Je venais de finir de leur raconter mon évasion et de leur exposer mon plan par la même occasion et ils me fixaient tous comme si j'étais un alien venu d'un autre monde, sidérés.
- Tu es vraiment sorti par-là ? lâcha Sarah, dégoûtée.
- Tu devrais aller te reposer un peu, non ? demanda Thomas, inquiet.
- Tu vas arrêter la limonade pour aujourd'hui, Ok ? renchérit Timothée, effrayé.
- Tu es sûr de vouloir mettre ta vie en danger ? m'interrogea mon professeur, sérieux.
- Oui, non, peut-être et... Oui Monsieur. Après tout, c'est vous qui m'avez recruté parce que j'étais capable de l'affronter. Le seul souci c'est qu'il nous faudrait une Chronoport, or Jérémy en porte une et il a détruit la deuxième.
- Pour ça, j'ai peut-être une solution, avoua Tom. Il y a quelques temps de cela nous avons travaillé sur un troisième prototype capable de transporter deux personnes à la fois. Je t'en avais parlé le jour de ton arrivé, tu t'en souviens ? Disons que nous avions du mal à stabiliser toutes les molécules : la dernière souris à avoir essayé a perdu un orteil. Vous comprenez que ça pourrait être bien pire. Mais au lieu de détruire la montre, je l'ai cachée, je voulais faire une mauvaise blague à Tim un de ces jours, j'avais pensé à une histoire de fantôme...
- Et elle est où cette troisième horloge télé-porteuse ?
Quelques heures plus tard, nous étions prêts à partir. Tous s'étaient équipés des derniers équipements retrouvés intacts ici et là dans le laboratoire détruit. A savoir une Xadamantis pour Timothée et Thomas qui ne pouvaient arrêter les balles ou se protéger à l'aide d'un champ de force, n'ayant aucun pouvoir spécial, des laserifive et un électrogun pour Sarah et un Curaris3000 pour le Chaman. Quant à moi, qui ne savais me servir d'aucun gadget, je portais seulement la Chronoport modifiée autour de mon poignet droit. Je tentai vainement d'adresser à tous un sourire encourageant, mais vu dans quel état je me trouvais moi-même, le résultat ne devait être ni plus ni moins qu'une grimace étrange avec une bouche tordue et un regard inquiet. Je tendis le bras et M. Manéchal posa sa main sur mon épaule. Il me serra si fort que je vis ses jointures blanchir et une vive douleur me transperça tout le haut du bras. Je ne criai pas, ni ne tentai de me dégager : nous étions tous sur les nerfs. Je croisai brièvement son regard avant d'appuyer sur le cadran. Notre voyage comportait un double risque : le prototype n'était pas parfait et mon professeur n'avait aucune idée de l'endroit où nous nous rendions, j'étais donc le seul à pouvoir me concentrer pour atterrir au bon endroit.
Je n'avais encore jamais voyagé par montre télé-porteuse et je peux vous dire que je n'ai aucune envie de recommencer. Au départ on ressent juste un léger picotement dans les bras, puis le picotement se prolonge jusqu'à la poitrine, le ventre, les jambes, les pieds, jusqu'au bout des doigts et même à l'intérieur de votre corps. Puis la douleur s'intensifie, ça brûle. On a l'impression de se consumer sur place et de tomber en cendres, comme si, un par un, tous vos atomes se détachaient de votre corps et s'envolaient dans le vent. Ce qui est le cas bien sûr. La re-matérialisation n'est pas des plus agréables non plus, les atomes forment des molécules assez rapidement mais celles-ci sont extrêmement désorganisées. Il n'est pas rare que l'un de vos orteils prenne la place de votre pouce ou de votre majeur. Et même une fois que votre être est à peu près entièrement reconstitué, on a l'impression d'avoir des trous partout dans l'estomac et ça fait des courants d'air, j'ai eu si froid que mes sourcils ont gelé ! A part ça, tout s'est à peu près bien passé. La première fois, je nous ai emmenés à deux mètres de la porte de l'usine, sur le parking, la deuxième fois quand je suis allé chercher Timothée, pile au même endroit mais à un mètre du sol. Enfin lors de mes troisième et quatrième aller-retour avec Thomas et Sarah, je suis parvenu à nous déposer dans le petit hall sombre, à deux centimètres de la fabrique. Et le mieux, c'était que tout le monde était resté entier, même si Tim affirmait que sa narine droite avait pris la place de la gauche, et vice-versa.
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GENIUS - Tome 1 : Trahisons
ParanormalMathis Menson, un jeune surdoué de treize ans méprisé par ses camarades de classe et délaissé par ses parents, s'ennuie à mourir dans le pensionnat pour enfants précoces où il vit depuis ses huit ans. Sa seule distraction : le piratage informatique...