FRESH

Chapitre 6 - Shopping entre filles

Matilde est tout simplement K.O.! Pour être son modèle parfait, Zoé lui impose certaines règles : elle lui interdit de manger certains aliments et lui indique même les horaires de ses repas. Chaque matin, Zoé l'attend devant le lycée à six heures précises pour courir pendant une heure. Et en ce lundi de rentrée, le rendez-vous est toujours fixé. Matilde apporte donc avec elle ses affaires de cours ainsi que des vêtements de rechange et les laisse chez Zoé.

Après l'heure de jogging, les filles prennent une douche et se préparent pour le lycée. Sur le chemin Zoé essaie d'avoir une conversation normale, mais Matilde ne fait que se plaindre.

— J'ai perdu trop de kilos !

— On mange ensemble ce midi ? J'aimerais te présenter mon projet.

— Zoé, je fais un bonnet D, je n'ai pas envie de le perdre !

— Matilde, tu m'agaces. Au pire, tu feras du C, et alors ? Louis sera toujours content, non ?

— Quel est le rapport avec Louis ?! C'est bon là ? On peut arrêter ?

— Un jour on ira dans un magasin et tu essaieras un pantalon taille 38. S'il te va, on arrête.

— 38 ?? Impossible !!

— Si, si. On arrêtera qu'à cette condition. Mais pas totalement.

— Pas totalement, c'est-à-dire ?

— J'ai peur qu'en arrêtant tu reprennes le poids que tu as perdu. En fait, c'est même certain. Dorénavant, on se donnera rendez-vous pour courir le samedi matin, seulement. Tu continues de faire les exercices, mais je te dirai à quelle fréquence. Comme ça tu garderas la ligne.

— D'accord, mais s'il te plaît, laisse-moi manger un kebab.

— Tu es épuisante, souffle Zoé en décortiquant les syllabes.

— MATILDE ! crie une voix derrière elles.

— Ah, c'est Kathline et Sophia... Zoé, tu peux continuer sans moi, je vais les rejoindre.

— D'accord, à tout à l'heure.

Matilde va rejoindre ses amies qui la regardent avec de grands yeux.

— Qu'est-ce qu'il y a ? leur demande-t-elle, troublée.

— Mais tu es malade ! s'indigne Sophia. Tu parles avec cette prostituée cancéreuse ?

— Eh, ce n'est pas très cool de dire ça. Même si j'étais la première à l'insulter, reconnaît Matilde en marmonnant. Enfin bref, c'était avant. Je vous annonce que vous avez devant vous la nouvelle mannequin, qui sera bientôt très en vogue, de la photographe professionnelle Zoé Laroche !

— What ? Tu vas faire la mannequin pour Zoé ? demande Kathline. Ça va Matilde ?

— Oui, très bien.

— Euh... Tu as oublié le jour où elle a raconté à tout le monde que ton père était clandestin et que ta famille de neuf frères et sœurs était menacée d'expulsion ?

— Où bien, quand elle a dit que tu avais été adopté par une « chinoise » qui a eu pitié d'une petite somalienne ?

— Et la fois où elle s'est jeté toute seule contre le mur en disant que tu l'avais poussé pour se venger de je ne sais plus trop quoi que tu lui aurais fait ?

— C'est toi-même qui disais : « Cette fille, c'est the vipère ! Tu ne l'approches pas, tu ne lui parles pas, tu ne la connais pas. Elle mord et son venin est mortel. ».

— C'est bon les filles, c'est oublié.

— Matilde, insiste Sophia, tu es trop gentille ! Elle pourrait bien se moquer de toi ! Tu y as pensé ? On ne donne pas de seconde chance à ce genre de fille.