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Chapitre 26 - Entrevue entre mères

— Alors ? Que vouliez-vous me dire ? Enfin, que voulais-tu me dire, Ophélie ?

— Hmmm... et bien...

— Assieds-toi.

— Au fait ça n'a rien à voir avec le voyage en Espagne. C'est à propos de...

— De ?

— Mon fils. Mon aîné. Ces temps-ci, il fait des choses qui me déplaisent fortement et... j'ai cessé de lui parler.

— Mais qu'a-t-il fait ?

— Je n'ai pas très envie d'en parler. Disons qu'il accumule.

— Bien. Et qu'attends-tu de moi ?

— À ton avis, que dois-je faire ? J'aime mon fils, mais je ne supporte plus de le voir. Quand il me parle, je l'ignore et je ne le regarde même pas. Aujourd'hui, je lui ai mis une droite et il y avait du sang partout. Je n'ai même pas bougé d'un pouce. Je l'ai laissé se débrouiller. Finalement, sa copine est passée et s'est occupé de lui.

— Je vois, acquiesce Sun Dae, n'étant pas sûre de bien avoir entendu.

— Je ne passe pas mon temps à cogner mes enfants ! se rattrape Ophélie. Mais c'est allé assez loin aujourd'hui... Est-ce que tu as déjà eu l'impression d'avoir tout raté ?

— Ah oui, plus d'une fois. Mon mari est souvent en déplacement et qu'il soit absent ou non, je dois faire mon travail. J'ai trois filles alors trois fois, je me suis mise en tête d'être une mère parfaite avec une méthode d'éducation infaillible, mais il y a encore et toujours des difficultés.

Ophélie renifle.

— Tu sais, lui dit Sun Dae en lui posant la main sur l'épaule, pour de jeunes mères comme nous, ça arrive d'être déstabilisé en se disant que notre incompétence à élever des enfants est due à notre jeune âge... Tu as eu Loïc à 17 ans, c'est bien ça ? Moi, j'ai eu Sonja à 18 ans, et ça n'a pas été facile tous les jours. Matilde m'a raconté beaucoup de choses à ton sujet. Bon, je ne vais pas te faire un dessin, tu es veuve et seule...

— Mais qu'est-ce que je dois faire ? Il fait vraiment n'importe quoi, et ça ne fait qu'empirer !

— Parle avec lui. Dis lui clairement où est le problème.

— Ça rentrera par une oreille pour ressortir par l'autre !

— Au moins tu l'auras fait. Tu sais, ton fils est grand, alors tu ne peux pas le contrôler. Courage ! On a toutes les deux trois enfants à la maison, et puis une fois qu'ils ont dix-huit ans, ils croient que le monde leur appartient.

Ophélie daigne enfin rire. Sun Dae la rejoint alors. Les deux femmes discutent encore quelques instants et s'échangent leur numéro de téléphone. Après le départ d'Ophélie Sun Dae se met directement au travail : préparer à dîner.

En rentrant chez elle, Ophélie va voir ce que sont en train de faire ses enfants. Louis joue aux jeux vidéo dans sa chambre et Noor regarde la télé au salon. Elle décide de voir si Loïc est dans sa chambre. Elle frappe à la porte avant de l'ouvrir tout doucement. Il est allongé sur son lit et regarde une vidéo sur son nouvel iPhone. Il porte son casque qui l'empêche d'entendre ce qu'il se passe autour de lui. C'est quand Ophélie s'assied sur son lit qu'il remarque sa présence.

— Ça va doudou ? lui demande-t-elle en lui caressant le front.

— Euh... oui. Je crois.

— Je suis désolée pour tout à l'heure. J'ai mis toute ma force dans mon poing et... enfin bref. Ça te dit que ce soir, on aille dîner au resto ? Rien que tous les deux ?