Briser le lien ?

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J'ai suivi l'Alpha dans les bois, il est resté silencieux, et moi aussi, le chemin a été long, mais nous n'avons fait aucune pause. J'écoutais silencieusement sa peine, et il devait percevoir mes regrets, pourtant, il n'a rien dit... Le silence... et nous.

Arrivé dans un cimetière humain, je me suis mise de côté quand Drix a enterré sa compagne, il a suivi le protocole, et j'ai fait ma part... sans intervenir, j'ai prié la Lune de prendre soin de cet enfant... adopté.

Alors que je pensais avoir droit à une attention, un regard qui me demanderait le soutien qu'il souhaite, Drix est resté silencieux devant le tas de terre, comme moi, avec Samsha, il a dû mal à délaisser le corps sans vie, et j'imagine que lui aussi est soumis a se ridicule espoir que tout ceci ne soit qu'une rêve... Bientôt, nous nous réveillerons, et il recommencera à me rejeter, et moi, je recommencerais a jalouser Léna...

Le sang de Kaam sur mes mains me gêne, il faut que je me lave, que je retire son odeur de moi. Reniflant les airs, tendant l'oreille, j'entends le bruit d'un ruisseau pas loin, et je m'éloigne sans faire le moindre bruit, je laisse Aadrix dire Adieu à sa bien-aimé... Je m'écarte encore, je souffre à ma façon, je suis la femme de trop... Malgré le lien.

Dans l'eau, mon souffle se coupe tant le froid me submerge, cela calme ce vide intérieur, en moi, et ravive un peu les émotions... Des émotions que je n'aimerais pas ressentir. Je sers les dents. Je frotte le sang sur ma peau, mes vêtements, je suis tellement sale, et pourtant, je suis... libre ? Oui... Celui qui m'a rendu si seul est mort. J'ai vengé mes parents... et la satisfaction n'est pas aussi présente que je l'espérais.

Il a dit des choses troublantes, véridiques, blessantes. Je n'ai ma place nulle part, surtout pas ici. Bientôt, l'Alpha Drix me rendra coupable de la mort de Léna. Sa colère sera dirigée contre moi, parce que j'ai amené Kaam à lui... Tout le monde sait que la Lune était en imposture alors que je me trouvais là.

Un grondement me fait sursauter, je détourne la tête et aperçois Drix au bord du ruisseau, il me regarde, sans me voir, il est comme... éteint. Le sang recouvre son torse, ses bras, ses mains. C'est celui de Léna... L'Alpha ne bouge pas, il me fixe sans ciller, et ma louve me pousse à réconforter ma moitié, non parce qu'il est mon âme-sœur, mais parce qu'il est un mâle brisé, et nous... les femelles... Nous soulageons le mal...

Je sors de l'eau, rejoins l'Alpha qui ne bouge pas, son regard est resté ou je me trouvais, timidement, je lui prends la main, étonnée par sa docilité alors que je le tire dans l'eau. Déchirant un moreau de ma blouse mouillé, je l'humidifie encore plus et me met à la tâche. Je frotte, la gorge nouée, je le nettoie silencieusement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien sur son corps.

Quand je relève les yeux, je déglutis, il y en a sur son visage, mais si j'ose le nettoyer là, il finira par me regarder, et nos prunelles se croiseront... Je ne pourrais les soutenir... Sauf que je me leurre, Aadrix est loin dans le passé, et alors qu'il se reprend un peu, ses songes redeviennent cohérents, et j'écoute la voix de Léna dans ses souvenirs.

« Tu es un méchant chien ! »

« Je ne suis pas un chien ! Je suis un loup ! » réplique une voix de garçon, la sienne.

« C'est du pareil au même, vous avez des poils, un museau, des canines et... tu sais chercher la balle ? » Je suis étonnée par l'audace de Léna, elle semblait tellement...

- Elle avait confiance en moi, dit soudainement Drix, il sait que j'écoute, merde.

« J'ai entendu dire que ton père... il a tué beaucoup d'homme, Drix... Est-ce que c'est vrai ? » Poursuit la voix de Léna.

Le Refus De L'Alpha Où les histoires vivent. Découvrez maintenant