Le Refus De L'Alpha

Les alliés

Un peu honteuse, mais revigorée d'assurance après cet entretient avec l'Alpha, nous attendons l'arrivé de la meute alliee. Personne ne semble savoir ce qui est arrivé, Brend a dû couper le lien pour préserver notre intimité, et je lui en suis reconnaissante. Au côté du bêta, je renifle les airs, étrange, méfiante...

- C'est l'odeur perçue plus tôt, Alpha, préviens-je tout le monde.

- C'est bien eux.

Qu'il me réponde me réchauffe le cœur. Il fera des efforts pour que je me sente moins rejetée, et je lui en suis reconnaissante. Tout le monde est tendu, la meute du Sud est connue pour être barbare, et bien qu'on soit tous étonné qu'ils aient accepté l'alliance, je reste perplexe quant au dû réclamé par la suite.

Quel sera le prix à payer pour Brend ?

Un homme arrive, il est grand, son odeur me rappelle celle des bois, elle est plus puissante, virile, dominante, mais ce n'est pas un Alpha. Le bêta peut-être. Il est suivi par d'autres hommes, tous aussi imposants, aussi peu aimables... Je suis la seule femme et ils s'en rendent compte. Je recule pour ne pas faire de l'ombre auprès des combattants, je serais capable de me taire le temps qu'il faudra pour ne pas embarrasser Brend et je rejoins Sam qui reste crispé par l'appréhension.

- Bêta Key, soyez le bienvenu, commence Brend en fronçant les sourcils. Votre Alpha n'est pas présent ?

- Il arrive, l'Alpha surveille nos arrières, réplique ce type et durant une seconde, son regard croise le mien, cela propage une tension auprès de tous. Cependant, il ne pose pas de question.

- Bien, nous l'attendrons avant de passer à la défense...

- Non, dit le bêta, il faut que la femelle aille le chercher.

Ma bête remue, n'aimant pas le ton de ce type. Pour qui se prend-il ? Je bombe mon torse, sers les poings, mais l'Alpha gronde silencieusement pour me mettre en garde de dire quoi que ce soit. Et m'ordonne d'obéir.

- Tu as laissé ton odeur partout, ils ignorent que tu surveilles le périmètre, alors, va.

- Bien.

Ma réponse a du mal à traverser mes lèvres, et j'obéi, passant à travers ces gens, sentant leurs regards sur mes formes. Des barbares ! La femme ne sert qu'à procréer chez eux, c'est répugnant. Je m'enfonce dans les bois, sans oublier de donner un coup ou deux sur les arbres que je croise.

Je renifle, suis la trace de la meute vers le sud, celle du bêta, et rapidement, elle est surpassée par une senteur étrange, chaude, familière. Comment est-ce possible ? Je ne connais personne, j'en suis sure, je suis une louve sans meute, une louve de la ville... Je n'ai pas de famille. Sauf que le sentiment s'amplifie, mon cœur se met à battre plus fort et ma louve ronronne en moi.

« Tu as de la chance d'être ce que tu es, n'en doute jamais. Bien que tu souffres de ta nature, que la lune te dicte ta destinée et tes changements, tu es sûr de trouver sur terre un être capable de te faire sentir pleine... Une moitié faite pour toi... Un âme sœur qui sera l'être parfait, la partie qui te complète. Et tu le reconnaîtras, ma fille, il saura tout de toi et tu sauras tout de lui »

Le conte de maman me revient soudainement. C'est exactement ça... Mon corps reconnaît cette odeur, il réagit à un être fait pour moi, pour me compléter. Soulagera-t-il cette solitude qui me pèse depuis si longtemps... Je me mets à courir, l'odeur devient plus forte mais je ne trouve personne.

Etrangement, je ressens un manque. Comment se fait-il que je ne le trouve pas. Il est forcément quelque part ici. Essoufflée, je m'appuie sur un arbre. Ma peau est tellement sensible que son écore me donne l'impression d'être faite d'épine et je grimace de déception. Je ne le trouve pas... Comment est-ce possible ? C'était lui, j'en suis sure... C'était mon âme-sœur... Et pourtant, il est introuvable.

Ne m'a-t-il pas ressenti tout comme je l'ai sentie ? C'est impossible, le lien se fait dans les deux sans... Mes poils se hérissent, ma poitrine se gonfle alors que j'inspire fortement, et je ronronne de plaisir. Il est là. Il est si proche... Je vais enfin rencontrer ma moitié, et nous allons être...

Un grondement menaçant me coupe le souffle, et une gigantesque silhouette se dessine au loin. C'est bien lui, son odeur devient plus forte au fur et à mesure qu'il approche, laissant ses traits m'apparaître enfin, malheureusement, au lieu que ce soit mon excitation qui s'éveille, c'est plutôt la méfiance de ma bête.

Nous ne sommes pourtant pas en danger ? Que lui arrive-t-il ? Il s'agit de notre élu...

Il approche, me dévoile ses prunelles brûlantes couleur sang, et mon cœur rate un battement. Rouge ? Il est un Alpha ? Serait-ce la cause de ma méfiance ? Mes idées s'embrouillent alors qu'il m'apparaît plus clairement. Ses cheveux sont indisciplinés, aussi noir que la nuit. Sa mâchoire est virile, couverte d'une fine barbe que j'ai envie de caresser. Sa peau est couverte d'une couche de sueur, preuve de sa course acharnée à.... à me fuir ? Non...

Un autre grondement fait vibrer sa gorge, une mise en garde silencieuse pour que je ne fasse aucun mouvement, mais comment le pourrais-je ? Il est si proche, et pourtant tellement inaccessible. Mon cœur martèle douloureusement pour la colère de son regard, il n'est pas content de me voir. Il n'est pas heureux d'avoir trouvé sa moitié... Comment est-ce possible ?

- Cesse de me suivre, dit-il d'un ton glacial, je n'ai pas besoin de m'encombrer d'une...

- Âme-sœur... soufflé-je, blessé par la grimace de dégout qu'il m'offre avant de détourner les yeux.

- Crois-tu que cela signifie quoi que ce soit ? réplique-t-il en me regardant encore, les pupilles écarlates. Mon cœur se brise et ma louve geint à travers mes lèvres.

- Tu... Tu ne veux pas de moi ? bafouillé-je en sentant les larmes me monter aux yeux. Est-ce parce que je suis...

- Je me fiche de qui tu es, me coupe-t-il alors qu'un sourire amer soulève ses lèvres fines. Je ne veux pas de femelle dans mes pattes, reste loin de moi ! Ne t'avise pas de me faire honte en voulant me réclamer devant les autres...

Et il se détourne de moi, de ma peine, de ma colère naissante. Son large dos se moue alors qu'il change devant moi, me dévoilant une sombre bête qui s's'éloigne sans attendre. Il est parti... Il me laisse ici. Ma moitié ne veut pas de moi... Personne ne veut de moi.