Chapitre 1

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Ça y est. J'y suis. Je regarde par le hublot et observe les maisons et buildings devenir de plus en plus proche, l'avion atterrissant enfin. Je ne réalise pas que moi, Sienna, petite française provinciale est arrivée à Philadelphie !

Je me convaincs que c'est ce dont j'avais besoin. Je devais m'éloigner de ma famille, changer mon quotidien et prendre des risques. C'est vrai quoi, il ne m'arrivait jamais rien à moi ! Ma vie était des plus platoniques, je suis née dans la bonne famille, j'ai eu une enfance heureuse, et cependant, ma vie ne me convenait pas. J'avais des envies d'ailleurs, de découvrir tout plein de choses, de combattre ma timidité, de prendre confiance en moi. Bref, me retrouver face à moi-même.

Je récupère mes bagages, le regard vide. Je ne réalise absolument pas ce que je m'apprête à vivre. Je me dirige à la sortie de l'aéroport, et tente de héler un taxi. J'échoue si lamentablement que c'en est ridicule. Aucun taxi ne me remarque, tandis que les gens autour de moi se pressent à l'intérieur. J'en ris intérieurement, et décide d'attendre que l'on vienne à moi.

Une femme aux courts cheveux blonds se tourne en ma direction, remarquant ma détresse :


— Je peux peut-être vous aider ? Vous me semblez perdue.
— J'essaie tant bien que mal d'avoir un taxi, mais je vous avouerai que je suis française, je ne sais pas comment m'y prendre !

Elle se propose de héler un taxi pour moi et quelques secondes plus tard me voilà confortablement assise, indiquant l'adresse au chauffeur. Il ne me parle pas et chante à tue-tête les chansons passant à la radio. Ce qui, au final, m'arrange bien, comme cela je peux me consacrer à la découverte de la ville. Le paysage défile et je suis impressionnée par ce qui m'entoure. Tout me semble immense et grandiose ! Les buildings se suivent et se ressemblent souvent. Je m'imprègne de chaque son, odeur me provenant de ma fenêtre ouverte.

La voiture s'arrête enfin, me présentant l'impressionnante Université de Pennsylvanie avec son architecture gothique et ses éternelles briques rouges. C'est littéralement à couper le souffle !

Après m'être présentée au secrétariat pour signer quelques papiers, je me dirige vers le campus pour trouver ma chambre dont je tiens la clé entre mes doigts fébriles, une boule au ventre. C'est ici que je vais vivre pendant au moins un an, et j'espère m'y sentir chez moi le plus tôt possible. J'ai choisi de prendre une chambre seule, pour ne pas avoir trop de distractions. En ouvrant la porte, je suis agréablement surprise ! Je m'attendais à une pièce presque glauque, mais le blanc des murs est finalement rassurant, symbolisant mon renouveau. La chambre est plus grande que ce que je m'imaginais. Nous y trouvons un lit sur la gauche, juste en dessous d'une fenêtre donnant sur un parking, pas la meilleure vue qui puisse exister, je l'accorde ! Il y a également un bureau sur la droite où je pourrais étudier et un placard. J'ai beaucoup de chance puisque j'ai ma propre salle de bain. Minuscule, certes, mais au moins je n'ai pas à me rendre dans les douches collectives.

Lorsque j'ai enfin terminé de ranger mes affaires et de décorer la pièce avec mes effets personnels, la nuit est déjà tombée sur Philadelphie. Je me couche alors le cœur lourd d'appréhension, mes cours commençant le lendemain.

À mon réveil, la boule nichée au creux de mon ventre n'a pas disparu, je suis pétrifiée ! Je me dirige dans ma petite salle de bain et décide de prendre une bonne douche. Je me prépare, me coiffe, me maquille et réunie toutes mes affaires.
C'est parti !

L'Université est très grande, je peine à trouver la salle de mon premier cours. Errant dans les couloirs, je remarque une fille aussi perdue que moi. Elle est grande, son carré châtain se secoue dans tous les sens tandis qu'elle gigote la tête. Elle pose ses yeux verts sur moi et vient dans ma direction.

— Salut ! Lance-t-elle. Est-ce que, par hasard, tu irais au cours de diversité culturelle ?
— Oui ! Mais je ne sais absolument pas où c'est, je suis en première année.
— Oh et bien comme ça on est deux. Quitte à chercher son chemin comme des débutantes, je te propose de te joindre à moi !

Son rire est communicatif, j'accepte avec plaisir. Nous continuons notre recherche lorsqu'une porte s'ouvre à notre gauche. Le quinquagénaire, la main sur la poignée nous jette un coup d'œil.

— Diversité culturelle ? C'est ici, on se dépêche, dit-il en réponse à notre hochement de tête.

Et nous prenons place dans la salle, l'une à côté de l'autre.

— Au fait me dit-elle, je me trompe où tu as un accent ?
— Non c'est exact, je suis française dis-je en souriant. Je lui tends la main, je m'appelle Sienna et toi ?
— Moi c'est June ! Dit-elle en rendant mon geste.

J'ai passé la semaine avec cette fille pétillante, elle est vraiment géniale. Elle vient de la Caroline du Nord et a grandi dans une famille nombreuse. Nous nous ressemblons beaucoup, avons différents points communs, malgré qu'elle détient quelque chose que je n'ai pas : l'assurance. June discute avec tout le monde, elle est très sociable et à la discussion facile. Malgré tout, elle est avenante et met les gens très à l'aise. Il est plus difficile pour moi d'aller aussi aisément vers les gens, j'ai toujours peur de ne pas arriver à bien m'exprimer dans cette langue.

Aujourd'hui c'est vendredi. Avec June nous avons prévu de visiter la ville ce week-end, et j'ai hâte ! Nous nous dirigeons toutes les deux vers la cafétéria pour déjeuner quand nous tombons sur une fille que nous avions rencontrée dans un de nos cours, Abby. Nous la saluons et elle nous propose de nous joindre à elle. Enfin, à eux, puisqu'elle est accompagnée d'un garçon et d'une autre fille, Dan et Fiona. Je m'installe à côté de Dan qui me sourit chaleureusement.

— Alors c'est toi la française, me dit-il. Est-ce que Philadelphie est comme tu te l'imaginais ?
— À vrai dire, je ne m'attendais à rien du tout concernant la ville. Je l'ai un peu choisi au hasard, lui dis-je en souriant.
—Sérieux ? Pourquoi tu ne t'es pas tournée vers New York ?
— Je n'ai même pas postulé pour NYU ni Colombia. New York m'attire beaucoup, mais c'est peut-être trop grand pour moi.
— C'est vrai, intervient Fiona, Philly est vraiment un bon intermédiaire ! Mais dis-moi, est-ce que tu viens de Paris ? C'est la ville que j'aimerais le plus visiter au monde !
—Non je ne suis pas parisienne ! Je viens de Bordeaux, c'est une ville très jolie, et si tu veux mon avis, au niveau architectural elle n'a rien à envier à la capitale !

J'apprécie vraiment de passer du temps avec eux, ils ont la discussion facile et je me sens à l'aise. Je vais peut-être pouvoir me faire un groupe d'amis !

— Eh, commence Abby, ça vous dirait de sortir ce soir ? Histoire de fêter le début des cours !

Tout le monde est d'accord pour dire que c'est une superbe idée, bien que je ne me prononce pas vraiment. Je suivrai le mouvement !

— Pourquoi on n'irait pas à la fête de ma fraternité ? S'exclame Dan. Il y en a pratiquement tous les week-ends, ça serait sympa non ?

Les filles se réjouissent de la proposition de Dan et me jurent que je ne peux pas louper ça. C'est vrai que les fêtes de fraternité c'est un mythe de la vie étudiante aux Etats-Unis, et je suis impatiente de voir ça en vrai !

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