Nouvelle Terre:

Chapitre 9, Partie 2:

[Hello, juste deux trois mots pour vous remettre l'histoire en tête! A la fin de la première partie on apprenait que la mamie de Caïssa était malade, enfin, juste patraque, mais que pour Nouvelle Terre c'était assez alarmant.  Voili voilou, bonne lecture!]

« Tu sais Luna est toute petite, à peine plus grande que moi. Et toute maigre aussi, ses bras sont fins comme des piques à brochettes, je te jure que c'est la vraie vérité. Mais elle va bien, hein, alors je suis sûr que ta mamie ira bien aussi. »

Ils étaient maintenant dans le train qui les ramenait chez eux et Europe se sentait soulagé. Il réfléchissait à ces paroles depuis que Caïssa s'était tue dans le parc et depuis ils n'avaient plus échangé un seul mot. Ils étaient restés côte à côte, en silence, les yeux rivés sur deux points opposés, pour ne surtout pas se regarder.

Cela lui avait pris longtemps pour trouver quoi dire et finalement il se dit que c'était peut-être mieux ainsi. Lorsque la précipitation parle, ce n'est jamais une bonne chose.

« Il y avait un éléphant. Dans le village où a grandi mon père, il y avait des éléphants. Il habitait dans la partie « forêt tropicale » de Nouvelle Ere et le village accueillait des éléphants. Et parmi eux il y avait une dame éléphant, très grande et très vieille. C'était la première dame éléphant clonée de toute l'histoire de la station, la première de son espèce à marcher sur le sol de Nouvelle Ere. C'était la chef des autres éléphants, tu savais ça, toi ? Que ce sont les plus vieilles dames éléphants qui commandent ? Elle était très gentille. Elle ne piétinait jamais les jardins et elle emmenait toujours les autres éléphants là où il y avait beaucoup à manger, et jamais près des barrières invisibles. C'était la plus costaud de toutes les dames éléphants. Et un jour il y a eu un problème, un dérèglement de la météo, un bug dans un ordi ou un truc comme ça. Y'a eu une tempête, genre comme sur Terre. Et un arbre est tombé sur le dos de la vieille éléphant. Les habitants n'étaient pas inquiets, tout le monde disait que ce n'était pas un petit arbre de rien du tout qui allait venir à bout d'elle et les vétérinaires pensaient pareil. Et le lendemain la vieille éléphante était morte. C'était la plus vieille, la plus grande et la plus costaud, mais elle n'avait pas résisté à un petit arbre tout juste plus grand qu'elle. Ma mamie, elle n'est pas la plus vieille, ni la plus grande ni la plus costaud et même si la maladie est toute petite, elle est unique. La première à Nouvelle Ere depuis très, très longtemps, c'est ce que mon papa dit à ma maman lorsqu'il pense que je n'écoute pas. Si la vieille dame éléphant qui était la plus exceptionnelle de tous les éléphants a pu mourir à cause d'un tout petit arbre alors ma mamie, qui n'est exceptionnelle que parce que je l'aime, peut très bien mourir à cause d'une toute petite maladie».

Un temps infini s'était écoulé depuis qu'Europe avait parlé, le voyage était presque terminé. Caïssa n'avait pas déclaré cela d'une traite et quiconque l'entendant aurait sans doute été étonné de voir qu'elle mettait tant de silence entre ses phrases et ses mots, mais le garçon, lui, aimait plutôt cela et la mélodie qui s'en dégageait.

La fillette en face de lui paraissait très triste mais elle ne pleurait pas. Son visage lui-même semblait afficher un message neutre mais ses yeux, eux, clamaient la réalité. On voyait bien au fond de ses prunelles que ce n'était qu'une question de temps avant qu'une mare de larmes ne se forme.

« Tu peux, tu sais.

— Quoi ?

— Pleurer. Lia dit que cela fait du bien, Luna aussi. Mon papa pleurait souvent. Devant des films. Ma maman se moquait de lui, gentiment hein. Même lorsqu'un méchant mourait il pleurait. C'est pour ça qu'elle est tombée amoureuse de lui. Il l'avait invitée en jouant les frimeurs et les durs et elle avait accepté parce qu'elle n'avait rien de mieux à faire. Et puis en regardant le film il a pleuré, beaucoup, et ma maman a trouvé cela adorablement ridicule. C'était elle qui disait ça, adorablement ridicule.