Chapitre 11 partie 1

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But as sure as God made black and white,
what's done in the dark will be brought to the light




La route défilait sous les yeux de Kay, mais cette dernière n'arrivait pas à prêter attention au paysage. Elle avait mal dormi la nuit précédente, sans qu'elle sache s'il s'agissait d'un deuxième épisode de son étrange cauchemar. Si c'était le cas, cette fois-ci, elle ne s'en souvenait pas. Elle ne gardait de son sommeil qu'un sentiment d'agitation et de crainte diffuse.


— Mauvaise nuit ? demanda Gary, qu'elle avait laissé conduire cette fois-ci.

— Oui, lâcha-t-elle, laconique.

— On n'est plus très loin de Baton Rouge.


La jeune femme hocha la tête. Elle se sentait à côté de ses pompes.


Les nouvelles qu'ils reçurent au laboratoire, cependant, eurent tôt fait de la réveiller un bon coup. Ils passèrent la matinée à parler avec l'expert en toxicologie et à planifier une batterie de tests supplémentaires ; après quoi, Kay appela Raymond Dalehite et lui demanda de rassembler les notables dans son bar pour leur retour en début d'après-midi. Il dut sentir l'urgence, ou du moins l'importance de la nouvelle qu'elle avait à leur annoncer, car tout le monde se présenta au rendez-vous.


— Je suis désolée de vous déranger dans vos journées de travail, attaqua la jeune femme lorsque le dernier fut arrivé. Je me le suis permis parce que notre enquête est arrivée à un stade... perturbant, dirons-nous, et je pense qu'il faut que vous soyez informés de toute urgence de notre découverte. Surtout vous, shérif, ajouta-t-elle en se tournant vers Munroe.

— Vous nous inquiétez, mademoiselle Vincents, répondit l'adjoint au maire. De quoi s'agit-il, au juste ?

— Les techniciens du laboratoire ont réussi à isoler la substance présente dans l'eau du bayou et qui provoque tous ces chamboulements. Je vais la faire courte : elle est artificielle. On ne la trouve pas dans la nature.

— Vous voulez dire..., commença lentement Maynard.

— Elle veut dire que cette substance a été fabriquée, l'interrompit Sherese. N'est-ce pas ?

— Exactement.


L'assemblée resta un moment inerte, figée de stupeur ; l'information et ses conséquences peinaient à se frayer un chemin.


— Vous en êtes sûre ? vérifia le pasteur pour la forme.

— L'expert en toxicologie en est certain. Ils sont parvenus à identifier une petite partie des composants, qui sont eux-mêmes chimiquement produits ; certains ingrédients leur échappent encore. On a trouvé de fortes doses d'oxycodone, qui est un stupéfiant synthétisé à partir d'un alcaloïde présent dans l'opium. Encore une fois, un élément qui ne se trouve pas dans la nature. Trop concentrée, l'oxycodone peut provoquer une dépression respiratoire. Nous pensons que c'est ce qui a pu arriver à certains des animaux. Quant aux comportements agressifs, il y a d'autres drogues dans ce mélange et notamment des hallucinogènes qui ont pu susciter ces réactions incompréhensibles.

— J'ai une question, intervint le maire.

— J'ai plein de questions, grogna le shérif.

— Vous dites... « drogues » ?

Les Échos du bayouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant