Chapitre 15

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I put a spell on you, because you're mine


Gary partit le mardi suivant.

Étant donné que la majeure partie de leur travail se déroulait désormais à Baton Rouge, il préférait réintégrer ses pénates - Kay ne pouvait pas le blâmer. D'autant qu'il n'avait toujours pas réussi à faire accepter sa présence ; pas qu'il ait vraiment essayé, certes.


— Surtout, répéta-t-il alors qu'ils se séparaient dans la cour du motel où un taxi l'attendait, n'hésitez pas si vous avez besoin d'un coup de main ici, si vous avez des prélèvements supplémentaires à faire. Vous avez mon numéro.

— Bien sûr, Gary. On reste en contact de toute façon. Vous êtes sûr que vous n'avez pas besoin de moi au labo ce matin ?

— Non, non, ne vous inquiétez pas. Je vous appelle s'il y a du nouveau. Sinon, on se voit demain. Profitez-en pour vous reposer un peu. Vous avez l'air fatigué, vous dormez bien ?


Bonne question.


— Ça va, éluda-t-elle.


Les adieux furent brefs ; ils allaient se revoir régulièrement tant que cette mission ne serait pas terminée, de toute façon. Restée seule, Kay jeta un coup d'œil à son téléphone. Mazarine lui avait proposé d'aller à la piscine avec elle ce matin, mais elle ne donnait pas de signe de vie. Après un bref instant de tergiversation, la jeune femme décida d'aller à sa rencontre elle-même.



La maison Prideaux semblait paisible, pourtant Kay releva aussitôt la présence des trois pick-up, à l'heure où au moins l'un d'entre eux aurait dû être sur son lieu de travail. La porte était ouverte ; la jeune femme toqua sur le battant de la moustiquaire. Des bruits de pas sautillants se firent entendre de l'autre côté et ce fut Mazarine qui vint lui ouvrir, l'air agité mais enjoué.


— Oh, bonjour Kay !

— J'arrive à un mauvais moment ?

— Pas du tout, entre donc !

— Qui c'est ? lança une voix morne depuis une autre pièce.

— C'est Kay !


Il y eut des paroles échangées, mais pas suffisamment fort pour que les mots leur parviennent. Malgré l'accueil nonchalant de Mazarine, Kay avait vraiment l'impression diffuse de mal tomber.


— Si ce n'est pas le bon moment..., répéta-t-elle. Je ne veux pas déranger, c'est juste que je n'avais pas de nouvelles pour la piscine...

— Oh oui, c'est vrai. On a un peu la tête ailleurs, c'est tout, on a été attaqués cette nuit.


La jeune femme, qui emboîtait le pas à son hôtesse, s'arrêta net.


— « Attaqués » ?


Sans répondre ni se retourner, Mazarine franchit l'arche qui les séparaient de la salle à manger. Son mari et son frère étaient assis du côté de la table qui faisait face à l'entrée - ils avaient l'air morne et exténué.

Les Échos du bayouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant