Chapitre 28

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Il y a un récap des derniers évènements au cas où vous l'auriez raté et vous en avez besoin (je ne comprends pas, tout ça est pourtant si frais d'hier), c'est sur la dernière publication avant celle-ci



Listen to the wind blow, down comes the night ;

run in the shadows, damn your love damn your lies


C'était étrange comme la maison du Seuil lui paraissait moins sombre et moins menaçante sans la goule. A vrai dire, elle commençait presque à s'y sentir bien, d'une certaine façon qu'elle avait du mal à expliquer. Peut-être que cette nuit aussi, c'était différent.

— Vous avez l'air de bonne humeur, releva d'ailleurs Turtle Skin.
— Bonne humeur, je ne sais pas, mais je crois que j'ai moins peur.

Il hocha la tête, comme s'il savait précisément de quoi elle voulait parler.

— Et puis, je quitte cet endroit demain.
— Cet endroit ?
— Bridgeville. Le trou dans le voile. On devrait peut-être se dire au revoir, je ne crois pas qu'on se reverra avant un moment. Peut-être même que vous allez presque finir par me manquer.

Un sourire vint flotter sur les lèvres du vieillard.

— On s'est déjà vus beaucoup plus souvent que vous le croyez, et je doute que ça s'arrête demain.
— Vraiment ?
— Bien sûr. Peut-être que vous vous en souviendrez moins, c'est tout. Ou peut-être pas.
— Ne le prenez surtout pas personnellement, mais j'espère que si.

Le sourire s'élargit. Kay ne savait toujours pas si tout cela était réel ou si elle se parlait seulement à elle-même dans un coin de sa tête.

— Parfois, je me demande encore si je suis juste folle.

C'était une idée rendue d'autant plus terrifiante par ce qu'elle avait appris et vécu ici, tout particulièrement le cas de Maze. Elle pensait qu'elle n'était pas folle car sa réalité avait un sens : mais vivait-elle la même réalité que tout le monde ? Après tout, Maze croyait ses fantasmes comme si elle les vivait. Savoir que c'était possible... ça donnait le vertige. Aurait-elle été capable, comme le shérif le soupçonnait, d'enlever un enfant sans s'en rappeler ? Peut-être parce qu'elle s'imaginait le « sauver » de sa famille ? Non, quelque chose en elle lui soufflait qu'elle ne pouvait pas avoir fait ça... Et puis, ça aurait expliqué cet épisode de Dreamtown, mais les autres ? Ceux qui s'étaient déroulés des années auparavant ? Soit elle avait un pouvoir, soit elle était psychotique. Ça ne pouvait pas être une fois l'un, une fois l'autre.
N'est-ce pas ?

— Et quelle est la réponse ?
— Que je ne sais pas, avoua honnêtement la jeune femme. Mais... je ne crois pas.
— Je ne crois pas non plus.
— Ce... pouvoir. Il est étrange. Je ne sais pas très bien quoi en faire.
— Eh bien, qu'est-ce que vous voudriez en faire ?
— Quand on se découvre un truc comme ça, on se dit qu'on est supposé en faire quelque chose, non ? Je veux dire, est-ce que j'ai une sorte de... responsabilité vis-à-vis des gens, du fait que je suis capable de faire des choses exceptionnelles ? Est-ce que je serais plus en mesure de les aider que d'autres ?

Elle fit une pause songeuse.

— Et est-ce que je viens de paraphraser Spiderman ?
— Ça, je ne le saurais pas. En tout cas, peut-être que tout ça, c'est entièrement à vous d'en décider.
— Vous êtes... une partie de moi, mais vous ne connaissez pas Spiderman ? l'interrompit-elle. Un grand pouvoir, de grandes responsabilités, tout ça ?

Il haussa les épaules dans un geste d'impuissance.

— Vous êtes qui, réellement ?

Elle avait l'impression d'avoir posé cette question un million de fois. D'ailleurs, il lui adressa de nouveau ce sourire presque provocateur qui semblait cacher des connaissances hors de sa portée.

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