CHAPITRE 20

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— Schrrrhhrrsh shcrrshrrr crhshhhh...

Tristaan gémit, dérangé dans son sommeil. Il se retourna dans son lit, prêt à se rendormir.

Shrrrcrhshh... Quelqu'un m'entend ? Schrrrhhr... Gamin ? Crhshhh...

Le jeune homme ne s'alerta pas, pensant que son rêve prenait simplement une drôle de tournure.

— Tristaan ! Shcrrshrrr... Réveille-toi !

— Hein ? Quoi ? Oui ?

L'intéressé bafouilla et attrapa le talkie-walkie posé sur sa table de chevet, les yeux ensommeillés.

— Érïn, c'est toi ?

— Nan c'est le pape. Schrrrh... Tu donnes des antiquités... schrrrhh... à tout le monde toi ?

— Euh... shrrrcrh... hein ?

— Laisse-tomber, shrrrcrh... rejoins-moi sur le toit de ton immeuble.

— Maintenant ? demanda Tristaan en remarquant qu'il faisait encore nuit dehors.

— Oui... shrrrcrh... tout de suite !

La jeune fille coupa la communication et il se leva, encore endormi. Il frotta ses yeux et passa sa main dans ses boucles auburn. Pour quelle raison Érïn aurait-elle pu l'appeler en pleine nuit ? Qu'est-ce que cela voulait dire ?

Il enfila un pantalon et une veste avec des gestes de vieillard, failli oublier ses chaussures et quitta l'appartement dans un silence relatif. Ses parents étaient enfin rentrés à la maison, si fatigués qu'ils ne risquaient pas de se réveiller de sitôt. Il ne s'inquiéta pas de Romuaald pour autant : celui-ci se rechargeait dans son placard et couvrait ses fuites de plus en plus fréquentes. Il traversa le couloir qui desservait les autres appartements et grimpa l'escalier d'évacuation. Il faisait noir et le seul moyen pour lui d'y voir quelque chose était le néon « sortie de secours » accroché près du plafond, qui diffusait une lueur verte digne des films post-apocalyptiques. Il s'épuisa dans les marches mais était soulagé d'habiter près du dernier étage, lui qui n'aimait le sport que dans les jeux vidéo.

Quand il poussa la lourde porte en acier trempé, l'air froid s'engouffra dans ses vêtements et le fit frissonner. Nerveux, il tripota ses cheveux et s'avança sur le toit de béton. Il y voyait mieux, à présent. Les véhicules volants éclairaient la nuit de leurs phares et les nombreuses enseignes et publicités holographiques auraient pu nourrir tous les foyers de la ville en énergie. Le toit, vaste et humide, semblait vide au premier abord. Mais c'est en observant mieux les alentours qu'il la vit. Debout, le dos appuyé contre un bloc de béton, elle semblait observer le monde avec un regard ardent.

— Tu vas rester planté là longtemps ? lui lança-t-elle.

— J'arrive !

Docile, il s'approcha d'elle. Elle se taisait et, voyant qu'elle lui accordait à peine un regard, il entama la conversation.

— Alors... je peux savoir pourquoi tu m'as réveillé à quatre heures du matin ?

— Toujours aussi impatient, hein ?

— Moi ? Qui était pressée que je la rejoigne dans cet endroit glauque ?

— Crois-moi, il y a plus glauque que ça dans cette ville.

— Vas-tu arrêter de tourner autour du pot, un jour ? Parce que ça devient un poil lassant.

— J'ai l'impression que te réveiller en pleine nuit ne te réussit pas trop, se moqua-t-elle.

Les Clans de la Pénombre | T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant