Chapitre 20 partie 2

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Everything is freezing, and I can't find the cause ;
wishing I could found a way to open up, be anything but lost



Ils étaient sortis de Bridgeville et se dirigeaient à présent vers le Mississippi. Belle se sentait agitée, intranquille. Elle l'était déjà depuis des années, mais ces derniers jours avaient pris une tournure troublante. Tout cela ne pouvait pas être une coïncidence. Après six ans, d'abord à craindre le pire, puis à se convaincre qu'il ne surviendrait jamais...


— Il est loin, ton dealer ?

— Il est à la limite de l'État. Tous ceux qui travaillent à l'intérieur ont des comptes à rendre à Jesse et à ceux qui l'emploient, c'est comme ça qu'il y échappe.


En effet, ils étaient presque parvenus au grand pont qui enjambait le fleuve et faisait office de lien entre les deux États, lorsque la jeune femme quitta soudainement la route principale. Elle fit bifurquer la voiture sur un petit chemin qui les mena droit dans la forêt, et qu'ils suivirent sur plus d'un kilomètre. Il n'y avait rien dans les parages, pas même une ville minuscule, pas une habitation.

Belle sentit la perplexité du marshal à côté d'elle lorsqu'elle arrêta son véhicule au milieu de nulle part. Il se garda pourtant de commentaire ; une des choses qu'elle appréciait infiniment chez lui. Ils descendirent et elle lui montra une barque dissimulée par la végétation le long de la rive :


— La boutique est fermée. Quand elle est ouverte, il est au milieu du fleuve sur un bateau, et on y accède avec ça.

— Ça me paraît bien compliqué.

— Comme ça, il ne vend ni en Louisiane, ni au Mississippi. Le fleuve est un no man's land. Aucune organisation des deux côtés ne peut lui réclamer de pourcentage ou l'emmerder sur sa concurrence.


Elle marqua une hésitation et haussa les épaules.


— En fait si, je suppose qu'ils pourraient. C'est un peu idiot. Mais bon, il s'arrange pour garder son business suffisamment modeste pour que tout le monde le tolère.

— Je vois. Où est-ce qu'il est alors, quand il n'est pas dans son bateau ?


Belle se dirigea vers une petite butte recouverte d'herbes folles et de mousse. D'un geste du pied, elle repoussa suffisamment de verdure pour montrer à Devlin ce qu'il ne pouvait voir jusqu'ici : l'entrée d'un abri souterrain.


— Ah ouais, siffla-t-il.

— Il est un peu perché, prévint-elle.


Elle donna de grands coups de pied sur la trappe en métal.


— Bureau du shérif, petit con ! Ouvre !


Il y eut un long silence, puis la porte s'ouvrit doucement vers le haut dans un grincement antique et une tête rousse ébouriffée fit une apparition méfiante.


— Ah, Belle Sharp ! la reconnut le nouvel arrivant - une fossette chaleureuse se creusa sur sa joue.

Les Échos du bayouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant