23.2 : Souvenirs

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— Nicolas, je...

— Que fais-tu ici ? demanda-t-il avec un calme glacé.

— Je... je suis venue te chercher. Pour aller au bar...

— Tu pouvais m'appeler.

— Je préférais venir.

Il avança face à elle, terrifiant. Les yeux exultant de rage, il obligea Clara à reculer, de peur cette fois. Jamais encore elle ne l'avait vu dans une telle fureur.

— Pourquoi tu es venue ?

— Je te l'ai dit, je...

— Tu pouvais m'appeler. Je serais descendu.

— Je l'ai fait... Si tu m'avais répondu, je...

— Sors d'ici immédiatement.

Une véritable douche froide. Alors qu'elle avait souhaité se réconcilier avec lui, elle se trouvait nez à nez avec un géant de glace.

— Nicolas...

— Sors.

Les lèvres pincées, elle reprit la direction des escaliers.

Je ne peux pas partir comme ça. Maintenant.

À mi-chemin, elle s'arrêta et fit demi-tour.

— Zut. Non je ne m'en irai pas.

Muet de stupeur, Nicolas semblait tétanisé. Jamais Clara ne lui avait ainsi tenu tête. À l'époque et même si jamais il n'avait levé la main sur elle, elle craignait ses colères. Elle croyait encore qu'une bonne relation se passait de disputes et s'efforçait donc de ne pas les provoquer ni les envenimer.

Depuis, elle avait mûri et savait qu'il valait mieux percer l'abcès au plus tôt. Celui-ci tournait mal ; elle avait trop tardé. Avec l'aide de l'Ange, elle réunit tout son courage et tout son aplomb pour affronter le regard furibond qu'il lui adressait. Même Jérôme n'y avait jamais eu droit. En son sein, l'Ange s'agitait.

« N'oublie pas qu'il est un Fossoyeur, Clara. Tu joues avec le feu, il ne semble pas en mesure d'agir froidement face à une violation revendiquée de sa vie privée. Ne le pousse pas à bout ! »

Confiante, malgré tout, elle savait que Nicolas ne ferait jamais rien contre elle. Il se mettrait en colère, la bouderait quelques jours, mais rien de plus. Elle préférait de loin la colère à la mélancolie qui le hantait. Tant pis si elle devait servir de bouc émissaire.

— Je ne m'en irai pas, tu as bien entendu. J'en ai assez de tes cachotteries. Je ne te demande pas de tout me dire, mais je t'en prie, arrête de me tenir en dehors de ta vie. Je ne veux pas continuer à vivre avec un inconnu. Je ne comprends pas tes réactions. Tu...

— C'est plus fort que toi...

Sa voix, trop basse pour ne pas en être inquiétante, fit aussitôt taire Clara.

— Il faut toujours que tu te mêles de ce qui ne te regarde pas. Que tu satisfasses ton orgueil, que tu saches ce que tu n'as pas besoin de savoir. Tu es plus ici pour satisfaire ta propre curiosité que soi-disant pour savoir qui je suis. Tu le sais parfaitement, qui je suis, alors arrête avec tes belles paroles !

— Si je le savais, je ne serais pas ici à craindre que tu t'emportes simplement parce que j'ai mis les pieds dans cette maison !

Nul besoin d'empathie pour deviner que la colère qui grondait en lui était sur le point d'entrer en éruption comme un volcan en activité.

Les mains tremblantes, il la dévisageait sans ciller.

— Tu te replies sur toi, tu rumines tout seul dans ton coin... je me sens incapable de te redonner le sourire et ça me frustre ! Ça me frustre tellement que j'en viens à te surprendre à regarder des films, et...

Les Fossoyeurs (L'Hybride, livre 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant