CHAPITRE 51

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Le souffle court, Tristaan se planqua derrière une barricade de fortune pour échapper aux sifflements incessants des balles. Celles-ci heurtaient les blocs informes dressés au milieu du trottoir avec un bruit de pluie métallique. Chaque projectile esquivé était une seconde de plus à frôler la mort. Partout, du mobilier urbain et des êtres-humains se faisaient aspirer dans des grenades à implosion sans qu'aucune trace de leur existence ne subsiste. Des éclairs de lumière l'assaillaient de toutes parts et il ignorait si c'était l'éclat des bombes-flashs ou son cerveau qui commençait à avoir des hallucinations à cause du manque d'oxygène. Son cœur tentait d'exploser dans sa poitrine et le sang battait à ses tempes. Soudain, il fut pris de vertige et se rattrapa de justesse avant que sa tête ne s'écrase sur le sol.

— Tristaan ! Tristaan !

Maintenant, il entendait des voix ! Tout se chamboulait dans sa tête, ses yeux envahis de sueur et de gouttes de pluie ne lui offraient qu'une vision floue du champ de bataille. Se reposer, fermer les yeux une seconde, se laisser glisser dans la torpeur rassurante qui prenait le pas sur son corps chaque seconde.

— Tristaan ! Reste avec moi !

Une main glaciale lui tapota la joue et le ramena à la réalité.

— Lïam ?

— C'est pas le moment de faire un malaise, relève-toi ! Ça va aller ?

— Ouais... je crois, répondit-il la bouche pâteuse. Des nouvelles d'Érïn ?

— Pas encore, j'ai envoyé une troupe la chercher dans toute la ville, ils essuient pas mal de combats. Je ne veux pas trop leur en demander.

Tristaan sortit son talkie-walkie de son sac et tenta de contacter la jeune fille.

— La connexion est active mais aucune réponse...

— On va continuer à chercher.

Lïam lui tapa amicalement sur l'épaule et sortit de la barricade pour continuer le combat. Soudain, Tristaan entendit un cri de douleur dans une ruelle adjacente. Il reconnu la voix de Nïne. Il reprit sa respiration, enclencha son bouclier énergétique en refermant le poing sur son gant et traversa la rue sous le feu des Nox 44. Arrivé de l'autre côté en un seul morceau, il se précipita vers la guerrière sans savoir quoi faire. Une plaie profonde entaillait sa chair au niveau de l'épaule et le sang commençait à se répandre sur ses fourrures. Sous ses ordres, il aida Nïne à serrer un morceau de tissu sur la blessure et la releva.

— Comment c'est arrivé ?

— Laisse, ça va.

Tristaan vit une ombre passer au coin de son œil et tourna la tête. Nïne le remarqua et lui ordonna d'y aller tandis qu'elle protégeait ses arrières. Il hésita, elle lui fit un signe de tête, il s'engouffra dans les ruelles étroites de la ville. Il courut à en perdre haleine, précipité par un atroce pressentiment. Tous ses muscles tendus dans l'effort criaient grâce. Soudain, il pila net dans une impasse. Il reprit son souffle, toujours sur ses gardes. Les nano-robots qui constituaient son gant se changèrent en épée d'énergie.

Un pincement au cœur le prévint trop tard, le canon d'une arme à feu se pressa contre son crâne prêt à exploser. Il n'entendit plus sa respiration saccadée résonner dans la ruelle, loin du champ de bataille de la place. Le souffle coupé, une alerte rouge clignotant dans son cerveau, il imagina mille manœuvres irréalisables pour se sortir de cette situation. Le canon se pressa plus fort contre son crâne, il serra les paupières... mais le coup ne vint pas. Il rouvrit les yeux et, avec des mouvements imperceptibles, entreprit de se retourner face à son agresseur.

— Bouge pas, ordonna-t-il.

Tristaan ne l'écouta pas. Il leva les mains en l'air en continuant la manœuvre.

Les Clans de la Pénombre | T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant