Chapitre I

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—Hayate, tu peux me donner ce jouet ? demanda Edmeralda.

—Tiens, lui dis-je en lui tendant l’objet, mais ne le casse pas.

—D'accord ! répondit-elle.

Elle était adorable. A huit ans, elle voulait déjà tout voir, tout savoir. Et surtout jouer. Je regardais par la fenêtre. Ah ! Cela faisait tellement
longtemps que je n'avais pas vu la neige. Mais aujourd'hui, elle était là, et elle recouvrait tout de son manteau glacé. Cela me rappelait quelque chose. Un lointain souvenir enfoui dans les méandres de ma mémoire.

—Dis, je peux sortir jouer ?

Elle me fit revenir à la réalité avec sa question. Je la dévisageai d'abord comme si elle venait de m'annoncer la mort du roi. Je fis quelques pas pour être en mesure de lui murmurer :

—Non, pas encore, tu vas prendre froid. Et puis tu n’es pas autorisée à sortir ainsi du palais. Je risque une lourde sanction...

Derrière la vitre, à quelques mètres de nous, se dressait un gigantesque mur, protection primaire du Palais dans lequel le Roi et sa famille logeaient. Et dont ceux-ci n'avait pas le droit de sortir.

—S'il te plaît ! me dit-elle en me regardant avec ses grands yeux
violets.

Réticent, je finis tout de même par accepter. Je la couvris avec son écharpe et son bonnet. Ah ! Si elle pouvait toujours rester comme ça ! Ses yeux... je savais qu’ils ne pouvaient pas appartenir à quelqu’un qui fait du mal.

Je connaissais l'existence d'un passage dans le mur. J'avais appris le mot de passe, ainsi je pouvais aisément entrer et sortir à ma guise. Même si je n'osais pas. Je fis discrètement passer la Princesse avant de la suivre. Nous restâmes proches du mur, dans l'immense boulevard qui longeait justement l'enceinte du Palais.

Elle jouait toute joyeuse, au milieu de la neige.

—Allez, viens avec moi ! me cria-t-elle.

Je lui avais révélé ce petit secret, un peu par mégarde, il fallait l'avouer. Ensuite, elle m'avait fait promettre de la faire sortir un jour.

—D'accord. J’arrive, soupirai-je.

Après quelques heures, je me retrouvai devant le roi. J’étais incliné, la main droite sur le cœur, entouré d’une dizaine de gardes qui me gardaient en joue. Ils portaient l'insigne du Bureau...

—Pourquoi l'a tu laissée sortir ? me demanda le roi de sa voix
glaciale.

Je devais trouver une bonne raison. Mais ça n’était clairement pas une chose facile et la présence du roi m’intimidait quelque peu. Le roi n'était pas connu pour son indulgence. Et je savais pertinemment qu'il serait capable de m'enfermer jusqu'à la fin de ma vie. Voir de me couper la tête pour le cas le plus extrême.

—Mon roi, elle voulait tant jouer dans la neige. Et puis... commençais-je.

—Et donc, tu as laissé ma petite fille en danger pour qu'elle joue ?! me coupa-t-il. Dois-je te rappeler à quel point elle est importante pour notre monde ? Il ne doit jamais la voir ! Maintenant, sort !

Je sortis à reculons, toujours incliné. Le roi, me laisser partir sans punition ? J'ai trouvé cela très étrange...
Je savais bien que je n'allais pas m'en sortir aussi facilement.

Je n'avais pas tort. Je fus convoqué le lendemain matin. Je me suis donc résignai à me rendre à la salle du Trône. Sur mon chemin, je pris le temps d'apprécier les riches décorations du couloir menant à son Altesse. J'avais une légère appréhension quant à ce qu'il souhaitait me dire. Ce n'était jamais un bon présage...

Incliné devant le roi, j'attendais qu'il me fasse une condamnation, arbitraire, comme il savait si bien les faire.

—Hayate. Pour avoir fait courir un risque à la princesse
Edmeralda, je vous condamne à l'écléade, fit-il sévèrement.

L'écléade ? Je n'en avais jamais entendu parler. Je dus froncer les sourcils pendant une seconde, réfléchissant, puisque je vis le visage du roi s'assombrir. Je me repris et fixai le sol.

—Melman sera ton maître durant cette période, annonça-t-il en
regardant une personne derrière moi, Maintenant, sort.

Je suis donc sorti, à reculons, et dans le couloir, je me demandais toujours ce qu'étais cette histoire d'écléade. Il allait falloir chercher des renseignements à ce sujet... et... un maître ? Du nom de Melman...

Le cours de mes pensées fut interrompu par le son des cloches qui annonçaient midi.

Je jetai un coup d'oeil à l'imposant clocher d'où provennait ce léger cliquetis métallique. Le vent fit se déplacer quelques nuages qui l'illuminèrent justement, lui donnait un air divin. Ils ne tardèrent pas par être remplacés par d'autres. En plein Janvier, l'air était froid et le soleil rare. Je voyais mon souffle se muer en vapeur glacée dans l'air. Je m'attardai sur ce clocher, contrairement à mes habitudes.

Je me forçai à détacher les yeux de l'horloge et de me diriger vers les salles de restauration. Je m'engageai dans les longs couloirs qui y menaient directement. Quelques âmes pressées se déjeuner pour retourner à leurs occupations me dépassèrent.

Je crus entendre mon nom. Je m'arrêtai, reconnaissant une voix bien trop familière à mon goût.

—Où est-ce que tu étais ? Je t'ai cherché partout ! cria-t-elle.

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Bon... j'imagine qu'on peut dire que je me jette à l'eau ! Cette histoire est déjà écrite, mais toujours modifiable ! Ainsi, commentaires, remarques et conseils sont toujours bienvenus. J'espère que vous aurez apprécié ce premier chapitre !

La Reine EdmeraldaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant