Elisabeth et Julian prenaient leur petit déjeuner ce jour-là en compagnie du Prince Gérard et de son père, sa mère étant décédée depuis sa naissance. Malheureusement pour eux, ce ne fut pas une joyeuse occasion de se réunir que de découvrir que miss Suzanne couvrait une forte fièvre, ne voulait et ne pouvait sortir de sa chambre. Elle n'était sortie que pour voir son grand-père Gilbert Draguens lorsqu'il était venu prendre de ses nouvelles après avoir été informé par Isabelle la veille. Depuis, la jeune femme s'était enfermée dans sa chambre et avait catégoriquement refusé de sortir pour voir son futur époux malgré le regard dur que lui avait lancé son père pour l'influencer afin qu'elle aille tout de même les saluer avec un sourire. Heureusement pour Suzanne, son jeune frère qui en avait assez de la voir forcée à faire des choses avait pris sa défense en disant qu'elle n'arrêtait pas de rendre depuis le matin et que cela serait encore plus gênant que cela se produise devant sa future belle famille qui venait pour régler les détails et la date du mariage. C'était évidemment un mensonge auquel Julian avait fein de croire et laissa sa fille se reposer. Suzanne était de plus en plus déprimée à mesure que le jour de leur union approchait. Elle ne voulait en aucun cas passer le reste de sa vie avec un homme qui ne lui inspirait rien de bon mais elle ne devait pas décevoir ses parents. Elisabeth l'avait conseillé en lui contant son union avec Julian de qui elle se méfiait au départ mais dont elle était éperdument amoureuse jusqu'à ce jour.
《De toute façon, je n'ai pas le choix. Je sais que je vais l'épouser dans deux mois probablement mais je... Je veux passer le temps libre qu'il me reste sans penser à ça et à..., expliquait la brune, assise sur son lit.
- Je te comprends totalement, lui dit Isabelle.
- Tu ferais mieux de vite guérir, que je t'emmène prendre de l'air, fit son frère.
- Merci...
- Ça doit être terrible ce que tu vis à l'intérieur de...
- Ce n'est pas nonplus un monstre, coupa Victor qui entretenait une relation assez amicale avec le prince Gerrard.
- Elle ne l'aime pas !
- Et? Fit le brun.
- De toute façon tu n'y comprends rien, riposta la blonde.
Victor croisa les bras.
- Si justement. Je sais que la seule raison pour laquelle elle déprime c'est parce qu'elle espère secrètement avoir une amourette avec ce roi de Beaulieu !
- Ce n'est même pas vrai, intervint Suzanne en haussant le ton.
- Mais Oui, voyons..., fit-il ironiquement.
- Laisse là tranquille avec tes accusations, lui dit Isabelle.
- Si tu es là pour des chamailleries, je te prie de sortir de ma chambre, dit Suzanne.
- Elle va devoir se faire à l'idée que son époux sera sire Gerrard et personne d'autre, dit le brun en sortant de la pièce.
Isabelle referma la porte et se tourna vers son amie.
- N'écoute pas Victor. C'estvraiment le fils de son père celui-là, dit Isabelle.
- Il a raison, fit la brune.
- Nestor m'a donné une nouvelle pour toi...
- Ah?
Suzanne se redressa complètement.
- He's alive, lui dit sa cousine en souriant.
- Lord Brandon?
Isabelle hocha la tête. Un sourire apparut l'instant d'une seconde sur le visage de Suzanne mais ne tarda pas à s'effacer.
- Tant mieux pour lui, dit-elle tout de go.
L'autre haussa un sourcil.
À l'heure du dîner, Lucas était déjà venu chercher sa fille depuis un bon bout de temps et Julian avait fortement insisté pour que sa fille soit présenteà table. Ce fut une Suzanne stressée qui s'installa près de son père et en face de sa mère et de son frère. Elle avait une petite idée de ce que son père allait lui faire comme remontrance mais curieusement, tout se passa silencieusement. Oui, le repas était étrangement silencieux et lourd pour la plus jeune femme assise. Lorsque Lucas déposa sa cuillère après avoir prit un peu de bouchées de son gâteau à l'orange, son regard se porta sur sa fille. Cette dernière poussa un soupir intérieur.
- Comment te sens tu ? Demanda le brun.
- Beaucoup mieux, répondit Suzanne en fuyant son regard.
Le duc eut un regard furtif vers son fils.
- Je note que tu n'as pas eut de remontée une seule fois durant tout le repas.
Victor se redressa sur sa chaise.
- Je me sens mieux maintenant, répondit la fille tout en fixant son gâteau.
Elle qui adorait les gâteaux à l'orange tout comme son père ne pouvait hélas pas en goûter puisque son estomac était noué à présent.
- J'espère bien. Ta...conduite de tout à l'heure a été très mal vue, voire irrespectueuse.
- Je suis vraiment désolée père.
- Est-ce que quelqu'un pourrait avoir l'amabilité de m'expliquer ce qui se passe dans cette maison ?
- Il n'y a rien père, répondit Suzanne en relevantla tête.
- Vraiment ? Il y a quelques mois encore tu te réjouissais de devenir une future princesse et là tu as ce genre de comportement devant une famille royale ?
Son ton avait légèrement augmenté.
- As tu seulement une idée de ce qui se dira de toi ?Reprit le père.
Suzanne ne répondit pas.
- Ça vaut pour toi également jeune homme, dit-il en pointant du doigt son fils qui faisait mine de se concentrer sur son assiette. Je ne tolère pas de mensonges sous mon toit pour que tu puisses encourager ta soeur dans ses caprices !
- Julian, fit Elisabeth
- Je ne l'encourage pas du tout, répondit Victor.
Suzanne lui lança un regard plein de culpabilité.
- Pourquoi avoir menti dans ce cas ? Et puisque ta soeur semble avoir perdu sa langue tu pourrais nous dire pourquoi elle devient aussi aigrie ?
- Je...
Le regard que son père lui lança fit taire la jeune femme.
- Julian arrête de lui faire peur voyons, chuchota Elisabeth à son époux.
- Elle sait qui elle va épouser, répondit simplement Victor.
- S'il veut toujours d'elle après ce qui s'est passé aujourd'hui, fit Julian plus calmement comme suggéré par sa femme.
- Elle a peut-être juste du mal à accepter qu'elle vivra désormais ailleurs, intervint la mère.
- C'est depuis son retour qu'elle se comporte bizarrement, dit le duc. À croire qu'il s'est passé quelque chose là-b... Suzanne ? Dis moi que je me trompe ?
- Sommes-nous obligés d'avoir cette conversation ? C'est gênant, dit suzy.
- Gênant ? J'espère pour toi que tu n'es pas enceinte
- Julian ! Arrête!
- Je ne suis pas enceinte, répondit la concernée, les larmes aux yeux. Je...
- Monte dans ta chambre Suzanne, ordonna Elisabeth en voyant l'ampleur que prenait cette "discussion" si l'on pouvait appeler cela ainsi.
- Je n'ai rien fait qui puisse compromettre mon union au prince Gerrard, dit-elle en guise de défense auprès du chef de famille.
- Vraiment ? Pas même si j'évoquais le roi de Beaulieu qui vous a si gentiment accueilli dans sa demeure ?
- C'était de la pure gentillesse, dit-elle. Il n'était pas mal intentionné. Ni moi d'ailleurs, vous pouvez le demander à Isabelle si vous ne me croyez pas.
C'était vrai après tout. En dehors du baiser qu'ils avaient échangé, il n'y avait rien eut. D'ailleurs elle était pratiquement la seule fille qu'elle connaissait à n'avoir jamais embrassé de garçon.
- Elle te défendra forcément.
- Suzanne est parfaitement consciente de qui elle doit épouser. Elle n'a rien à voir avec ce roi de pacotille ! Fit Victor dans le but de couvrir encore une fois sa soeur.
- Ce n'est pas un roi de pacotille, protesta Suzanne.
C'était sorti tout seul. Et elle regrettait amèrement ses paroles. Maintenant tout le monde allait se faire sa petite idée, y compris les domestiques présents dans la pièce. 《Saperlipopette》,se dit la jeune femme en fermant les yeux tandis que Victor la devisageait, incrédule.
Julian ne dit mot et se tourna vers sa femme qui elle, restait pantoise.
- Bonne soirée, dit Suzanne en se levant. Veuillez m'excuser.
Elle sorti de la pièce en tirant sur les jupons de sa robe, tête baissée.
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La dynastie des Draguens {En Pause}
Fiction HistoriqueIsabelle et Suzanne ont toujours été considérés comme des jumelles bien que physiquement elles soient très différentes et de caractères légèrement aux antipodes.Elles ont toujours tout fait ensemble à l'instar de Victor qui passe le plus clair de so...