Chapitre 20 partie 1

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If you're a long way from home, can't sleep at night
grab your telephone, something just ain't right
That's evil, evil is goin' on wrong




Devlin fixait le plafond de sa chambre. Il était trois heures du matin.

Il ne savait pas si c'était sa cheville rendue douloureuse par leur longue expédition dans le bayou humide, ou si c'était le fait d'avoir dû ressortir son arme et s'en servir sur une autre personne. Il n'avait pas fait de mort cette fois. Mais la courte montée d'adrénaline avait réveillé beaucoup de choses que ces dernières semaines lui avaient permis de mettre temporairement de côté.


Avec la crise de Charlie, le besoin de se regrouper et d'évacuer les victimes inconscientes vers un hôpital, il avait fallu du temps avant de penser à retrouver la flèche qui l'avait raté. Elle n'était plus là. Devlin avait fini par localiser l'arbre qui portait encore la marque sur son écorce, mais l'arme elle-même s'était volatilisée. Le culot qu'il avait fallu, pour la récupérer alors qu'ils n'étaient tous qu'à quelques mètres.


Il y avait les enfants volatilisés, aussi. Il savait que ça n'avait aucun rapport, c'était juste une des nombreuses affaires auxquelles était mêlé Bergbrowski. Pourquoi repensait-il à eux ?

C'était la flèche, songea-t-il, la somnolence le gagnant. La flèche.

Mais quel rapport, fut sa dernière pensée consciente.



Lorsqu'il se réveilla brusquement, il lui sembla que la question était si récente qu'elle résonnait encore. S'était-il endormi cinq minutes ? Qui frappait à sa porte à cette heure, alors ?

La lumière du jour diffusée par la fenêtre, les bruissements des insectes et les pépiements des oiseaux lui remirent rapidement l'esprit en place. Il jeta un coup d'œil à sa montre, mais elle s'était encore arrêtée.


— J'arrive, marmonna-t-il en réponse aux coups persistants.


Il avait l'impression de ne pas avoir dormi du tout. S'ébouriffant les cheveux, il s'extirpa du lit et claudiqua jusqu'à la porte comme promis.


— Bonjour, le salua Belle en s'engouffrant dans la pièce sans cérémonie.

— Quelle heure il est ?

— J'aurais pensé que tu serais un peu plus du matin. Peu importe l'heure, écoute. Il faut qu'on trouve un moyen de faire parler Bergbrowski.

— Voilà autre chose. Je n'ai pas le règlement intérieur de Guantanamo sous la main.


La jeune femme eut un geste agacé de la main.


— Je parle pas de ça. Mais il faut qu'on l'interroge.

— Le shérif a changé d'avis ?


Elle leva les yeux au ciel.


— La Terre pourrait imploser sans que Munroe ait changé d'avis sur quoi que ce soit.

Les Échos du bayouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant