Chapitre 31 partie 2

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And you could have it all, my empire of dirt
I will let you down, I will make you hurt


Kay se trouvait cernée de portes, sans murs pour les soutenir. Il lui semblait que de chacune d'entre elles sortaient des tam-tam de tambours qui montaient progressivement en volume, faisant vibrer tout son crâne. Elle plaqua ses poings fermés sur ses oreilles et ferma les yeux aussi fort que possible. Le rythme entêtant la distrayait. Elle sentait qu'il n'y avait rien de ce qu'elle cherchait derrière ces portes - et qu'elle ne voulait probablement pas voir ce qui s'y trouvait. Il lui sembla qu'elle était restée dans cette position des heures, ou des secondes. Les percussions s'arrêtèrent net. Elle rouvrit les yeux.

Face à elle, il n'y avait plus qu'une porte. D'aspect anodin, presque rouillé. Il y avait toutefois un panneau « Défense d'entrer » d'un rouge menaçant. Kay secoua la tête et tourna la poignée.

Deux personnes se trouvaient à l'intérieur du local exigu ; elle identifia celui qui était debout, l'ermite du bayou. Il se tenait les bras croisés, son tatouage militaire bien en évidence sur son épaule. L'autre occupant de la pièce était assis derrière un bureau sommaire, sur lequel trônait un masque aux motifs sombres et à l'expression effrayante, entouré de plumes noir et sang. Le regard de la jeune femme s'en écarta pour se poser sur le vrai visage de cette personne, qui lui était nettement plus familier.

— On a fait le premier versement nous, et maintenant ? demandait l'ermite.

— On attend. Les habitants vont bientôt remarquer les premiers symptômes. Il faudra continuer les versements jusqu'à ce qu'ils prennent la menace suffisamment au sérieux.

— Combien de temps ?

— Le temps qu'il faut. La patience a toujours été notre alliée fidèle. Ensuite, eh bien, je ferai usage de mes contacts pour que le dossier atterrisse au bon laboratoire et à la bonne personne.

— Pourquoi on peut pas juste aller la kidnapper, elle ?

— Ses pouvoirs sont... dormants, si j'ose dire. Morrigan n'a pas observé d'évolution depuis le temps qu'il est avec elle. Si on la rapproche du point de convergence, ses pouvoirs seront amplifiés.

— Et s'ils le sont pas ?

— Ils le seront.

Un léger sourire fendit son visage.

— Un peu de foi, mon ami.

Après un soupir, Papa Nightmare reprit :

— De toute façon, nous avons toujours Morrigan. Il saura la maintenir dans la bonne direction sans même qu'elle s'en rende compte. Où en est-on avec Charlie ?

— Le juge que tu as payé a fait ce qu'on lui demandait, ça oui. Bientôt il sera entre tes mains.

— Bien.

— Tu parlais de foi, toi. Et Kiz ?

— Quoi donc, Kiz ?

— Une sale gamine. Pas fiable. Pas si forte. Tu es sûr de vouloir lui confier les opérations, oui ?

Un bref silence songeur envahit la pièce.

— De tous mes enfants, Kiz est celle qui a le plus... profondément souffert. Son immense ego n'est qu'un masque mal ajusté. Il n'est que justice que je lui accorde une attention particulière. De plus, elle est loyale jusqu'à la mort. On ne veut pas d'une deuxième Belle, n'est-ce pas ?

L'ermite grogna de mécontentement.

— Depuis ce... revers, je préfère compter sur la loyauté que la force. Sans compter que la loyauté de Kiz entraîne celle de Morrigan. Contrairement à elle, il a vu le monde. Comme Belle, cela pourrait le détourner. Kiz le maintient concentré sur nos objectifs.

Les Échos du bayouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant