Chapitre 8

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Oh if this old house could talk, what a story it would tell ;
it would tell about the good times, and the bad times as well



Ce matin-là, lorsque Kay stationna la voiture devant la maison Prideaux, ce n'était pas Louis qui les attendait mais sa sœur, assise sur les marches du porche. En les voyant descendre du véhicule, la jeune fille se remit debout d'un bond gracieux et essuya machinalement son short en jean.


— Bonjour, les salua-t-elle gaiement, une main placée en visière au-dessus des yeux – le soleil volait en rase-motte le long de la cime des arbres, et les alentours dégagés de la maison étaient baignés de lumière.

— Bonjour, répondirent-ils d'une même voix.

— Mon frère arrive. Je vous attendais parce qu'on a pas eu tellement l'occasion de se parler quand on a été présentés hier. Kay, vous êtes disponible ce soir pour venir dîner chez nous ?

— Oh, je... oui, bien sûr, c'est très gentil...

— Parfait ! Alors vous n'avez qu'à revenir ici avec Lou au retour de votre expédition ! lâcha Mazarine joyeusement, puis elle tourna les talons et remonta les marches d'un pas sautillant.


Elle croisa son frère qui sortait à ce moment.


— Kay vient dîner ce soir, triompha-t-elle en l'enlaçant. Je reviens du salon vers six heures.

— Vise cinq heures trente, on va t'attendre sinon. Jesse est déjà parti ?

— Oui, il a emmené le Kid à l'école. A ce soir, Kay ! salua la jeune fille en disparaissant dans la maison.


Louis fixa la porte un petit moment, ses yeux mornes vides de toute expression, puis il sembla se réveiller et descendit le perron de sa démarche indolente.


— Bonjour, Kay. Gary. Je vois que vous avez amené du matériel, nota-t-il en apercevant les caisses qu'ils déchargeaient.

— Oui, il est temps de voir une fois pour toutes ce qu'il y a dans cette eau, répondit la jeune femme.

— Amen, l'approuva le grand blond en prenant la direction du ponton.



*



Les moustiques passèrent à l'attaque moins de dix minutes après leur départ. Le thermomètre avait encore augmenté et l'immense étendue d'eau stagnante que Kay et ses compagnons exploraient était leur royaume. La jeune femme avait la chance de les attirer beaucoup moins que l'infortuné Gary, et après quelques réticences, ce dernier finit par rejoindre Louis à l'abri de la cabine.


Restée seule sur le pont et peu désireuse de se tasser à l'intérieur, Kay enfila une chemise en toile légère par-dessus son t-shirt pour protéger ses bras des envahisseurs. Ils passèrent devant une maison sur pilotis faite de bric et de broc, loin de tout ; vivre dans un rejet de bidonville sur un marécage, le rêve. A un endroit où le fleuve immobile formait un léger coude, ils changèrent à peine de direction, et la jeune femme accoudée au bastingage eut juste le temps de discerner du coin de l'œil une bâtisse. Cette dernière ne se révéla que dans une brève vision, cachée qu'elle était derrière le barrage dense de la mousse espagnole qui bordait le bayou de ses longues lianes duveteuses. Contrairement aux bicoques qui donnaient directement sur l'eau, elle était en retrait dans la forêt et avait semblé bien plus grande. Plongée dans des rêveries, la jeune femme n'aurait pas su situer où ils se trouvaient ; l'endroit où elle avait cru apercevoir la maison disparaissait déjà derrière eux, de toute façon. Ses pensées y revinrent pourtant plusieurs fois, essayant de reconstituer ce qu'elle n'avait qu'entrevu. Quelque chose dans cette vision l'avait électrisée, même si elle était bien incapable de dire quoi.

Les Échos du bayouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant