas de refuser.

Aujourd'hui, dimanche, je suis assise dans le canapé de mes parents, prise au piège entre mon père, qui parle un peu trop de sport pour avoir remarqué que sa fille qu'il n'a pas vue depuis des mois est à côté de lui, et mon cousin. Celui-ci, une bière à la main, converse avec mon paternel, comme s'il était le fils et moi l'invitée.

Me dire que le dîner n'a pas encore commencé me déprime. Je sens que je vais passer un des pires dimanches de ma vie.

— Oh mais c'est la montre de grand-mère ! lance subitement Kenny.

Si mon père ne semble pas embêté que mon cousin ait coupé court à leur conversation pour faire cette remarque, moi, je trouve cela irrespectueux. Et pas très malin, car il vient de briser sa couverture. Mes parents ne se rendent peut-être pas compte qu'il est là uniquement par intérêt. Mais moi, j'ai compris dès le départ pourquoi il venait ici.

— Oui, c'est sa montre.

Pour répondre, j'ai été obligée de lui parler français car c'est ainsi que mes parents ont décidé que le repas se passerait. Par respect pour mon cousin, qui est français, et vit en France, ils ont estimé que c'était normal.

Peu importe l'effort que je viens de faire, Kenny semble s'en foutre royalement. Il est bien trop occupé à loucher sur le bijou.

— Je ne comprends pas pourquoi tu la gardes. Elle est vieille et lourde et...

— Et elle te rapporterait un bon paquet de fric, le coupé-je.

J'en avais marre de le laisser progresser ainsi sans être démasqué. Kenny est venu à la maison uniquement pour récupérer ce bijou de famille. Car contrairement à moi qui suis attachée à cette montre et les souvenirs de grand-mère qu'elle me renvoie, lui ne pense qu'à l'argent qu'un tel bijou pourrait lui rapporter.

En effet, grand-père a fait une folie lorsqu'il a offert cette montre à sa femme. C'est un bijou de riche et surtout, un bijou comme on n'en voit pratiquement plus de nos jours. Autrement dit, ça promet une petite fortune à tout rapace du coin.

— Rebecca, s'il te plaît ! lance ma mère en regardant Kenny d'un air désolé.

Je décide d'ignorer celle qui se monte contre moi alors que je défends sa propre mère. Je n'ai pas envie de me disputer avec elle. Pas après plus de huit mois de séparation.

— Tu vois Kenny, moi, je préfère être pauvre et honorer la mémoire de mémé qu'être riche et être une mauvaise personne.

— Est-ce que tu viens vraiment d'insinuer que je suis une mauvaise personne ?

Dix ans que je ne l'avais pas vu et il ne m'avait vraiment mais alors vraiment pas manqué.

— Parfaitement.

Je crois qu'au lieu de manger, je vais prendre un retour pour l'appartement illico. Et si Etta ainsi que Timmy me font chier, je leur dirais d'aller se faire foutre. Oui, je n'ai toujours pas pardonné pour leurs mots blessants de l'autre fois. L'ambiance à la maison est phénoménale.

— D'accord.

Moi qui avais préparé d'autres phrases pour répliquer, me retrouve comme une imbécile à ne pas savoir quoi répondre. Ça, je ne l'avais pas prévu. Encore moins l'air malheureux que le visage de mon cousin vient de prendre.

— C'est aussi ce que m'a dit Shirley avant de m'annoncer qu'elle voulait divorcer, il y a deux mois et qu'elle comptait obtenir la garde de Lila. Donc je suppose que ça doit être vrai.

Petit ami & Compagnie 2 - Partie 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant